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Toutefois, le faible taux de cette insertion empêche de saisir ce "dividende démographique" sans égal. Une mise en place de politiques homogènes, globales et intégrées visant l'épanouissement de la jeunesse et de son insertion efficace dans le tissu économique tout en mettant l'accent sur le ciblage des jeunes les plus défavorisés, demeure de plus en plus une priorité. "Le marché du travail marocain est en phase de mutations multiples, dont une transition démographique engendrant une hausse du nombre de jeunes demandeurs d'emploi. Cette transition démographique offre une opportunité remarquable pour le développement", a souligné, dans un entretien à la MAP, le professeur de méthodes quantitatives et d'économie sociale à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, Aomar Ibourk.
Or, l'effet du dividende démographique n'est pas mécanique, il reste subordonné à la capacité d'accélérer le processus des réformes en mesure d'améliorer le capital humain et partant la productivité du travail, a explique M. Ibourk qui est aussi Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS). Les politiques touchant le capital humain ne seraient efficaces qu’en la présence d'une demande adéquate en quantité et en qualité, a-t-il estimé. Et de soutenir: "La croissance économique au Maroc est de moins en moins créatrice d'emplois.
Chômage des jeunes diplômés: l'entrepreneuriat, la bouée de sauvetage ?
Ce manque de création d'emplois auquel s'ajoute l'inadéquation formation-emploi, ne fait qu’augmenter le chômage chez les jeunes diplômés. D'ailleurs, les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP) confirment ce constat. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a augmenté de 6,2 points à 31,2% en 2020.
Pour ce qui est des diplômés, ce taux a été de 18,5% et de 23,9% chez les diplômés de niveau supérieur. Face à cette situation, se lancer dans une petite affaire s'avère une alternative intéressante pour essayer d'atteindre l'autonomie financière tant espérée par la jeunesse. Mais encore faut-il avoir les pré-requis nécessaires (des idées innovantes, un projet bien structuré, un montage financier précis, etc) pour réussir dans le domaine de l'entrepreneuriat.
Selon M. Ibourk, pour réussir avec succès ce défi, quatre dimensions revêtent une importance particulière, à savoir l'encouragement de l'entrepreneuriat et le développement du climat des affaires, l'amélioration de la qualité et l'adéquation du capital humain, l'adaptation de la réglementation du marché du travail, ainsi que la promotion de l'innovation et de la diversification économique. Marché du travail au Maroc Une réforme est nécessaire !
Le marché du travail marocain est soumis à de nombreuses distorsions, largement liées aux caractéristiques institutionnelles et réglementaires, a relevé l'universitaire. Il s'agit notamment d'un salaire minimum élevé par rapport au revenu par tête, de fortes restrictions au licenciement, des coûts non salariaux élevés, d'un processus d'adéquation des emplois dont l'efficacité n'a pas été démontrée et des syndicats à fort pouvoir de négociation, a-t-il précisé.
Ces distorsions, d'après M. Ibourk, contribuent aux coûts élevés de la main-d'œuvre et à la rigidité à la baisse des salaires réels. Elles demeurent une contrainte majeure pour la croissance et la création d'emplois, contribuant ainsi à un chômage élevé (en particulier pour les jeunes), tant directement qu'indirectement.
Et de conclure: "Il est fondamental que les pouvoirs publics adoptent un ensemble de réformes combinant à la fois l’amélioration du cadre macroéconomique et l’environnement de l’investissement pour accroître la quantité et la qualité d’emplois disponibles, mais également la valorisation du capital humain pour en faire un facteur de production stimulant une croissance économique génératrice d’emplois qualifiés et décents et enfin la gouvernance du marché du travail en renforçant la qualité de ces institutions".
Par Karima El Otmani (MAP)