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Un peu avant 17 heures, le ballet des voitures des parlementaires et autres membres du comité exécutif commence. Une seule et unique voiture ministérielle stationne dans le parking du siège de l’Istiqlal, avenue Ibn Toumert. C’est celle de Fouad Diouri, le ministre de l’Energie et des Mines. Officiellement présentée comme une rencontre de coordination, cette réunion au sommet voit en principe la participation de l’ensemble des ministres qui représentent l’Istiqlal au sein du gouvernement Benkirane. Seul celui en charge de l’Energie et des Mines répondra à l’appel, les cinq autres ministres istiqlaliens étant, selon une source proche de H. Chabat, en déplacement hors de Rabat.
La réunion qui a duré plusieurs heures a été d’abord et avant tout l’occasion de réaffirmer les fondamentaux portés par le successeur d’Abbas Al Fassi. Et ces fondamentaux tiennent en une phrase: «Il faut remanier!». Tout au long de cette rencontre de lundi, Hamid Chabat est revenu dans le menu détail sur le mémorandum adressé au chef du gouvernement et aux leaders de la majorité. Un mémorandum «adopté par le conseil national de l’Istiqlal», qui appelle à un remaniement ministériel «pour dynamiser l’action gouvernementale» et à une nouvelle charte plus efficiente de la coalition au pouvoir.
Si Abdelilah Benkirane n’a pas officiellement répondu aux revendications pressantes de l’allié majeur qu’est l’Istiqlal, le chef du gouvernement a laissé échapper quelques phrases samedi dernier lors de la réunion des conseillers du PJD
«Les conditions au sein du gouvernement sont excellentes pour le moment. Si quelqu’un souhaite troubler cette stabilité, il devra assumer ses responsabilités, qu’il soit leader de la majorité ou pas », dira-t-il dans une allusion claire au mémorandum et autres déclarations de Hamid Chabat. Des petites phrases assassines qui renvoient le patron des Istiqlaliens dans ses filets.
24 heures après les déclarations d’un Benkirane très en verve, le secrétaire général de l’Istiqlal persiste et signe devant les parlementaires, véritable force de frappe du parti de la balance sous la Coupole. «Le remaniement est inéluctable», martèlera-t-il comme il l’avait réaffirmé samedi 19 janvier lors du 1er congrès du Syndicat libre des finances. Lundi soir, une sorte d’ultimatum est même adressé au chef du gouvernement. Au mois d’avril prochain, date de la prochaine session ordinaire du conseil national de l’Istiqlal, les militants de cette instance seront appelés à décider si leur famille a encore un avenir politique au sein de la majorité gouvernementale conduite par les islamistes du PJD. «En d’autres termes, et en cas de non réponse ou de non satisfaction de la demande de remaniement formulée par Chabat, le conseil national décidera du retrait ou pas de l’Istiqlal du gouvernement», décrypte un parlementaire appartenant au cercle proche de H. Chabat. La menace est à peine voilée et le spectre d’un Istiqlal sur les bancs de l’opposition n’en finit pas de planer. Le nouveau leader, champion de la surenchère et politicien aguerri, laisse planer le doute encore un peu plus en déclarant devant députés et conseillers de son parti qu’«un rapprochement entre l’Istiqlal et le PJD, voire une entente électorale entre les deux partis en 2016 peuvent être de l’ordre du possible. Sauf que c’est le pays qui y perdra». Le leader de l’Istiqlal s’adresse-t-il seulement aux islamistes du PJD ? Est-il en train de tracer les premiers contours des futures alliances de sa famille politique ? L’ambiguïté de Chabat vient semer un peu de confusion dans une majorité gouvernementale à l’épreuve de sa cohésion…