Eté chaud à l’ENA : Le torchon brûle entre les professeurs permanents de nouvelle et ancienne génération

Rien ne va plus entre l’ancienne et la nouvelle générations des professeurs permanents de l’Ecole nationale de l’architecture de Rabat (ENA). Ces derniers contestent la mainmise sur leur établissement, leur exclusion de prise de décision et la discrimination de genre rampante. «On a marre des agissements et des attitudes  de cette poignée de personnes qui parlent en notre nom  sans qu’on soit consulté et sans qu’ils soient mandatés pour ce faire. Et tout cela à l’encontre des intérêts de l’école et de ses professeurs»,  a déclaré Najib Benchekroun, enseignant et directeur adjoint chargé des études  à l’ENA, lors d’une conférence de presse tenue le 23 juillet à Rabat. Dans la ligne de mire des professeurs contestataires, sept collègues accusés de mener la vie dure à la jeune génération des enseignants en remettant en cause leurs compétences académiques et leur savoir-faire. «On ne cesse de se plaindre de ces professeurs qui traitent ces jeunes enseignants de bons à rien et d’incompétents. Pire, ils mènent une campagne de dénigrement portant atteinte à la crédibilité et à l’intégrité du corps enseignant», nous a confié M. Benchekroun. Et d’ajouter que ces mêmes professeurs ont été derrière le tapage médiatique concernant le concours d’accès à l’ENA et prétendant qu’il a été entaché d’irrégularités et de manque de transparence. Des propos que les professeurs contestataires ont du mal à digérer.  «On défie quiconque ose dire que le concours ne s’est pas déroulé en conformité avec la méthodologie adoptée ces dernières années tout en respectant à la lettre les principes de la transparence et de l’intégrité», nous a lancé le directeur adjoint chargé des études  avant de poursuivre : «D’ailleurs, c’est nous qui avons demandé, il n’y a pas longtemps, la révision des modalités d’accès à l’école et c’est ces mêmes personnes qui ont contesté cette révision». 

Pour notre interlocuteur, l’ENA a rompu avec les vieilles méthodes d’accès basées sur le trafic d’influence, le favoritisme ou le clientélisme. «Le mot d’ordre aujourd’hui est celui du mérite et de la compétence. Parler de manque de transparence, c’est tout simplement un faux problème», a-t-il expliqué.

La grogne des professeurs protestataires s’est portée également sur la discrimination de genre mise en place par les sept professeurs. On leur reproche d’avoir eu à  l’égard des professeurs femmes des attitudes discriminatoires, que ce soit au niveau du recrutement ou des relations professionnelles. «On constate de plus en plus des cas inacceptables de discrimination de genre jamais atteints au niveau de notre établissement», estime une des professeurs de l’ENA. Ces femmes professeurs se disent être victimes de harcèlement moral  de la part de ces professeurs qui ont refusé leur accès au statut d’architecte affecté à l’enseignement au point de déposer une plainte pour bloquer cet accès.

«Aujourd’hui, on tient  à informer l’opinion publique et le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville ainsi que celui de l’Enseignement supérieur  de notre inquiétude pour l’avenir de l’école et ses élèves. On estime que les acquis réalisés sont aujourd’hui menacés», a conclu M. Benchekroun.