La Jeunesse Ittihadie : Conscience critique et levier du renouveau démocratique


Mohamed Assouali
Lundi 10 Novembre 2025

Le Maroc célèbre cette année le 50ème  anniversaire de la Marche Verte, évènement qui, à lui seul,  représente une étape cruciale dans l'histoire de notre pays. Il coïncide cette année avec la reconnaissance internationale renouvelée de la marocanité du Sahara à travers la récente décision du Conseil de sécurité. Pour l'USFP, ces deux heureux événements  interviennent concomitamment avec la commémoration du cinquantenaire de la Jeunesse Ittihadie.

Celle-ci célèbre en effet son 50ème anniversaire dans une conjoncture particulière, celle où  se mêlent les sentiments de fierté, de reconnaissance à tous ceux et celles qui ont longtemps milité pour faire reconnaître par les Nations unies les droits inaliénables du Maroc sur son Sahara.
D'ailleurs, la Jeunesse Ittihadie compte parmi les organisations qui se sont engagées corps et âme pour défendre, avec responsabilité et engagement la marocanité du Sahara. 

Le cinquantième anniversaire de la jeunesse Ittihadie est l'occasion de rappeler qu'il s'agit d'une organisation qui a relevé une multitude de défis tout au long de  son  histoire. Depuis sa création, elle a affronté toutes les formes de répression et de marginalisation durant les années 1960, 1970 et 1980, sans jamais renoncer à son idéal. Dans les périodes les plus sombres de l’histoire politique du pays, elle s’est affirmée comme acteur de changement, force de résistance et école de courage démocratique.

Elle a su défendre, dans la rue comme dans les universités, les valeurs de liberté, de justice et de dignité, tout en continuant de croire dans la nécessité de préserver la cohésion nationale et la force de l’Etat.

Capable de s’adapter à chaque tournant de l’histoire, la Jeunesse Ittihadie n’a jamais perdu de vue sa mission essentielle : défendre les droits des citoyens, soutenir les réformes démocratiques et participer au développement du pays.

Au cœur de la conjoncture actuelle, elle n’a pas pour tâche de célébrer son passé, mais de relier la mémoire militante du parti aux défis démocratiques et sociaux d’un Maroc en mutation.
Car la même flamme qui anima les pionniers de 1975 doit aujourd’hui rallumer le débat public, réveiller l’esprit critique et refonder la confiance entre la jeunesse et la politique.
 
I. La Jeunesse Ittihadie, miroir d’un pays en quête de sens

Le rapport entre la jeunesse et la politique est devenu le thermomètre de la vitalité démocratique. Là où s’installent la méfiance et l’indifférence, le débat public s’appauvrit, la citoyenneté s’affaiblit, et les valeurs reculent devant les logiques d’intérêt.

La Jeunesse Ittihadie a longtemps représenté l’antidote à cette dérive : un espace où la politique se vivait comme un engagement moral, non comme une carrière. Mais la société a changé. Le désengagement massif des jeunes n’est pas un phénomène passager : il traduit une crise de sens, une fracture entre les discours officiels et la réalité quotidienne.
Dès lors, le défi n’est plus d’attirer les jeunes vers la politique, mais de réinventer une politique qui mérite leur confiance.

Reconquérir la crédibilité exige plus que des slogans : il faut des preuves tangibles, une présence active dans les universités, les quartiers, les réseaux et les territoires oubliés.
C’est sur ce terrain concret que la Jeunesse Ittihadie peut redevenir une école de citoyenneté, un lieu où se forment les consciences libres et critiques.

Mais pour y parvenir, la Jeunesse de l’USFP doit aussi être en mesure de comprendre les exigences, les langages et les doléances de cette nouvelle “jeunesse digitalisée”, celle qui revendique en ligne avant de voter, qui manifeste avant d’adhérer, et qui remet en question les formes traditionnelles de médiation politique.

Les dernières mobilisations sociales l’ont montré : une partie de cette jeunesse exprime un profond malaise, mais aussi une formidable vitalité démocratique. Il appartient à la Jeunesse Ittihadie d’écouter cette parole, d’en saisir le message et d’en tirer une leçon politique : celle d’un pays où l’engagement change de formes, mais où le besoin de justice, de respect et de dignité demeure intact.
 
II. La Jeunesse Ittihadie à l’épreuve du numérique et de l’idéologie

L’univers digital a bouleversé le rapport à la vérité et à la politique.
Les réseaux sociaux ont transformé le militantisme en spectacle et l’opinion en marchandise.

Dans ce contexte, la Jeunesse Ittihadie doit redevenir un acteur idéologique, capable de produire une lecture progressiste du monde face à la domination des discours populistes et des algorithmes de l’émotion.

Le combat du XXIᵉ siècle n’oppose plus seulement le pouvoir à l’opposition, mais la raison à la confusion. Et dans cette bataille pour la clarté, la Jeunesse Ittihadie doit être à l’avant-garde du débat public, en investissant le numérique comme un espace de pensée, de pédagogie et de transmission, et non de simple réaction.

Le militant d’aujourd’hui ne se définit plus par l’obéissance, mais par la lucidité. Le progrès n’est pas un mot d’ordre : il est une manière d’articuler la justice sociale, la souveraineté nationale et la modernité politique. C’est dans cette articulation que réside la vraie fidélité à l’héritage du parti.

Mais pour que cette mission se traduise en action concrète, l’organisation des jeunes de l’USFP doit aussi faire évoluer ses méthodes de travail. Elle doit sortir du cadre classique de la mobilisation verticale et s’inscrire dans une nouvelle dynamique de communication et de proximité, fondée sur l’écoute, la créativité et l’interactivité.

