
Ces derniers temps, les sommets entre l'UE et la Chine n'ont jamais été cordiaux. Cette fois-ci, la situation ne s'est point améliorée; au contraire, lorsque la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, António Costa, choisi certainement pour son physique, faisant allusion à un représentant du Sud Global, ont rencontré jeudi 24 juillet 2025 le chef de l'Etat chinois, Xi Jinping, à Pékin, l'atmosphère a été plus glaciale que d'habitude.
En réalité, c'était au tour de Xi Jinping de se rendre à Bruxelles cette année, mais il n'avait pas vraiment envie de se rendre en Europe. C'est pour cette raison que les dirigeants de l'UE étaient obligés de prendre leur bâton de pèlerin. Initialement, on avait prévu deux jours, mais les dirigeants chinois n'ont pas voulu passer autant de temps avec des personnes conflictuelles qui ont tendance à vouloir contrôler les autres par le biais du conflit, où toute petite contradiction est perçue comme une menace existentielle, tout en optant pour «tout ou rien». L’affrontement, la colère ne sont pas alors une agressivité gratuite, mais plutôt une manifestation de peur de contrôle sur l’autre dans le but de réaliser des gains substantiels.
Quant à l’approche chinoise, ce sont vraiment deux mondes qui s’affrontent. La Chine met l’accent surtout sur l’harmonie, et si jamais il y a des différends, on préfère s’arranger, comme au Maroc d’ailleurs, on privilégie la recherche d’un consensus. L’harmonie et le respect mutuel sont fortement ancrés dans la culture chinoise, et ce sont justement ces valeurs qui valorisent et garantissent la paix sociale et l’équilibre des relations interpersonnelles.
Certes, il y a de quoi se réjouir : il y a 50 ans, l'UE (ancienne CEE) et la République Populaire de Chine ont établi les premières relations diplomatiques, un demi-siècle d'amitié officielle sino-européenne alors. Vu les différents défis et tensions majeures, de part et d’autre des lignes de conflits, personne n'est d'humeur à célébrer quoi que ce soit cette année. La relation est devenue trop difficile, les attentes trop élevées: au début, deux vastes espaces économiques parfaitement complémentaires, sans problèmes politiques fondamentaux, aujourd’hui beaucoup de sujets qui fâchent : les voitures électriques, les tarifs douaniers, «L’invasion russe en Ukraine» pour Bruxelles, «La crise ukrainienne» pour Pékin, «inondation de produits chinois à prix cassés», selon Bruxelles; Pékin à l’adresse de Bruxelles «soyez plus vite compétitifs et meilleurs que nous autres» etc.
La relation UE-Chine aurait pu être bien plus simple que l’âpre rivalité sino-américaine qui est caractérisée aujourd’hui par une compétition féroce aussi bien sur le plan commercial, technologique que militaire, parsemée par des mesures protectionnistes néfastes pour le reste du monde et marquée par une course effrénée au leadership avec des impacts mondiaux considérables.
Les dirigeants chinois ont tenté à plusieurs reprises de rallier l’UE à leur cause ; toutefois, cela est impossible, du point de vue de Bruxelles, il ne peut y avoir d’équidistance entre la Chine et les Etats-Unis, et que les Européens et les Américains, malgré tous les conflits, sont de très proches alliés historiques: la reconstruction de l’Europe grâce au Plan Marshall, la création de l’OTAN en 1949, le partage de valeurs communes: promouvoir la défense des droits humains, la démocratie, même si parfois elle est à géométrie variable, le conflit palestino-israélien à titre d’exemple, le libre-échange, toutefois malmené par l’administration de Trump ; malgré ces tensions, les flux commerciaux et d’investissement restent considérables entre les deux espaces économiques, et même la majorité des « Nouveaux Américains » sont les anciens immigrés du Vieux Continent qui ont fui famine, misère, guerres et persécutions religieuses.
Aux tensions géopolitiques s'ajoutent des différends géoéconomiques fondamentaux. Ursula von der Leyen ne cherche plus à édulcorer le conflit. En marge de la réunion du G7 au Canada, elle a mis en garde contre un «choc chinois». Et si elle parle de «choc» c’est bien un changement de paradigme dans les relations sino-européennes, car qui parle de choc», pense effectivement à un affrontement, une confrontation brutale, politique, économique et culturelle, et dans les relations internationales, «choc» signifie bien une opposition frontale et une rivalité franche et assumée.
