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Ethique, raison et travail


Par Adnan Debbarh
Mercredi 2 Novembre 2011

Le SG du PJD était l’hôte du patronat pour présenter le programme de son parti qui aspire fortement à diriger le futur gouvernement. L’endroit ne se prêtant pas au déploiement de la faconde intarissable de Abdelilah  Benkirane sur le référentiel islamique, le SG  du PJD se devait de présenter  sa vision  dans les  domaines  politique et économique.
 Politiquement,  avec une facilité déconcertante, pour ceux  qui donnent  leur véritable sens aux mots, le SG du PJD  a affirmé avoir des convictions ”libérales”  dans le domaine politique et des convictions sociales dans le “domaine de la répartition”.  Doit-on comprendre par là que c’est une autre version de la social-démocratie ? A voir.
Souhaitant  probablement  contenter la frange du patronat familial, quelque part rancunière, qui le soutient, il a mis l’accent sur sa capacité “à dire non” et à privilégier une meilleure  pratique de la concurrence. Promesse de s’attaquer aux positions dominantes et aux rentes. A voir.
Sur  le volet économique, on a servi  au patronat ce qu’il souhaitait entendre : croissance à 7%, limiter le déficit budgétaire  à 3%, réduction du chômage de 2 points, réduction de l’IS à 25% pour les PME, lutte contre l’informel et la corruption, amélioration du système éducatif. Bref, la totale.
Loin de l’idée de reprocher au PJD de reprendre ces propositions, après tout c’est son droit de puiser dans le patrimoine commun, nous souhaitons dans le cadre d’un échange que nous espérons  serein avoir plus d’éclaircissements sur comment il compte s’y prendre pour réaliser ces objectifs.
Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler que la réalisation d’un taux de croissance de 7% était tributaire d’un niveau d’investissement dépassant les 30% du PIB, voire 40% pour le Haut commissariat au plan. Comment le PJD compte-t-il mobiliser autant d’épargne ? Quels sont les secteurs économiques qui seront prioritaires en termes d’investissement ? Sachant que le Maroc privilégie de plus en plus les secteurs à fort consommation de capitaux, doit-on changer de cap pour résorber le chômage ?
Parler de réduction de deux points du taux de chômage, c’est prendre pour argent comptant les chiffres très discutables du HCP : taux de chômage inférieur à 10%. Chiffres qui intègrent les emplois dans l’informel et plusieurs autres activités précaires. Puisque les mêmes chiffres sont repris, doit-on comprendre qu’on garde la même configuration du système productif ? Configuration qui  fait de la  majorité écrasante des Marocains des personnes sous-employées, pour preuve le peu de  richesses qu’ils produisent.
La réduction du taux de l’IS à 25% pour les PME a déjà été  soumise par le groupe USFP au Parlement et elle a essuyé un refus, cela peut aider les PME, mais c’est loin d’être la panacée. Les PME ont besoin d’autres mesures plus prioritaires, notamment l’accès aux crédits, car elles sont littéralement en train d’étouffer. Elles souffrent aussi de l’informel qui dérègle les mécanismes de notre économie. La lutte contre le secteur informel qui interpelle à la fois l’autorité de l’Etat et un certain courage politique, demeure un vaste chantier auquel tout aspirant à la direction de l’Exécutif doit amener des réponses pertinentes. Regroupant  un grand nombre de ceux qui vivotent et ceux qui trichent dans ce pays, on  ne peut prétendre le combattre sans apporter de solutions alternatives acceptables, surtout pour les premiers.
La volonté affichée d’améliorer le système éducatif et la réduction de l’analphabétisme ne peut qu’emporter l’adhésion, toutefois il nous semble difficile de réaliser un taux de croissance de 7% sans une remise à plat de notre politique de formation.   Il n’apparaît pas à la lecture de ce programme que le PJD ait apporté des idées nouvelles, la plupart des thèmes exposés ont déjà été proposés ou débattus.
Il se peut que le PJD considère  que son arrivée au pouvoir réveillera les Marocains de leur torpeur et remettra sur le droit chemin les corrompus et les tricheurs. A voir.
La modernisation du pays doit certainement se construire sur des valeurs éthiques fortes, mais elle doit se faire aussi par la raison et le travail. Le PJD, à la lecture de ce qu’il propose, a encore beaucoup d’efforts à fournir au niveau de son programme et  ne peut se prévaloir du monopole de l’éthique.    


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