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"Bus de l'enfer" A Bangkok, la ligne 8 au tournant de son parcours tortueux


Libé
Vendredi 7 Octobre 2022

"Bus de l'enfer" A Bangkok, la ligne 8 au tournant de son parcours tortueux
"Fast and Furious" dans les rues de Bangkok ? La ligne de bus N.8, crainte pour ses incidents en pagaille, incarne la circulation dense et dangereuse dans la capitale thaïlandaise, qui mise en partie sur l'électrique pour retrouver la paix sur la chaussée.

Une bagarre entre conducteurs, des accrochages sur la route, des feux rouges grillés, des dépassements illicites... Ces dernières années, plusieurs fois la ligne 8 a été flashée dans la rubrique faits divers, au point d'en devenir un phénomène sur les réseaux sociaux.
"Plus rapide que l'enfer", clame une chanson parodique de 2016, visionnée plus de 25 millions de fois sur YouTube.

La carrosserie rose et bleue des autocars ne dépare pas dans le trafic désordonné de Bangkok, où tuk-tuk, motos, voitures et camions se disputent le moindre carré de goudron face à des piétons livrés à eux-mêmes.

"C'est comme une compétition", lance Aphisak Sodmui, surnommé "Boy", 39 ans, l'un des chauffeurs de la ligne 8, au volant de son bus d'un autre âge, non-climatisé, au plancher en bois, qu'il conduit depuis dix ans environ.

S'il n'a jamais eu d'accidents, il reconnaît quelques accrochages avec des pick-up le long de l'itinéraire de 30 kilomètres qu'il emprunte plusieurs fois par jour, des rives du fleuve Chao Phraya à la banlieue est de la capitale.

Depuis 2011, trois personnes sont décédées dans des accidents impliquant un autocar de la ligne 8, qui ont révélé les dysfonctionnements d'un système à bout de souffle dans la métropole d'environ dix millions d'habitants.
 
 Les sociétés privées, qui exploitent les lignes concédées par la métropole, ont été critiquées pour pousser les chauffeurs, payés en partie en fonction du nombre de passagers, à faire du chiffre au détriment de la sécurité.

"Même au sein d'une même entreprise, ils se font la course entre eux pour récupérer des passagers", analyse Sumet Ongkittikul, spécialiste des questions de transport.

En plus d'un salaire journalier fixe compris entre 150 et 200 bahts, soit environ cinq euros, Aphisak Sodmui touche une commission de 10% sur les billets vendus. Il commence sa journée autour de 4 heures du matin, pour la finir vers 9 heures du soir, cinq jours sur sept.
"Nous devons parcourir toute la ligne au moins quatre fois par jour pour avoir assez d'argent pour vivre", précise-t-il. Un pari dans une ville souvent paralysée par les embouteillages, sans files spéciales dédiées aux bus.

Il y a de la concurrence entre chauffeurs, mais "pas au point de faire peur" au public, se défend Yothin Wuttisakchaikul, dit "Nui", dont la famille gère une des trois entreprises qui ont obtenu la concession de la ligne 8.

Du côté des autorités, le nouveau gouverneur de Bangkok Chadchart Sittipunt, ancien ministre des Transports sous le gouvernement de Yingluck Shinawatra renversé par le coup d'Etat de 2014, a promis d'alléger les embouteillages "d'ici un an".

Des travaux pour étendre le MRT, l'un des deux réseaux de métro de la ville, qui ne comporte que deux lignes, sont notamment en cours. Le plan prévoit aussi de moderniser la flotte de bus avec des modèles électriques.
Sur la ligne 8, 20 bus électriques gérés par un nouvel opérateur, sur la soixantaine en tout qui circulent, ont commencé leur service fin août.

"La ligne 8 est dans une période de transition. Ce que nous espérons, c'est que le nouvel opérateur va plus s'investir pour former les conducteurs, jeunes ou vieux, à se comporter mieux", explique Sumet Ongkittikul.

"Avec les vieux bus, il y avait le risque d'avoir pas mal d'excès de vitesse. Les nouveaux bus sont bien meilleurs sur cet aspect-là", assure une passagère, Sai Pin, 47 ans.

"La plupart des passagers que je connais ne sont pas d'accord avec les nouveaux bus", dont le ticket est trop cher pour eux, répond Aphisak Sodmui, lui-même préférant conduire des bus à l'ancienne, "sans pouvoir l'expliquer".

Quant aux nouveaux bus électriques, qui circulent sous la banière de la ligne 2-38 comme pour éviter de la mauvaise publicité faite à la 8 ces dernières années, un d'eux a percuté l'arrière d'un autre autocar dès son premier jour.


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