Diversifier l’approvisionnement en vue de contourner le retard des livraisons

Après AstraZeneca et Sinopharm, Johnson & Johnson et SputnikV devraient renflouer la liste des vaccins adoptés par le Maroc


Chady Chaabi
Mercredi 10 Mars 2021

I l était attendu. Il a été franchi. Au vrai, ce n’est pas une surprise si le cap des 4 millions de Marocains à avoir reçu la première dose du vaccin a été dépassé (4.017.087 personnes). En parallèle, 717.113 personnes ont reçu la seconde dose. Et maintenant? La difficulté d’approvisionnement fait planer sur la campagne de vaccination nationale un ralentissement pour le moins contrariant. Les fournisseurs de vaccins au Maroc, CNBG Sinopharm et AstraZenenca, via le Serum Institute of India pour ce dernier, sont très loin de répondre aux attentes et besoins du gouvernement marocain qui tablait sur une cadence de vaccination élevée pour atteindre l’objectif de 30 millions de citoyennes et citoyens vaccinés avant mai. Scénario improbable. La problématique des retards de livraison, tous les pays du monde y sont confrontés, sans exception. Alors que faire pour éviter que les efforts des autorités sanitaires marocaines ne tombent à l’eau ? En partant du principe que les défauts d’approvisionnement ne seront certainement pas réglés de sitôt, l’une des solutions envisagées consiste à se tourner vers d’autres fournisseurs. Mais si le gouvernement marocain a payé en avance les 65 millions de doses des vaccins commandées aux labos chinois Sinopharm et britannique AstraZeneca, la facture n’en sera que plus corsée. Mais à l’évidence, cela n’effraie pas le Royaume. En effet, il semblerait que le comité technique de vaccination au Maroc ait pris la décision de valider deux nouveaux candidats-vaccins. Dans un document relayé par ‘’Médias24’’, le comité technique de vaccination explique que compte tenu de ‘’la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) qui continue à émerger dans le monde et dans notre pays avec l’apparition de nouveaux variants du virus, cela nous incite à adapter les outils thérapeutiques et scientifiques et nous pousse à diversifier l’approvisionnement en vaccins dont le Royaume pourra en bénéficier". Les sources d’approvisionnement en question seraient le vaccin russe Sputnik V et l’antidote de Janssen Pharmaceutical du groupe Johnson & Johnson. Développé entre les murs de l’Institut de recherche Gamaleya/Russia’s Ministry of Health, Sputnik V présente plusieurs garanties. D’abord, c’est un vaccin à vecteur viral non réplicatif, à l’image de celui d’AstraZeneca. Dans la revue scientifique The Lancet, les résultats publiés concernant Sputnik V (V pour vaccin), évoquent une efficacité de 92%, personnes âgées de plus de 65 ans comprises. Pour atteindre ce taux d’efficacité, deux doses sont nécessaires, la seconde 21 jours après la première injection. Dans cette même étude, les évènements indésirables rapportés étaient de grade 1. Soit une absence d’effets indésirables graves. Plusieurs pays ont approuvé Sputnik V qui doit être conservé entre 2 et 8°C, à savoir les voisins algériens et tunisiens, l’Egypte, le Gabon, le Ghana, la Guinée, Bahreïn, l’Argentine et le Honduras, entre autres. S’agissant du vaccin développé par Janssen Pharmaceutical du groupe Johnson & Johnson, il est plus répandu sur le continent américain, où la Food and Drug Administration (FDA) a accordé une autorisation d’utilisation en urgence aux Etats-Unis et au Canada une autorisation conditionnelle de mise sur le marché, comme au Bahreïn et en Afrique du Sud. Lui aussi, vaccin à vecteur viral non réplicatif, pouvant être conservé entre 2 et 8°C mais pas plus de trois mois, l’Ad26.COV2.S, de son nom scientifique, fait de plus en plus d’émules à travers le monde donc. Contrairement au Sputnik V, une seule dose suffit pour atteindre une efficacité estimée à 72% aux Etats-Unis et 64% en Afrique du Sud. Pour ce qui est des essais cliniques, un pourcentage des effets indésirables, y compris les effets indésirables graves, a été constaté à l’équilibre entre les deux groupes vacciné et placebo. En somme, les deux vaccins précités sont prometteurs mais sont également assujettis à un rythme de production qui est loin d’atteindre des sommets. Si les Russes n’ont publié aucune donnée quant à leur capacité de production, Johnson & Johnson table sur la production d’un milliard de doses en 2021 dont 30 millions commandées par le Royaume-Unis, 200 millions par l’Union européenne, 38 millions de doses seront destinées au Canada et 500 millions au programme COVAX de l’Organisation mondiale de la santé, destinées aux pays qui n’ont pas les moyens de se payer le vaccin. Le Maroc doit ainsi tirer son épingle du jeu. Ce qui est loin d'être évident. 


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