C’est pour cette raison que le programme a été considérablement raccourci, de sorte qu’un dîner de deux heures, une rencontre entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Antonio Costa, avec Xi Jinping, puis une brève réunion avec le Premier ministre Li Qiang, ont pu être planifiés, un minimum de consensus. La deuxième journée de la visite a été annulée par Pékin. Aucun accord sur un programme commun n'a pu être trouvé.
La planification difficile du sommet est symptomatique de la situation actuelle: les relations entre la Chine et l’UE sont très tendues depuis 2021. Bruxelles avait alors imposé des sanctions à des responsables de Pékin pour violations des droits de l’homme dans la province du Xinjiang. La carte de la défense des droits humains est toujours utilisée comme carte de pression pour atteindre des concessions, des gains économiques et des objectifs politiques dans le but de légitimer des sanctions, des interventions, d’influencer l’opinion publique et d’exercer une pression internationale. On n’a pas oublié le régime raciste de l’Apartheid en Afrique du Sud qui a été soutenu tout au long de son existence par les pays occidentaux, sans jamais avoir défendu une seule fois les droits humains en Afrique du Sud. Même aujourd’hui il y a pas mal d’Etats africains où les droits humains sont bafoués d’une manière régulière sans jamais entendre une seule voix de ces donneurs de leçon.
La Chine a toujours su se défendre, tout en contrecarrant les sanctions de l’UE par des contresanctions ; depuis la guerre de l’opium en 1839, la Chine s’est juré de ne plus se laisser faire ; une plaie vive, non cicatrisée et qui influence aujourd’hui encore l’approche chinoise envers les anciens colons européens, tout en parlant de «siècle de l’humiliation», car la signature de Nankin en 1842 s’est soldée par l’ouverture par la force de 5 ports chinois au commerce européen (Hongkong et Macao sont à nos jours sous régimes étrangers, ou du moins hybrides, avec leurs propres monnaies et législations), et cela à des tarifs douaniers, dictés par le vainqueur britannique, par des indemnités financières, et le plus grave par la légalisation du commerce de l’opium qui a déclenché un déclin insupportable de la santé des populations chinoises, tout en déstabilisant le tissu social, la productivité et en rendant l’addiction de toute la population chinoise comme un fait naturel.
Du fait, que la Chine n’était plus en mesure de payer même les salaires de son propre gouvernement, la corruption au sein du gouvernement était devenue endémique, ce qui a entraîné forcément l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et a miné l’autorité impériale tout en favorisant la crise de légitimité du pouvoir et l’instabilité politique. La corruption, sapant ainsi la confiance dans les institutions de l’Etat, a considérablement contribué au déclin de la dynastie des Qing.
Et Xi Jinping a déclaré depuis son premier mandat la guerre à la corruption. En 2025 il a réitéré sa volonté d’éliminer la corruption lorsqu’il a déclaré «une bataille totale, prolongée et décisive contre la corruption», aussi bien au sein des institutions étatiques que du parti, tout en ciblant de hauts commis de l’Etat, des ministres, des chefs d’entreprise, des dirigeants de provinces, de communes et des militaires. La campagne anticorruption de Xi Jinping visait aussi bien à lutter contre «les mouches » que les «tigres», c’est comme ça qu’il s’est exprimé en 2012.
Jusqu’en 2024, plus de 2,4 millions de personnes ont été sanctionnées, personnalités de tous niveaux, du petit fonctionnaire au grand dirigeant. Car comme toutes les études le démontrent, les pays les moins corrompus favorisent la prospérité, la justice et la confiance dans les institutions de l’Etat tout en garantissant une meilleure qualité de vie et une confiance marquée dans leurs gouvernements tout en s’appuyant sur une justice indépendante, non corrompue et une participation active de la société civile, non muselée par des textes de lois arbitraires.
