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Ces petites filles que l'on torture à domicile : Criminaliser le travail des enfants


Narjis Rerhaye
Samedi 4 Septembre 2010

L'employeuse de Fatima, cette petite bonne de 12 ans, a été condamnée, en première instance, à un an de prison ferme. Le verdict est donc tombé dans une affaire de maltraitance et de torture d'une enfant mineure, condamnée aux travaux ménagers à domicile contre 500 DH par mois remis au père de cette très jeune victime.
L'année dernière, aux premiers jours de Ramadan, éclatait une affaire similaire. Celle de Zineb, une autre petite bonne torturée, elle aussi par son employeuse qui était de surcroît l'épouse d'un juge. Ce dossier avait  remis sous les feux de l'actualité l'innommable, c'est-à-dire le travail des petites filles en tant que domestiques. Cette petite fille, non plus  n'a pas eu droit à l'humanité mais elle  a eu droit à la justice.  Là encore, la sentence est tombée : 3 ans et demi de prison ferme pour l'employeuse bourreau des temps modernes
Ces affaires médiatisées à juste titre serviront-elles d'exemple ? Pas si sûr.
Derrière les portes closes des maisons, chez nous, des petites filles arrachées à leurs familles et à l'école, sont condamnées aux pires travaux ménagers. Des petites filles domestiques, corvéables à merci. Et combien sont-elles dans notre pays, ces petites bonnes dont l'enfance a été confisquée, combien sont-elles ces petites filles -qui n'ont pas eu droit à l'éducation- à travailler sans compter chez des employeurs qui s'accommodent très vite de voir des enfants faire leur lessive, leur ménage, leur vaisselle contre quelques centaines de dirhams envoyés aux parents.
L'Organisation internationale du travail n'a de cesse à le dire : lorsque les enfants nettoient, cuisinent, s'occupent des enfants de leurs employeurs ou font des travaux ménagers pénibles, ils sont privés de leurs droits les plus élémentaires en tant qu'enfants. Parce que ces gosses travaillent derrière des portes closes, Ils n'ont pas non plus accès à la protection à laquelle ils ont droit. Parfois derrière ces portes fermées, dans le secret de ces demeures, ces petites filles croisent l'horreur.

Se mettre d'accord sur une même loi
"Le 12 juin dernier, le monde commémorait  la Journée internationale contre le travail des enfants, une journée instituée, il y a quelques années déjà, en 2002, par l'Organisation internationale du travail. L'urgence était enfin apparue aux décideurs du monde. La sonnette d'alarme tirée par des sociétés civiles longtemps en colère avait été enfin entendue. Des centaines de millions de garçons et de filles sont astreints, de par le monde, à travailler en violation complète de leurs droits fondamentaux : droit à la liberté, droit à l'éducation, droit à la santé, droit aux loisirs", rappelle avec vigueur un spécialiste du droit du travail.
Aujourd'hui, le gouvernement d'Abbas Al Fassi annonce un projet de loi interdisant le travail des enfants. Le gouvernement s'indigne du travail forcé des gosses. Deux ministres se sont même fait concurrence sur un texte de loi. "Il faut se mettre d'accord sur une seule et même loi. Avec deux lois en parallèle, on n'y arrivera jamais. Tout le monde doit trouver un compromis  pour faire face à ce fléau dont l'ampleur augmente de jour en jour. Toutes les lois internationales interdisent le travail des enfants de moins de 15 ans", a expliqué l'avocate de la partie civile dans l'affaire de Fatima Me Zahia Ammoumou, dans une interview accordée à nos confrères de "Soir échos".
Une  nouvelle loi  donc qui doit non seulement interdire le travail des enfants mais aussi et surtout le criminaliser. Que vaut une loi sans sanction? L'adoption d'une vraie loi qui sanctionnerait ceux et celles qui font travailler des enfants et en particulier des petites filles, des employeurs aux intermédiaires est une urgence absolue. Et parce que l'emploi de ces petites filles nous renvoie à notre propre miroir, celui d'une société qui s'accommode de voir des enfants à l'ouvrage et à la corvée, il est impérieux de briser ce miroir. "Rien ne saurait justifier le travail des enfants en général et des petites filles en particulier. Souvent, c'est l'étendard de la pauvreté qui est brandi, histoire de se donner bonne conscience. Si les parents doivent assumer leurs responsabilités, l'Etat aussi. En principe, l'école est obligatoire. Dans les zones rurales, là où la précarité fait rage, la classe, quand elle existe, n'est plus qu'un luxe en l'absence de mesure pour inciter les parents à envoyer leurs gosses à l'école. Pour sauver ces enfants de cette nouvelle forme d'esclavage, l'école devrait être inscrite au rang de priorité absolue des pouvoirs publics", conclut cette activiste qui n'en finit pas de se battre pour la criminalisation du travail des enfants.


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