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La Santé a doublement mal

Quand ce n’est pas le privé, c’est le public qui débraie


Mourad Tabet
Samedi 20 Octobre 2018

«La grève des médecins a fait un tabac ». C’est ce qu’a annoncé Badredine Dassouli, président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) lors d’un point de presse organisé jeudi, le jour même où les médecins du secteur privé ont observé un débrayage d’une journée.
Selon Badredine Dassouli, le taux de participation a atteint 100% dans plusieurs provinces telles que Oujda, Béni Mellal, Khénifra, alors ce taux n’a pas dépassé 80 % à Casablanca. «La grève était un succès. C’est la première fois que six syndicats des médecins du secteur libéral ont fait front commun pour exprimer leur ras-le-bol et faire valoir leur droit », a-t-il précisé.
Que réclament les médecins grévistes ? Tout d’abord, ils revendiquent des allégements fiscaux. D’après Badredine Dassouli, les médecins du secteur libéral sont accablés d’impôts et il est inconcevable que les médecins libéraux en paient plus que les établissements sanitaires qui réalisent d’importants bénéfices. « Nous voulons que les médecins du privé soient traités comme les autres professions », a-t-il martelé. Et de préciser : « Un médecin du privé n’a pas le droit de créer une SARL à l’instar des cliniques privées ou des pharmaciens, des experts-comptables ou encore des architectes. Nous savons que la médecine est un secteur social par excellence ».
Une autre question qui hante l’esprit des médecins du secteur libéral est celle  de  la responsabilité médicale. Ils s’inquiètent, en effet, du nombre croissant des procès intentés pour cause d’erreur médicale.
Selon le président du SNMSL, il est scandaleux qu’un médecin ayant commis une faute durant l’exercice de son métier soit arrêté et traité comme un vulgaire criminel ou un trafiquant de drogue. « Nous appelons à ce que les médecins soient jugés devant les juridictions civiles et non pas devant les juridictions pénales », a-t-il poursuivi dans une déclaration à Libé.
Les médecins du secteur libéral demandent aussi la révision de la tarification nationale de référence qui n’a pas changé depuis 2006, alors que le coût des soins a énormément augmenté. D’après Badredine Dassouli, ce sont les patients qui vont supporter plus de la moitié des frais inhérents à leurs soins.
La couverture médicale figure également parmi les revendications des médecins du secteur libéral. La non-couverture médicale pour les médecins a des conséquences souvent dramatiques sur leur santé et celle de leurs familles », lit-on dans un communiqué rendu public par l'Association nationale des cliniques privées à l’issue de cette conférence de presse.
Selon Badredine Dassouli, « ce dossier traîne depuis 2000. On attend toujours les textes d’application des deux lois concernant la couverture médicale et la retraite adoptées en 2017 et qui n’ont pas encore vu le jour ».
« Nous sommes pris dans un cercle vicieux. Nos revendications ont été formulées depuis longtemps, mais le ministère de tutelle les passe sous silence. Si celui-ci ne réagit pas après notre débrayage, nous envisageons d’observer une autre grève de 2 jours le mois prochain », a souligné Badredine Dassouli.
Pour sa part, Redouane Semlali, président de l'Association nationale des cliniques privées, a souligné lors de ce point de presse que les médecins du secteur libéral ont été contraints de recourir à la grève, car les responsables sont restés sourds à leurs doléances et revendications.
D’autres interventions ont affirmé que les médecins pourraient recourir à d’autres formes de protestation dans le cas où le ministère de tutelle ne prend pas les mesures nécessaires non seulement pour satisfaire leurs revendications, mais également pour améliorer le système de santé marocain.
Il convient de rappeler que la grève des médecins du secteur libéral intervient quelques jours après  une tension remarquée entre le ministère de la Santé et le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Les médecins affiliés à ce syndicat  avaient organisé récemment une semaine de protestation baptisée « La semaine de la colère » et comptent observer une grève nationale le 26 octobre courant (après celle observée le 11 octobre) dans l’ensemble des hôpitaux assortie du  boycott de l’autopsie médicale et de la santé scolaire.


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