Aussi bien l’UE que la Chine savent qu’elles ont besoin l’une de l’autre comme partenaires commerciaux, mais il ne s’agit là que d’un consensus minimal. Pour la Chine, l’UE n’est considérée ni comme un partenaire naturel ni comme un partenaire prioritaire. Et c’est dans ce sillage que Pékin cherche désormais à forger des alliances avec des partenaires du Sud global pour faire contrepoids à l’UE, et surtout à Washington.
Et c’est justement le défi que doit relever le Maroc: Ne pas se laisser entraȋner dans un seul camp, mais plutôt continuer à favoriser une politique d’équilibre stratégique et pragmatique, pleine de bon sens et de lucidité, tout en diversifiant ses partenariats et en clamant son indépendance de décision haut et fort. Le partenariat avec les Etats-Unis est exemplaire, surtout après la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les provinces du Sud. Espérons que la Chine empruntera prochainement le même chemin et qu’il y aura des investissements substantiels dans les provinces du Sud, car le Maroc a toujours respecté la souveraineté territoriale de la Chine.
Quant aux relations avec l’UE, elles sont profondes, favorisant toutes sortes d’échanges, vu les liens historiques, la proximité géographique et le grand nombre de la diaspora marocaine qui vit en Europe. L’UE reste le principal partenaire économique du Maroc, avec 60 milliards d’euros d’échanges commerciaux l’année dernière.
Après la visite de SM le Roi Mohammed VI en Chine en 2016, le Maroc a opté pour l’ouverture sur la Chine dans le cadre des «Nouvelles Routes de la Soie» qui a ainsi permis de donner un nouveau souffle aux investissements chinois au Maroc, notamment dans les domaines de l’automobile, des énergies renouvelables, des infrastructures, etc.
Le Maroc reste pourtant très prudent afin de ne pas compromettre ses relations privilégiées avec les acteurs occidentaux. Toutefois, si jamais sa souveraineté nationale est menacée, Rabat a montré assez de courage et de fermeté pour mettre fin à toute relation diplomatique avec des pays majeurs de l’UE, comme c’était le cas de la France ou de l’Allemagne. Les provinces du Sud, comme le Taïwan d’ailleurs pour la Chine, représentent la ligne rouge absolue qui est, quoi qu’il arrive, ancrée dans la conscience collective et l’identité marocaine à jamais.
Par Mourad Alami
Universitaire
En réalité, c'était au tour de Xi Jinping de se rendre à Bruxelles cette année, mais il n'avait pas vraiment envie de se rendre en Europe. C'est pour cette raison que les dirigeants de l'UE étaient obligés de prendre leur bâton de pèlerin. Initialement, on avait prévu deux jours, mais les dirigeants chinois n'ont pas voulu passer autant de temps avec des personnes conflictuelles qui ont tendance à vouloir contrôler les autres par le biais du conflit, où toute petite contradiction est perçue comme une menace existentielle, tout en optant pour «tout ou rien». L’affrontement, la colère ne sont pas alors une agressivité gratuite, mais plutôt une manifestation de peur de contrôle sur l’autre dans le but de réaliser des gains substantiels.
Quant à l’approche chinoise, ce sont vraiment deux mondes qui s’affrontent. La Chine met l’accent surtout sur l’harmonie, et si jamais il y a des différends, on préfère s’arranger, comme au Maroc d’ailleurs, on privilégie la recherche d’un consensus. L’harmonie et le respect mutuel sont fortement ancrés dans la culture chinoise, et ce sont justement ces valeurs qui valorisent et garantissent la paix sociale et l’équilibre des relations interpersonnelles.
Certes, il y a de quoi se réjouir : il y a 50 ans, l'UE (ancienne CEE) et la République Populaire de Chine ont établi les premières relations diplomatiques, un demi-siècle d'amitié officielle sino-européenne alors. Vu les différents défis et tensions majeures, de part et d’autre des lignes de conflits, personne n'est d'humeur à célébrer quoi que ce soit cette année. La relation est devenue trop difficile, les attentes trop élevées: au début, deux vastes espaces économiques parfaitement complémentaires, sans problèmes politiques fondamentaux, aujourd’hui beaucoup de sujets qui fâchent : les voitures électriques, les tarifs douaniers, «L’invasion russe en Ukraine» pour Bruxelles, «La crise ukrainienne» pour Pékin, «inondation de produits chinois à prix cassés», selon Bruxelles; Pékin à l’adresse de Bruxelles «soyez plus vite compétitifs et meilleurs que nous autres» etc.
