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Le nouveau ministre de la Santé désavoue l’Istiqlalienne Yasmina Baddou : Au Maroc, les dommages collatéraux et politiques des prothèses mammaires PIP s’esquissent


Narjis Rerhaye
Mercredi 1 Février 2012

Vent de panique chez les Marocaines porteuses de prothèses mammaires de type PIP et désaveu de l’ex-ministre de la Santé. L’affaire des implants mammaires commercialisés en terre marocaine n’a pas fini de faire parler d’elle. Une affaire sanitaire qui risque bien de se déplacer sur le très glissant terrain politique. Il faut le dire, la décision prise par le nouveau ministre de la Santé, le PPS El Hossein El Ouardi concernant la reconnaissance de la commercialisation, au Maroc, des tristement célèbres prothèses mammaires de marque  PIP est salutaire. En bon médecin, ce responsable gouvernemental va jusqu’à demander, via un communiqué du ministère de la Santé, aux Marocaines porteuses de ces prothèses au cœur d’un scandale sanitaire en France, de se les faire retirer « par précaution ».
Il faut s’en féliciter. Voici un ministre qui a choisi le langage de la vérité… et qui, dans la foulée de la transparence,  reconnaît les erreurs de son prédécesseur, l’Istiqlalienne Yasmina Baddou. On s’en souvient, alors que l’affaire de ces prothèses mammaires atteignait son paroxysme dans l’Hexagone et un peu partout en Europe, le ministère de la Santé marocain publiait le 27 décembre 2011 un communiqué démentant très officiellement la présence de prothèses mammaires de marque PIP au Maroc. Un mois plus tard, ce même ministère qui a entre-temps changé de locataire, admettait la commercialisation de ces implants chez nous, allant jusqu’à recommander aux femmes qui en portaient de se les faire retirer « même en l’absence de signes cliniques suspects ». « Il est de mon devoir aujourd’hui à la tête de ce département d’assumer et d’assurer la continuité.
Une erreur a été commise et le texte rendu public (NDLR par le prédécesseur de M. El Ouardi) avait comme premier souci de ne pas dramatiser et surtout de conseiller aux femmes de consulter leur médecin », a déclaré l’actuel ministre de la Santé. Ainsi donc Mme Baddou et ses services auraient commis une double erreur : une non vérification minutieuse de la commercialisation au Maroc des prothèses mammaires PIP mais aussi, et c’est le successeur de Yasmina Baddou qui le dit, une volonté manifeste de ne pas céder à la dramatisation et à la panique. Y a-t-il eu volonté de cacher la vérité dans une affaire qui peut mettre en péril la santé des citoyennes ? La question se pose, inévitablement. Sous d’autres cieux, où la reddition des comptes a un sens, elle peut même avoir un coût politique.
Aujourd’hui, l’on sait très officiellement que l’enquête menée en décembre dernier a été mal faite et qu’après vérification minutieuse, « il a été révélé que certaines sociétés ont introduit des prothèses mammaires siliconées de type PIP dont l’une les a enregistrées en 2005 ». Selon une déclaration faite mardi matin par la directrice du Centre national d’anti-poison et de pharmacovigilance, une cinquantaine de Marocaines seraient concernées et devraient, par mesure de précaution, retirer leurs implants.
Que s’est-il passé ? Comment a-t-on abouti à une meilleure vérification alors que l’affaire de ces prothèses devenait un scandale sanitaire quasi-mondial ? Pourquoi a-t-il fallu attendre le 26 janvier et la réunion d’El Housseine El Ouardi avec le président du Conseil national de l’ordre des médecins et des membres du bureau de la Société marocaine de la chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique pour enfin « réactualiser les données relatives aux prothèses mammaires portant le sceau délictueux PIP ? Qui est responsable de l’erreur et de l’affirmation mensongère selon laquelle le Maroc n’était pas concerné par le port de telles prothèses ? Et surtout ce mensonge politico-sanitaire aura-t-il des conséquences sur la santé des Marocaines porteuses de ces implants ? Les questions se bousculent. Et c’est le  Parlement, plus que jamais en charge du contrôle de l’Exécutif, qui devrait les poser et exiger des réponses.
La transparence n’est pas seulement une affaire d’image politique. Elle est aussi et surtout le gage de la dignité retrouvée des citoyens et citoyennes de ce pays.


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