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Des centaines d’immigrés enfermés en attendant leur expulsion : Lampedusa et Malte débordées


AFP,AP
Jeudi 19 Mars 2009


Le voyage vers l’eldorado européen d’Africains de plus en plus nombreux s’arrête à Malte, bien avant les côtes italiennes, leur objectif de départ. A la suite d’un naufrage ou d’un arraisonnement dans les eaux territoriales du plus petit Etat de l’Union européenne, ils sont, depuis janvier, plus de 800 à s’être échoués ici, en provenance des côtes libyennes.
Indésirables, ces migrants sont systématiquement enfermés dès leur arrivée dans l’un des trois centres de détention de l’île, véritables camps dans lesquels ils tentent de survivre.
Dans le camp d’Hal Far, les hommes logent dans des tentes, souvent trouées, sans chauffage ni électricité, exposées au froid l’hiver, à la canicule l’été. A l’intérieur des tentes, deux enfilades de lits superposés collés les uns aux autres, sur le devant desquels les migrants tendent des bâches en plastique ou des couvertures sales pour se protéger de la poussière et se créer un peu d’intimité.
Les femmes seules et les familles avec enfants sont hébergées dans un bâtiment aux murs décrépis et suintants.
Ouverts indifféremment aux hommes et aux femmes, les sanitaires sans eau chaude ni porte (deux douches et deux toilettes pour soixante personnes) sont dans un état d’hygiène désastreux. Les cas de variole, de gale, de tuberculose et les infections respiratoires se répandent.
Pour protester contre ces conditions “inacceptables”, Médecins sans frontières vient de suspendre sa mission humanitaire.
Dans ces camps, les migrants ne peuvent pas sortir durant au minimum deux ou trois mois. Pour la plupart, l’enfer dure bien plus longtemps, jusqu’à dix-huit mois. Ce n’est souvent pas avant huit mois qu’ils peuvent enfin rencontrer la commission maltaise des réfugiés. Venus principalement de Somalie, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Soudan mais aussi de Côte d’Ivoire, du Nigeria ou du Congo, tous, pour ainsi dire, attendent cette échéance dans l’espoir d’obtenir l’asile. Très peu (19 en 2008) se voient accorder le statut de réfugié en vertu de la Convention de Genève. Un bon nombre (1 387 sur 2 692 en 2008) finissent cependant par obtenir une “protection subsidiaire”, l’équivalent d’un permis de séjour accordé pour un an renouvelable.
Une fois sortis du camp, ils redécouvrent une liberté factice dans l’un des neuf autres centres de réfugiés dits ouverts de l’île, censés faciliter leur intégration à la société maltaise. Là, munis d’un petit revenu d’assistance (4 à 5 euros par jour), ils tuent le temps entre une épicerie, un bar, une salle d’accès à Internet improvisés. “Tout est fait pour qu’ils n’aient pas de raison de sortir”, relève Neil Falzon du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR).
A Lampedusa, petite bande de terre italienne plus proche de la Tunisie que de la Sicile, la situation n’est pas moins explosive. Du 11 au 14 mars, quelque 600 immigrés y ont encore débarqué. Jusqu’en décembre, les migrants arrivant sur l’île n’y restaient pas, très vite transférés sur la péninsule dans des centres adaptés. Mais en janvier, le gouvernement italien a décidé de transformer le centre de secours et de premier accueil en un centre d’identification et d’expulsion. Du coup, jusqu’ici acceptables pour un centre de transit, les conditions d’accueil pourraient finir par ressembler à celles de Malte. Rien ici n’est prévu pour un accueil de longue durée. Déjà, les associations ont relevé des entraves dans l’accès à la procédure d’asile.
Le 12 mars, ils étaient 668 enfermés dans le centre en attente d’une expulsion, entassés dans des bâtiments conçus pour 380 personnes. Tunisiens et Marocains pour la plupart, certains étaient déjà là depuis soixante jours. Car même si l’Italie a signé des accords de réadmission avec leurs pays, ceux-ci ne sont pas prêts à voir revenir par charters entiers leurs ressortissants.



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