La relation UE-Chine aurait pu être bien plus simple que l’âpre rivalité sino-américaine qui est caractérisée aujourd’hui par une compétition féroce aussi bien sur le plan commercial, technologique que militaire, parsemée par des mesures protectionnistes néfastes pour le reste du monde et marquée par une course effrénée au leadership avec des impacts mondiaux considérables.
Les dirigeants chinois ont tenté à plusieurs reprises de rallier l’UE à leur cause ; toutefois, cela est impossible, du point de vue de Bruxelles, il ne peut y avoir d’équidistance entre la Chine et les Etats-Unis, et que les Européens et les Américains, malgré tous les conflits, sont de très proches alliés historiques: la reconstruction de l’Europe grâce au Plan Marshall, la création de l’OTAN en 1949, le partage de valeurs communes: promouvoir la défense des droits humains, la démocratie, même si parfois elle est à géométrie variable, le conflit palestino-israélien à titre d’exemple, le libre-échange, toutefois malmené par l’administration de Trump ; malgré ces tensions, les flux commerciaux et d’investissement restent considérables entre les deux espaces économiques, et même la majorité des « Nouveaux Américains » sont les anciens immigrés du Vieux Continent qui ont fui famine, misère, guerres et persécutions religieuses.
Aux tensions géopolitiques s'ajoutent des différends géoéconomiques fondamentaux. Ursula von der Leyen ne cherche plus à édulcorer le conflit. En marge de la réunion du G7 au Canada, elle a mis en garde contre un «choc chinois». Et si elle parle de «choc» c’est bien un changement de paradigme dans les relations sino-européennes, car qui parle de choc», pense effectivement à un affrontement, une confrontation brutale, politique, économique et culturelle, et dans les relations internationales, «choc» signifie bien une opposition frontale et une rivalité franche et assumée.
C’est pour cette raison que le programme a été considérablement raccourci, de sorte qu’un dîner de deux heures, une rencontre entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Antonio Costa, avec Xi Jinping, puis une brève réunion avec le Premier ministre Li Qiang, ont pu être planifiés, un minimum de consensus. La deuxième journée de la visite a été annulée par Pékin. Aucun accord sur un programme commun n'a pu être trouvé.
La planification difficile du sommet est symptomatique de la situation actuelle: les relations entre la Chine et l’UE sont très tendues depuis 2021. Bruxelles avait alors imposé des sanctions à des responsables de Pékin pour violations des droits de l’homme dans la province du Xinjiang. La carte de la défense des droits humains est toujours utilisée comme carte de pression pour atteindre des concessions, des gains économiques et des objectifs politiques dans le but de légitimer des sanctions, des interventions, d’influencer l’opinion publique et d’exercer une pression internationale. On n’a pas oublié le régime raciste de l’Apartheid en Afrique du Sud qui a été soutenu tout au long de son existence par les pays occidentaux, sans jamais avoir défendu une seule fois les droits humains en Afrique du Sud. Même aujourd’hui il y a pas mal d’Etats africains où les droits humains sont bafoués d’une manière régulière sans jamais entendre une seule voix de ces donneurs de leçon.
La Chine a toujours su se défendre, tout en contrecarrant les sanctions de l’UE par des contresanctions ; depuis la guerre de l’opium en 1839, la Chine s’est juré de ne plus se laisser faire ; une plaie vive, non cicatrisée et qui influence aujourd’hui encore l’approche chinoise envers les anciens colons européens, tout en parlant de «siècle de l’humiliation», car la signature de Nankin en 1842 s’est soldée par l’ouverture par la force de 5 ports chinois au commerce européen (Hongkong et Macao sont à nos jours sous régimes étrangers, ou du moins hybrides, avec leurs propres monnaies et législations), et cela à des tarifs douaniers, dictés par le vainqueur britannique, par des indemnités financières, et le plus grave par la légalisation du commerce de l’opium qui a déclenché un déclin insupportable de la santé des populations chinoises, tout en déstabilisant le tissu social, la productivité et en rendant l’addiction de toute la population chinoise comme un fait naturel.