La Jeunesse Ittihadie doit parler le langage de son temps : celui de la clarté, de la participation et du dialogue numérique, afin de se rapprocher réellement des jeunes générations et de renouer le lien entre la politique et la vie quotidienne.
 
III. La Jeunesse Ittihadie et la refondation du parti

L’histoire de l’Union socialiste des forces populaires l’a toujours montré : les grandes mutations du parti naissent d’abord dans sa jeunesse. Chaque génération a bousculé l’ordre établi pour réaffirmer l’esprit critique et la dimension collective du projet socialiste.
La génération actuelle se trouve à un moment décisif.

Le 12ᵉ Congrès national a ouvert une fenêtre d’espérance : celle d’un parti en reconstruction, capable de renouer avec sa base, ses valeurs et ses combats. La Jeunesse Ittihadie y a joué un rôle moteur en réintroduisant la question du renouvellement politique au centre du débat.
Mais pour que ce renouveau ne soit pas un simple mot, il doit s’accompagner d’une refondation organisationnelle et idéologique.

La Jeunesse Ittihadie doit devenir la conscience interne du mouvement, son laboratoire éthique et intellectuel, le lieu où se pense la rénovation du socialisme marocain. Son apport ne réside pas dans la répétition des modèles hérités, mais dans la création d’un équilibre nouveau entre héritage et innovation, continuité et rupture.
 
Retrouver la fonction historique du parti : du souvenir à l’action

C’est à cette condition que l’USFP retrouvera sa fonction historique : être le moteur du changement démocratique et social, et non un simple spectateur du statu quo. Car l’Union n’a jamais été un parti d’administration, mais de transformation — un parti qui questionne l’ordre établi, relie la justice sociale à la démocratie, et replace le citoyen au cœur du projet national.

Etre moteur du changement, c’est d’abord redonner sens à la politique en la reconnectant aux attentes réelles : emploi, éducation, égalité, dignité.
C’est aussi proposer un modèle alternatif à la logique néolibérale dominante, fondé sur la redistribution et la souveraineté productive.
Et enfin, c’est réhabiliter la parole politique : non comme discours d’accompagnement, mais comme instrument de rupture et de proposition.
La Jeunesse Ittihadie doit être au centre de cette relance.
Elle n’est pas un prolongement symbolique du parti, mais son laboratoire d’avenir — là où s’inventent les idées, se forment les consciences et se prépare la relève d’un socialisme marocain lucide, courageux et moderne.
 
IV. La Jeunesse Ittihadie, actrice d’une diplomatie citoyenne et patriotique

Le Maroc du XXIᵉ siècle se définit autant par sa stabilité interne que par son rayonnement externe. Et dans ce rayonnement, la Jeunesse Ittihadie joue désormais un rôle clé : celui d’une diplomatie citoyenne, ouverte, humaniste et profondément patriotique.
Sa présence dans les instances internationales — du Conseil africain de la jeunesse à l’Internationale socialiste des jeunes — traduit une maturité politique et une maîtrise du discours marocain fondé sur la légitimité historique et la vision Royale de la coopération Sud-Sud.

Elle défend la cause nationale du Sahara marocain non par la confrontation, mais par la conviction, en associant la souveraineté à la dignité et la démocratie à la stabilité.
Cette diplomatie des jeunes n’est pas accessoire : elle prolonge la mission progressiste du parti sur la scène internationale.
Elle relie le combat pour la justice sociale au Maroc à celui pour la justice mondiale, et fait du patriotisme non pas une clôture identitaire, mais une ouverture solidaire.
 
V. La Jeunesse Ittihadie et l’avenir du socialisme marocain

Le combat socialiste d’aujourd’hui ne se joue plus seulement dans les institutions, mais dans les consciences. Dans une époque où la désidéologisation vide la politique de sa substance, la Jeunesse Ittihadie doit restaurer la dimension morale et intellectuelle de l’engagement. Elle ne peut se contenter de défendre le passé glorieux du parti : elle doit réinventer la gauche marocaine, pour qu’elle redevienne force d’espérance et non simple témoin critique.
Cela exige un travail de fond sur trois axes :

la formation idéologique, pour reconstruire une pensée socialiste adaptée aux réalités d’aujourd’hui ;
la démocratisation interne, pour faire de la parole militante une force collective et crédible ;
et la connexion aux luttes sociales contemporaines, qu’il s’agisse des inégalités territoriales, du logement, de l’éducation, ou du défi climatique.
Le socialisme marocain ne se renouvellera pas par nostalgie, mais par lucidité. Et cette lucidité, c’est à la Jeunesse Ittihadie qu’il revient de la porter, en refusant la résignation et en rappelant que la politique n’est pas gestion, mais transformation.
 
Conclusion : La Jeunesse Ittihadie ou l’avenir pensant du Maroc

La Jeunesse Ittihadie : Conscience critique et levier du renouveau démocratique
Cinquante ans d’histoire, ce n’est pas une ligne du passé, c’est un appel à la responsabilité. Dans un moment où la célébration de  la Marche Verte coïncide avec  la victoire diplomatique sur la question du Sahara marocain, et avec le cinquantenaire de la Jeunesse Ittihadie, tout converge vers une même exigence : faire de la mémoire un levier d’avenir.
La Jeunesse Ittihadie n’est pas une simple structure partisane, mais une conscience nationale en mouvement. Elle incarne le lien entre l’histoire et le futur, entre la fidélité et la réforme, entre l’idée du progrès et la réalité marocaine. Dans un monde où les convictions s’effritent, il reste l’un des derniers espaces où la politique garde son sens : celui de servir, d’éduquer et d’espérer.

Par Mohamed Assouali


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