
Le couvre-feu nocturne en vigueur depuis des années à Bagdad a été levé samedi à minuit. Au moins 32 personnes ont été tuées au cours des heures précédentes dans des attaques dans la capitale irakienne.
Alors que l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) contrôle de larges pans du territoire irakien, Bagdad est considérée comme à l'abri d'une attaque majeure des jihadistes. Mais elle reste la cible d'attentats réguliers visant en particulier les forces de sécurité ou la communauté chiite.
Samedi, l'attaque la plus sanglante s'est produite dans un restaurant du quartier Bagdad al-Jadida. Un kamikaze a fait détonner sa ceinture d'explosifs, tuant au moins 23 personnes et faisant près de 43 blessés, selon des responsables.
Une autre attaque, dont le mode opératoire reste encore incertain, a fait au moins neuf morts et 28 blessés dans un centre commercial du cœur de la capitale irakienne.
Les cafés et restaurants, qui pourront rester ouverts après minuit, espéraient une hausse de leur activité avec la fin du couvre-feu. Symboliquement, l'attaque de samedi a visé l'un d'eux. Le couvre-feu avait été établi afin de mettre un frein aux violences particulièrement meurtrières du milieu des années 2000.
Les autorités irakiennes ont exigé que les rues importantes de la capitale soient rouvertes "afin de faciliter le mouvement des citoyens" et que les quartiers d'Azamiyah et Kazimiyah, dans le nord de Bagdad, soient des "zones démilitarisées". Les barrages de l'armée et de la police à travers Bagdad causent d'énormes embouteillages, ce qui exaspère nombre d'habitants de la capitale.
Par ailleurs, dans le nord et l'ouest du pays, les forces kurdes et l'armée gouvernementale, appuyée par des milices alliées, tentent de poursuivre la reconquête des régions tombées aux mains de l'EI. Un nouveau charnier contenant les restes des corps de 23 hommes yazidis a été découvert dans un secteur récemment libéré près du village de Bardiyane. Les victimes avaient toutes été tuées par balles et certaines avaient les mains attachées. Les combattants kurdes avaient déjà découvert les restes des corps de 25 Yazidis --hommes, enfants et femmes-- dans un charnier situé plus au sud, dans le secteur du Mont Sinjar, un fief de cette communauté kurdophone.
Considérée comme hérétique par l'EI, la minorité yazidie a été particulièrement visée par les jihadistes. Ils ont procédé à de multiples exécutions d'hommes et enlevé des centaines, sinon des milliers, de femmes, vendues comme épouses aux jihadistes ou réduites à l’état d'esclave sexuelle, selon Amnesty International. L'EI, accusée de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité, multiplie les exactions dans les régions sous son contrôle en Irak comme en Syrie voisine.