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Driss Lachgar plaide pour un code définissant les grandes orientations du système éducatif

Universitaires et spécialistes au débat organisé par l’USFP


Mourad Tabet
Lundi 30 Septembre 2013

Driss Lachgar plaide pour un code définissant les grandes orientations du système éducatif
Le débat organisé par l’USFP sur la réforme du système éducatif a tenu toutes ses promesses. Lors d’une rencontre tenue, samedi dernier au siège central du parti à Rabat, des acteurs politiques, des experts, des syndicalistes et des universitaires ont décortiqué la crise de l’enseignement au Maroc et proposé des alternatives.
« Nous croyons que la bonne voie pour pérenniser le processus de la réforme tracée par SM le Roi nous a prévenu (lors du discours de la commémoration de la Révolution du Roi et du peuple), et pour garantir la stabilité des projets éducatifs à long terme, c’est de sortir de la logique du consensus », a lancé, d’emblée, le Premier secrétaire, Driss Lachgar. Et d’ajouter : « Or, nous ne pouvons pas continuer à gérer les stratégies réformistes de la chose éducative avec des références consensuelles générales qui ne sont pas nécessairement obligatoires pour les acteurs politiques, et qui n’impliquent aucune responsabilité d’ordre juridique ou institutionnel dans le cas où elles seraient enfreintes ».
Pour le dirigeant ittihadi, l’USFP plaide pour le dialogue national et le consensus sur les grandes orientations de réforme, mais « il est nécessaire de traduire ce consensus en dispositions juridiques pour préserver les acquis, formaliser les pactes et garantir les droits ». Et de poursuivre : « Nous, nous ne voulons pas que la problématique de l’éducation et de la formation dans notre pays soit un sujet de polémique idéologique incessante, et que les questions éducatives restent gelées sous prétexte que le consensus n’a pas abouti, car, en tant qu’acteurs politiques, nous allons ainsi hypothéquer l’avenir des générations futures pendant des décennies dans l’attente  de trouver des consensus fragiles et non-obligatoires ».
Le Premier secrétaire a accusé le gouvernement d’être responsable de la crise actuelle de l’enseignement. « Le gouvernement, a-t-il expliqué, a tenté, de par son intransigeance, de pousser l’école marocaine au bord du gouffre. Sans doute sait-il que si le projet de réforme atteint ses objectifs à tendance moderniste, il ne servira pas à long terme le projet réactionnaire du parti majoritaire ».
Pour Driss Lachgar, l’USFP ne se contente pas seulement de critiquer et de mettre en question la politique menée par le gouvernement dans le domaine de l’enseignement, mais il assumera toute responsabilité « dans le chantier de sauver l’école marocaine ».
Il a proposé, dans ce sens, l’adoption d’un code ou d’une loi-cadre, semblable au Code de la famille, définissant les grandes orientations du système éducatif. « N’oublions pas que la nouvelle Constitution a tranché plusieurs questions épineuses telles l’identité nationale, les langues, les droits et les devoirs, précise le dirigeant ittihadi. Pour cela, nous croyons qu’il est temps que notre système d’éducation et de formation soit doté d’une loi-cadre ou d’un code définissant les grandes orientations et les choix stratégiques qui sont à même d’encadrer les politiques d’enseignement, de définir le rôle de l’école et la place de l’université et leur rôle dans la consolidation de la cohésion sociale et la réalisation du développement économique ».
Il a rappelé également que le dernier congrès de l’USFP s’est penché sur la problématique de l’enseignement dont l’une de ses recommandations est « d’appeler à la constitution d’un nouveau pacte entre le système de l’éducation et la société marocaine. Lequel pacte doit être basé sur la nécessité de garantir l’égalité des chances, la préservation du droit à un enseignement de qualité, la révision du rôle de l’école marocaine et la définition de la responsabilité de tous les partenaires ».
Le Premier secrétaire n’a pas oublié de louer l’effort consenti par les ministres de l’USFP, notamment Habib El Malki, dans le chantier de la réforme de l’enseignement. « Vous vous rappelez tous que les ministres de l’USFP ont été les premiers à lancer le chantier d’opérationnalisation de la Charte nationale d’éducation et de formation, et que notre frère Habib El Malki avec sa sagesse et sa sagacité avait pris une décision courageuse en intégrant l’enseignement de l’amazigh dans le système éducatif avant même de devenir une langue officielle dans la nouvelle Constitution, en signant une convention de partenariat et de coopération avec le président de l’IRCAM  le 26 juin 2003. Par ailleurs, Habib El Malki avait converti les forums de réforme en une sorte d’exercice politique et pédagogique au niveau du dialogue et de concertation et la mise en pratique de l’approche participative pour hausser le niveau de l’école marocaine ».
Après l’allocution du Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, plusieurs experts ont pris la parole  lors de la première séance de cette rencontre consacrée au bilan de la Charte nationale plus de dix ans après sa mise en application. Il s’agit, en effet, de Wael Benjelloun, président de l’Université Mohammed V qui a abordé la question de «l’enseignement supérieur entre les constances et les variables ».
