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Le guide suprême iranien cherche à soigner son image : L’Iran essaie la méthode douce avec l’opposition


Libé
Samedi 5 Juin 2010

Le guide suprême iranien cherche à soigner son image. À l’approche de la date anniversaire de la réélection controversée de son poulain, Mahmoud Ahmadinejad, l’ayatollah Ali Khamenei vient d’annoncer qu’il graciait 81 opposants. Une première en douze mois de contestation antigouvernementale, matée par une sévère répression.
Accusés d’avoir manifesté pour protester contre le résultat du scrutin du 12 juin 2009, les détenus avaient été condamnés à de lourdes peines de prison. «Après que la vraie nature de la sédition et des plans des ennemis a été révélée, certains (des condamnés) ont émis des regrets et se sont repentis, demandant la grâce», a expliqué, ce mercredi, le chef du pouvoir judiciaire, l’ayatollah Sadeq Larijani, dans une lettre demandant la grâce de ces 81 personnes au guide suprême iranien.
Faut-il y voir un geste de clémence visant à amadouer l’opposition, à l’heu–re où cette dernière appelle à de nouvelles manifestations ? «C’est une tactique politique», assure un journaliste iranien, qui s’exprime sous le sceau de l’anonymat. En juin dernier, le résultat du scrutin, jugé frauduleux par une importante frange de la population, avait donné lieu à une série de rassemblements d’une ampleur sans précédent depuis la révolution de 1979.
Pourtant, au fil des derniers mois, les opposants ont fini par renoncer à descendre dans la rue, refroidis par la violence de la répression orchestrée par le régime. En onze mois, des milliers de contestataires (manifestants, journalistes, opposants) ont été arrêtés. Des dizaines de personnes ont perdu la vie dans des accrochages. Jugés lors de procès collectifs, rappelant les vieilles méthodes de régimes autoritaires, des centaines d’opposants ont écopé de sévères peines de prison. Les audiences, retransmises à la télévision d’État iranienne, se sont déroulées en l’absence d’avocats. Accusés d’être des mohareb («ennemis de Dieu»), cinq dissidents ont été exécutés par pendaison. Au moins une dizaine d’autres attendent dans le couloir de la mort.
L’étau qui s’est resserré sur la population a poussé de nombreux manifestants à revoir leurs méthodes. Ainsi, les étudiants, un des fers de lance du mouvement «vert» -la couleur de l’opposition-, préfèrent improviser de petits rassemblements pacifistes plutôt que de risquer leur vie dans des cortèges de rue. Si la répression n’a pas entamé la détermination des leaders de l’opposition, l’espace d’expression qui leur est imparti s’est réduit comme une peau de chagrin. Plusieurs quotidiens réformistes ont mis la clé sous la porte. Leurs déplacements sont surveillés, leurs communications téléphoniques sur écoute.
Du coup, faute de véritable plate-forme, ils saisissent l’occasion d’une visite aux familles de prisonniers ou d’un énième communiqué publié sur Internet -puis diffusé sous forme de photocopies- pour réaffirmer leurs revendications : libération des détenus politiques, réorganisation d’un scrutin et, plus récemment, demande d’une autorisation officielle pour pouvoir manifester le 12 juin prochain… Une requête réitérée ce jeudi par huit groupes d’opposants, et à laquelle le régime n’a pas encore répondu. «En revanche, en annonçant en grande pompe la libération de certains prisonniers, le régime veut montrer qu’il est prêt à lâcher du lest, sans pour autant céder aux principales revendications», poursuit le journaliste iranien.
De nombreux observateurs y voient, aussi, une réponse en trompe-l’œil adressée à l’Occident, qui dénonce régulièrement les arrestations, les condamnations à mort et les fermetures de journaux. Et qui, à propos de l’épineux dossier nucléaire, continue à œuvrer en vue de nouvelles sanctions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour l’heure, l’identité des 81 personnes graciées reste inconnue, de même que la raison de leur arrestation ou de leur condamnation.


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