Contre l’oubli organisé, la fidélité d’un combat

L’USFP n’a de cesse de mobiliser ses partenaires progressistes pour une Palestine libre et souveraine


Libé
Mercredi 31 Décembre 2025

Contre l’oubli organisé, la fidélité d’un combat
A l’heure où l’année s’achève et où le monde semble glisser vers une normalisation de l’inacceptable, la cause palestinienne apparaît plus que jamais menacée, non seulement par la violence brute, mais par un danger plus insidieux encore : celui de l’oubli organisé. Dans ce paysage international saturé de crises concurrentes, de calculs géopolitiques étroits et de diplomatie à courte vue, l’Union socialiste des forces populaires a choisi, une fois encore, de rompre le silence. Non par réflexe idéologique, mais par fidélité à une ligne historique qui fait de la Palestine non une cause périphérique, mais une question centrale de justice, de droit et de conscience humaine.

La réunion du Bureau politique de l’USFP, tenue en juin 2025 sous la présidence de Driss Lachguar, s’inscrit dans cette continuité. Elle n’a pas été conçue comme une réaction conjoncturelle à l’actualité brûlante, mais comme un moment de clarification politique face à ce que le parti qualifie sans détour de «plus grand péril» pesant aujourd’hui sur la Palestine: la confiscation progressive de sa voix, de sa décision nationale et, au fond, de son existence politique. En formulant ce diagnostic, l’USFP ne se contente pas de dénoncer une tragédie humanitaire. Il alerte sur un basculement historique, celui d’une cause en train d’être dissoute dans des arrangements régionaux et internationaux où le peuple palestinien n’est plus sujet, mais variable d’ajustement.

Avec le recul qu’impose une lecture de fin d’année, cette prise de position résonne comme l’un des actes politiques les plus significatifs de la séquence écoulée. Elle s’inscrit dans un contexte où la centralité de la question palestinienne, longtemps pilier des équilibres politiques au Moyen-Orient, semble reléguée à l’arrière-plan. Les mots employés par l’USFP sont lourds de sens. En évoquant une confusion tragique entre les signes de la Nakba et ceux de la Naksa, le parti suggère que la Palestine traverse une phase où la défaite ne se proclame plus, mais s’installe silencieusement, à travers l’effacement progressif de toute perspective nationale indépendante.

Depuis le 7 octobre 2023, la situation a basculé dans une violence d’une ampleur rarement atteinte. Les chiffres avancés, près de 70.000 morts, majoritairement dans la bande de Gaza, ne sont pas brandis comme un simple décompte macabre. Ils constituent, pour l’USFP, la preuve d’un projet de destruction systématique, visant non seulement des vies humaines, mais les fondements mêmes de la société palestinienne. La disparition des hôpitaux, des écoles, des structures administratives et politiques traduit une volonté d’anéantir toute possibilité de reconstruction autonome. A travers cette lecture, la question palestinienne cesse d’être un conflit parmi d’autres pour devenir un test moral majeur pour la communauté internationale.

Mais ce qui inquiète le plus le parti de la Rose, c’est moins la brutalité de la guerre que la passivité du monde face à celle-ci. L’absence de la Palestine dans les récentes tractations régionales, la domination d’une «diplomatie de la force», et la tentation de tourner la page sans règlement juste constituent, aux yeux de l’USFP, une triple trahison. La Palestine devient ainsi victime avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre, condamnée à payer le prix de rapports de force qui la dépassent. Cette lecture critique s’inscrit dans une tradition intellectuelle et politique qui a toujours refusé la realpolitik cynique lorsqu’elle se fait au détriment des peuples.

Dans ce paysage sombre, l’USFP revendique un choix clair : celui de l’engagement actif. Fidèle à son héritage socialiste et internationaliste, le parti ne se limite pas à un plaidoyer moral. Il a amorcé une campagne de mobilisation à l’échelle régionale, continentale et internationale, mobilisant les réseaux auxquels il appartient. L’Internationale socialiste, l’Alliance progressiste, les plateformes politiques d’Amérique latine, les organisations de jeunesse, de femmes et les structures syndicales sont appelées à redevenir des espaces de lutte politique et symbolique pour la Palestine. Cette orientation rappelle que la cause palestinienne a longtemps trouvé ses alliés les plus constants dans les forces progressistes mondiales, bien au-delà des calculs étatiques.

Cette posture n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une histoire longue, où l’USFP a toujours fait de la Palestine un repère éthique et politique. Depuis les grandes batailles diplomatiques du siècle dernier jusqu’aux mobilisations contemporaines, le parti a considéré que défendre les droits du peuple palestinien revenait à défendre l’idée même d’un ordre international fondé sur le droit, et non sur la force. Dans un monde marqué par la montée des discours identitaires, des replis nationalistes et de la banalisation de la violence, cette constance apparaît presque comme un acte de résistance.

L’USFP n’isole toutefois jamais son engagement du cadre national marocain. Au contraire, il inscrit son action dans la continuité du rôle historique du Royaume du Maroc en faveur de la Palestine. En rappelant les grandes étapes diplomatiques, du sommet arabe de 1974 à Fès en 1982, des négociations de Madrid à l’action continue de Bayt Mal Al-Qods, le parti souligne une ligne de fond de la politique marocaine : celle d’un soutien constant, pragmatique et reconnu. Le soutien exprimé aux efforts de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en tant que Président du Comité Al-Qods, s’inscrit dans cette logique. Il ne s’agit pas d’un alignement formel, mais de la reconnaissance d’un rôle singulier que le Maroc continue de jouer pour maintenir vivante la perspective d’une paix juste.

A travers cet appel, l’USFP invite le Maroc à assumer pleinement cette crédibilité diplomatique dans une phase où les initiatives courageuses se font rares. Pour le parti, le Royaume dispose aujourd’hui des leviers politiques et symboliques nécessaires pour contribuer à sortir la région de l’impasse, à condition de refuser les logiques hégémoniques et les compromis qui sacrifient la décision palestinienne indépendante. L’enjeu dépasse les frontières du Proche-Orient. Il touche à la capacité du monde arabe et de la communauté internationale à défendre un principe fondamental : aucun peuple ne doit voir son destin confisqué.

Relire cette prise de position à l’aune du Nouvel An, c’est mesurer à quel point la Palestine reste un miroir des contradictions du monde contemporain. Elle révèle la fragilité du droit international, l’érosion des solidarités et la tentation de l’indifférence. En choisissant de redonner à cette cause son urgence, sa dignité et son humanité, l’USFP s’inscrit à contre-courant d’un climat global marqué par le désenchantement.

Ce rappel n’est ni nostalgique ni incantatoire. Il affirme une conviction simple et exigeante: la reconstruction ne commence pas avec le silence des armes, mais avec la reconnaissance des droits. Et tant que le peuple palestinien ne disposera pas d’un Etat libre, souverain et viable, avec Al-Qods-Est pour capitale, aucune paix durable ne pourra émerger. Défendre la Palestine, dans cette perspective, ne revient pas seulement à soutenir une cause. C’est défendre l’idée même d’un monde où la justice ne cède pas devant la force, et où l’histoire ne s’écrit pas sans ceux qui la vivent et la subissent.


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