Laâyoune : Les maisons de Gjeijimat, attribution ou prêt ?

Au moment de la récupération de Laâyoune qui n’était alors qu’un bourg, rares étaient les Sahraouis qui possédaient une maison à eux. Tout le monde ou presque habitait soit dans des  bidonvilles, soit dans des maisonnettes construites par les Espagnols. La construction de logements sociaux était donc la priorité des autorités qui se mirent  à bâtir pour créer des quartiers entiers. L’un des rares quartiers qui existaient à l’époque était celui de Colomina qui fut dénommé «  Colomina Rdiss », c’est-à-dire Colomina envahi et occupé. Ainsi toutes les maisons laissées vacantes après le départ de leurs propriétaires qui ont soit accompagné l’occupant espagnol, ou rejoint les camps du polisario, ont été occupées par de nouveaux locataires. Plus tard lorsque les autorités ont voulu construire le Palais des congrès et la place Méchouar, il fallait raser tout un quartier et reloger ses occupants. C’est ainsi que le fameux quartier Maâtalla fut bâti. Au début des années 90, lorsque les premières vagues de ralliés commençaient à regagner le pays, on a construit le quartier El Aidine. Ce dernier était insuffisant pour accueillir les flots humains, il fallut construire le quartier Al Aouda dont les habitants représentent, aujourd’hui, plus de 40% de la population totale de Laâyoune. Tous ces quartiers nouvellement construits sont venus enrichir le marché de l’immobilier et faire la joie des spéculateurs et des agences du foncier dont le nombre a fortement augmenté. En 2007, une centaine de personnes organisèrent l’opération Gjeijimat, un point dans le désert entre l’Algérie et la Mauritanie. Cette opération qui coïncidait avec le congrès du polisario et qui prêchait le ralliement de tous les Sahraouis à la mère-patrie avait connu un grand tapage médiatique et ceux qui y avaient participé furent accueillis au Maroc avec tous les honneurs. Ils étaient hébergés dans un grand hôtel de la place et tout leur était fourni gracieusement par l’Etat. Les différentes tribus sahraouies se bousculaient pour les inviter avec faste. Après plus d’un an à l’hôtel où ils étaient pris en charge, avec les dépenses que cela suppose, les autorités leur attribuèrent des maisons que quelques-uns n’ont pas hésité à vendre pour, disent-ils, se faire un capital et se lancer dans le commerce. Vendre la maison attribuée par l’Etat a toujours été une pratique courante à Laâyoune. Mais voilà que les ralliés de Gjeijimat apprirent à leurs dépens que cette attribution reste toujours une propriété publique dont on ne peut disposer à sa guise. Bien que les documents ne stipulent rien de tel. Ainsi les malheureux qui ont acheté les quelques maisons vendues par leurs attributaires furent évacués manu militari et sans  avis préalable.
Les questions qui se posent aujourd’hui sont : qui va rembourser aux malheureux les dépenses qu’ils ont faites pour acquérir ces maisons ? Va-t-on déloger tous les acquéreurs d’une maison attribuée par l’Etat, dans un cadre ou un autre ? Si oui, presque 50% des habitants des quartiers populaires de Laâyoune doivent s’attendre à cette éventualité.