Pour l’intervenant, l’Université marocaine ne peut faire face aux défis de l’avenir surtout dans un monde globalisé sans être dotée de moyens financiers conséquents, car le manque de clarté dans la vision financière entrave l’indépendance de l’université et la rend incapable de relever les défis de la mondialisation. Il a, par ailleurs, plaidé pour le renforcement de l’enseignement de l’anglais dans certaines universités marocaines comme l’Université de Paris-Dauphine où, par exemple, on enseigne l’économie et la gestion des affaires en anglais.
L’intervention de Mohamed Ben Abdelkader, cadre au ministère de l’Education nationale, a été centrée sur « La Charte nationale : remarques préliminaires à l’horizon de la révision ».
« Tout système éducatif reflète un projet de société, mais quel projet peut-on déduire de la Charte nationale ? », s’interroge-t-il. Selon lui, le caractère consensuel de cette charte rend ce texte flou et plein de paradoxes, et partant, rend plus difficile un projet sociétal clair. C’est pour cette raison que la Charte n’a pas défini clairement l’identité nationale.
Omar Hilli, président de l’Université Ibn Zohr, a abordé la question des « Défis de l’Université marocaine entre aujourd’hui et hier ». Il a mis en valeur le rôle qu’a joué dans le passé l’université dans la formation des cadres et des élites du Maroc, mais il estime qu’actuellement il y a d’autres canaux (politiques et technocratiques) dans la formation des élites. Pour Omar Hilli, les moyens financiers insuffisants accordés aux universités marocaines ne leur permettent pas d’entrer en compétition avec les universités les plus renommées dans le monde. Le président de l’Université d’Ibn Zohr, a, par ailleurs, insisté sur l’approche participative entre l’étudiant, le professeur et le fonctionnaire pour réussir véritablement toute réforme universitaire. Il a également plaidé pour l’implication des universités dans la chose publique pour qu’elles donnent leurs opinions sur tous les dossiers nationaux (amazigh, économie, histoire), et ce pour hausser le niveau des universités marocaines. « Nous déplorons que ce rôle se soit rétréci aujourd’hui, mais nous défendons qu’elles assument ce rôle dans ce domaine », affirme-t-il.
A noter que cette première séance  a été présidée par Mohamed Derouich, membre du Bureau politique de l’USFP.
La deuxième séance présidée par le chercheur en éducation, Ibrahim Baamrani, a été axée sur les « Priorités de la réforme et les enjeux de l’avenir ».  Abdelaziz Ioui, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement (FDT), a, quant à lui, tenté de répondre à la question suivante : « Pourquoi le plan d’urgence a-t-il échoué ? ». Pour ce syndicaliste, la méthodologie adoptée par ses concepteurs ne peut aboutir qu’à l’échec, car ils ont exclu tous les acteurs du secteur de l’enseignement (professeurs, syndicalistes, inspecteurs…) et même le Conseil supérieur de l’enseignement, lors de la préparation de ce plan qui a, pourtant, bénéficié d’un budget exceptionnel sans précédent dans l’histoire du Maroc, et n’a été contesté sur le plan politique par aucune organisation. Selon Abdelaziz Ioui, l’échec du plan d’urgence est en fait « un échec de l’approche technocratique dans la gestion du secteur ».
Pour sa part, le chercheur Ahmed Assid s’est penché sur la problématique des «  grands défis de l’amazigh dans l’enseignement ». Il a mis en question le modèle axé sur l’uniformisation depuis l’indépendance du Maroc. D’où l’idée selon laquelle la stabilité politique passe par l’adoption d’une seule identité de la nation. Mais, selon Ahmed Assid, la culture démocratique moderne a démontré les lacunes de ce modèle et confirmé que la stabilité politique peut être garantie par la diversité et la gestion rationnelle de cette diversité. « L’enseignement de l’amazigh, explique-t-il, dans les écoles marocaines est à même de former des élèves aux valeurs de la diversité et de la différence qui sont liées à l’esprit de tolérance et d’ouverture».
La  troisième séance, présidée par Ettijania Fertat, experte en éducation, a été consacrée au «Système éducatif et enjeu du développement économique et social ». Abordant la question de « la qualité de l’économie et la réforme de l’enseignement », Driss Akhrouz a déploré, pour sa part, que plusieurs détenteurs de doctorat cessent d’écrire leur soutenance. Il a également défendu l’idée d’enseigner la philosophie et les sciences sociales même dans les facultés des sciences, d’ingénierie et de médecine, « car on constate souvent que des médecins et des ingénieurs sans culture générale nous donnent des leçons dans le Fiqh, la langue… ».
Abdelkrim Merroun, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur, a axé son intervention sur « L’université et la société: quel rapport entre la recherche scientifique et le développement ?». Il a analysé la relation entre la recherche scientifique et le développement, tout en s’interrogeant sur l’approche susceptible de concrétiser les slogans tels « l’université au service de la société ».
Pour la mise en valeur de la recherche scientifique au Maroc, Abdelkrim Merroun a appelé au travail collectif. Dans ce sens, il a proposé de créer 4 pôles de recherche répartis sur les quatre régions du Maroc.


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