Charité bien ordonnée…


Par Mohamed Jaouad Kanabi
Vendredi 16 Décembre 2016

Charité bien ordonnée…
Xénophon, ce disciple fidèle de Socrate, offrait de multiples visages. Bien plus que le mercenaire et le chef militaire de la Grèce antique, on retiendra, avant tout, le philosophe, le romancier et l’historien cultivé, à la palabre facile qui maniait aussi bien l’épée que la plume. Mais ça, c’était l’Athènes du cinquième siècle avant J.C.
Bien des siècles après et à une autre géographie quelque peu approximative, d’un bond dans l’espace et le temps et sur les rives de ces fameux Jardins des Hespérides, là, justement, où Hercule de son onzième travail forgea sa légende, c’est une tout autre histoire qui est en train de s’y dessiner.
Malheureusement, des vertus des leçons de Xénophon, telles l’estime de soi-même et des devoirs sociaux, l’obligation de s’instruire et autre piété, du côté des Colonnes et de la Grotte, on aura en fait, retenu que le mercenaire et son sabre.  
Et pour cause ! Il n’est pas un jour où il n’est pas rapporté, autres temps autres mœurs, sur les réseaux sociaux ou par presse interposée des cas de ‘’tcharmil’’. En ces temps où la communication est reine, la délinquance plus juvénile qu’une autre est mise à nu sous toutes ses facettes. Il suffit pour cela d’être connecté pour apprécier à loisible les exploits de voyous, de vandales, qui s’en prennent à tout et plus particulièrement à l’intégrité physique d’honnêtes gens.
Agressions aux couteaux, coutelas, sabre et épée, rixes sanglantes entre bandes rivales, trains attaqués, personnes âgées et femmes délestées de leurs biens, voire même violées ou égorgées, scènes de ‘’tcharmil’’ sur les plages sont, entre autres, autant d’images qui circulent sur les réseaux sociaux. Pire, les adeptes de ce phénomène des temps modernes vont jusqu’à se pavaner et exhiber leurs butins et autres armes blanches ou même à feu, sur Facebook, etc. tout en narguant les autorités et les forces de l’ordre.  
Nous aurons beau nous tailler les excuses les plus ajustées quant à cette occurrence et y voir dans les oisivetés, les pauvretés et toutes les précarités du monde, les mères de ce vice, tant que l’indifférence et une lâcheté complice face à cette violence quotidienne persisteront, notre société n’en deviendra que plus putride devant un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Le seul remède au cauchemar est pourtant singulier. C’est le réveil. Aussi brutal et douloureux puisse-t-il être, il n’en est que réparateur.  Charité bien ordonnée commence par soi-même, dirait l’adage.


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