Du fait, que la Chine n’était plus en mesure de payer même les salaires de son propre gouvernement, la corruption au sein du gouvernement était devenue endémique, ce qui a entraîné forcément l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat et a miné l’autorité impériale tout en favorisant la crise de légitimité du pouvoir et l’instabilité politique. La corruption, sapant ainsi la confiance dans les institutions de l’Etat, a considérablement contribué au déclin de la dynastie des Qing.
Et Xi Jinping a déclaré depuis son premier mandat la guerre à la corruption. En 2025 il a réitéré sa volonté d’éliminer la corruption lorsqu’il a déclaré «une bataille totale, prolongée et décisive contre la corruption», aussi bien au sein des institutions étatiques que du parti, tout en ciblant de hauts commis de l’Etat, des ministres, des chefs d’entreprise, des dirigeants de provinces, de communes et des militaires. La campagne anticorruption de Xi Jinping visait aussi bien à lutter contre «les mouches » que les «tigres», c’est comme ça qu’il s’est exprimé en 2012.
Jusqu’en 2024, plus de 2,4 millions de personnes ont été sanctionnées, personnalités de tous niveaux, du petit fonctionnaire au grand dirigeant. Car comme toutes les études le démontrent, les pays les moins corrompus favorisent la prospérité, la justice et la confiance dans les institutions de l’Etat tout en garantissant une meilleure qualité de vie et une confiance marquée dans leurs gouvernements tout en s’appuyant sur une justice indépendante, non corrompue et une participation active de la société civile, non muselée par des textes de lois arbitraires.
Aussi bien l’UE que la Chine savent qu’elles ont besoin l’une de l’autre comme partenaires commerciaux, mais il ne s’agit là que d’un consensus minimal. Pour la Chine, l’UE n’est considérée ni comme un partenaire naturel ni comme un partenaire prioritaire. Et c’est dans ce sillage que Pékin cherche désormais à forger des alliances avec des partenaires du Sud global pour faire contrepoids à l’UE, et surtout à Washington.
Et c’est justement le défi que doit relever le Maroc: Ne pas se laisser entraȋner dans un seul camp, mais plutôt continuer à favoriser une politique d’équilibre stratégique et pragmatique, pleine de bon sens et de lucidité, tout en diversifiant ses partenariats et en clamant son indépendance de décision haut et fort. Le partenariat avec les Etats-Unis est exemplaire, surtout après la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les provinces du Sud. Espérons que la Chine empruntera prochainement le même chemin et qu’il y aura des investissements substantiels dans les provinces du Sud, car le Maroc a toujours respecté la souveraineté territoriale de la Chine.
Quant aux relations avec l’UE, elles sont profondes, favorisant toutes sortes d’échanges, vu les liens historiques, la proximité géographique et le grand nombre de la diaspora marocaine qui vit en Europe. L’UE reste le principal partenaire économique du Maroc, avec 60 milliards d’euros d’échanges commerciaux l’année dernière.
Après la visite de SM le Roi Mohammed VI en Chine en 2016, le Maroc a opté pour l’ouverture sur la Chine dans le cadre des «Nouvelles Routes de la Soie» qui a ainsi permis de donner un nouveau souffle aux investissements chinois au Maroc, notamment dans les domaines de l’automobile, des énergies renouvelables, des infrastructures, etc.
Le Maroc reste pourtant très prudent afin de ne pas compromettre ses relations privilégiées avec les acteurs occidentaux. Toutefois, si jamais sa souveraineté nationale est menacée, Rabat a montré assez de courage et de fermeté pour mettre fin à toute relation diplomatique avec des pays majeurs de l’UE, comme c’était le cas de la France ou de l’Allemagne. Les provinces du Sud, comme le Taïwan d’ailleurs pour la Chine, représentent la ligne rouge absolue qui est, quoi qu’il arrive, ancrée dans la conscience collective et l’identité marocaine à jamais.
Par Mourad Alami
Universitaire