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Conférence internationale à Marrakech : La Protection civile face à ses responsabilités


Mohamed RAMI
Mercredi 28 Octobre 2009

Conférence internationale à Marrakech : La Protection civile face à ses responsabilités
La Faculté de droit de Marrakech a abrité, les 23 et 24 octobre, une conférence internationale sous le thème :«La Protection civile : quels moyens pour quelle protection?». La pertinence de ce conclave qui a réuni une brochette d’universitaires, de chercheurs, de responsables de la Direction générale de la Protection civile ainsi que des hauts gradés des sapeurs-pompiers de France, réside dans le fait qu’il s’agit de la première rencontre du genre au Maroc à s’intéresser, de manière académique et universitaire, à cette question de la protection civile.
Cette pertinence tient également à la qualité des thèmes choisis : «Théories nouvelles sur les missions publiques et la Protection civile», «La protection civile et le principe de précaution», «La protection civile, notion de risque et défi de mission de service public», «La protection civile et la planification des secours», «La protection civile et l’aménagement de l’espace», «La protection civile et le maintien de l’ordre», «La mise sur agenda des problèmes de protection civile : élément d’une problématique» et «L’organisation internationale de la protection civile : une institution autonome à vocation universelle».
Les participants ont débattu également de «La protection civile et la problématique de l’indemnisation de la victime», «La nanotechnologie : un progrès, promesse ou menace dans le domaine de la protection civile ?», et «La protection civile et la responsabilité administrative ».     
Dans son discours prononcé au nom de la DGPC, Mohamed Salami a rappelé que c’est pour la première fois qu’un colloque national et international sur la protection civile se tient au Maroc, se posant la question : pourquoi un tel vide ? Alors même que c’est un domaine d’une importance exceptionnelle comme le prouve, d’ailleurs, le nombre de rencontres, de séminaires et d’ateliers initiés dans d’autres pays.
M. Salami a constaté également une absence de recherches sur la problématique de la protection civile ainsi que la faible implication de l’université dans ce domaine. «C’est pourquoi je tiens à rendre un vibrant hommage à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech et à la Faculté de droit qui a eu le mérite de prendre l’initiative d’organiser ce premier colloque international sur la protection civile», a-t-il dit, non sans fierté.
«L’organisation administrative de la protection civile au Maroc a contribué aussi à cette pénurie d’actions et la mise en place de structures opérationnelles ayant une apparence militaire a conduit à des confusions lamentables et créé une certaine méfiance des tiers à l’égard de ces structures», a estimé encore M. Salami, faisant remarquer que ces structures administratives de pilotage de l’activité de la protection civile au Maroc n’ont pas été suffisamment impliquées dans les différentes instances internationales, régionales et sous-régionales qui s’occupent des questions de protection des personnes et des biens contre les risques de catastrophe.
Il a, en outre, estimé que les cadres concernés, versés la plupart du temps dans les activités administratives et opérationnelles et peu outillés en termes d’instruments de réflexion et de recherche, sont de simples “consommateurs” de documents et travaux réalisés principalement par les professionnels et les chercheurs dans l’Hexagone.
M. Salami a mis l’accent aussi sur la notion de «protection civile» pour dire que celle-ci est une responsabilité commune et une mission partagée entre toutes les couches de la société, estimant que tout un chacun est tenu d’y apporter sa contribution, soit par action soit par abstention.
Suivant son raisonnement, il a relevé que “chacun doit agir selon ses moyens pour protéger sa vie et celle des autres et chacun est tenu de s’abstenir de commettre des actes qui peuvent nuire à sa sécurité et à celle d’autrui”, rappelant qu’il est du devoir de l’université marocaine, au moins, d’encourager la recherche dans le domaine de la protection civile et de mettre en place des formations à même de développer le savoir et les capacités nationales.
Malgré ces constats qui renvoient manifestement à des insuffisances, le bilan des dernières années n’est pas du tout morose en termes de prévention des risques, de préparation et d’intervention pour l’atténuation des effets des catastrophes, a-t-il noté, mettant en avant les investissements colossaux qui ont été engagés pour le développement des infrastructures et des équipements de secours, ainsi que pour le recrutement et la formation des spécialistes en la matière.
«Des efforts louables ont été déployés pour le développement de synergies entre les différents intervenants, qu’il s’agisse d’institutions publiques, semi-publiques ou privées», selon M. Salami qui a fait part de son regret que le Maroc ait connu, ces dernières années, des événements tragiques qui ont donné l’impression que les pouvoirs publics n’ont rien fait. Et d’ajouter que la dynamique que le Royaume ne cesse de connaître, génère des problèmes collatéraux, telle que l’urbanisation effrénée qui aggrave l’ampleur des risques, expliquant que ces problèmes atténuent l’importance des efforts qui sont consentis par l’Etat et les autres collectivités. Et de conclure que l’enjeu pour l’avenir sera justement de bien prendre en considération ces problèmes dans toute action de planification dans le domaine de la protection civile.
Le doyen de la Faculté de droit de Marrakech, le professeur Mhammed Mrani Zentar, a estimé que dans tous les pays, les partenariats sont aujourd’hui le moteur principal du développement et de la coopération, mettant l’accent sur l’importance des partenariats et des échanges scientifiques dans la mise en place de réseaux d’excellence qui associent des équipes partenaires des centres de recherche.
Mrani Zentar a estimé, en outre, que la protection civile qui est aussi un service public de première urgence, aurait pour mission non seulement la prévention des risques et périls de toute nature, mais aussi la sûreté et la sécurité civile des personnes, des biens, et de l’environnement lors des accidents, des sinistres ou des catastrophes. Et de poursuivre que ceci se réaliserait d’abord par la préparation et la mise en œuvre de mesures et moyens appropriés et ensuite par la résorption et la prise en charge de toutes les conséquences d’ordre juridique, juridictionnel et matériel qui en résultent.
Pour Mrani Zentar, quelle que soit l’ampleur des efforts engagés, «l’expérience nous a appris que le risque zéro n’existe pas. C’est pourquoi il s’agit de réfléchir, dans une démarche concertée, sur la prévention des risques et la gestion des crises d’origine naturelle et technologique».
Même son de cloche chez le président du Réseau européen des missions publiques, Marcel Piquemal qui a mis en exergue l’importance de plus en plus grandissante de la protection civile, notamment à l’heure actuelle, où le monde ne cesse de connaître des bouleversements en profondeur, liés aux changements climatiques et aux actions de l’homme, engendrant une multiplicité de risques et de dangers.
Il a, par ailleurs, salué l’organisation de ce colloque qui, a-t-il dit, constitue une occasion pour les experts marocains et étrangers d’échanger leurs connaissances, leurs expertises et expériences et surtout d’établir des liens de coopération scientifique de plus en plus étroits, notamment dans des domaines aussi importants que celui de la protection civile.
Cette conférence a été organisée par le Groupe de recherche administration et politiques publiques émergentes (GRAPPE) de la Faculté de droit de Marrakech, en partenariat avec la Direction générale de la protection civile (DGPC) et le Réseau européen des missions publiques (REMP).


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