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Les femmes victimes de violences voient leur vie transformée en un enchaînement de peurs constantes, leurs trajectoires bouleversées à jamaisCe rapport révèle que 83.000 femmes et filles ont été tuées intentionnellement l’année dernière, dont 60% par un partenaire intime ou un membre de leur famille, soit 137 féminicides par jour. En comparaison, la proportion d’homicides commis par des partenaires intimes ou des membres de la famille à l’encontre des hommes n’est que de 11 %.
Les féminicides ne surviennent pas de manière isolée, ils s’inscrivent souvent dans une suite continue de violences, dont les premiers signes peuvent sembler anodins : un comportement brutal, banalisé au point de paraître normal, avant d’évoluer vers des violences physiques, des menaces qui ne sont pas prises au sérieux, ou encore des commentaires violents dans l’espace numérique qui se transforment parfois en agressions matérielles inattendues.
Ce rapport, qui coïncide avec les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, célébrés dans le monde du 25 novembre au 10 décembre, nous rappelle que le foyer demeure un espace dangereux, voire mortel, pour de nombreuses femmes.
Si la violence à l’égard des femmes constitue l’une des formes d’injustice les plus anciennes et les plus répandues de l’histoire de l’humanité, elle est aussi l’une des moins traitées, malgré ses effets sanitaires, psychologiques, économiques et sociaux profonds, souvent impossibles à oublier. Les femmes victimes de violences voient leur vie transformée en un enchaînement de peurs constantes, leurs trajectoires bouleversées à jamais.
Les chiffres révélés dans ce rapport, ainsi que ceux publiés par l’Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale, des ONG et des institutions de défense des droits humains dans les pays où ces données existent, montrent un indicateur inquiétant : ces tendances n’ont pratiquement pas changé au cours de la dernière décennie. Cela révèle l’inefficacité, pour ne pas dire l’échec, des mesures adoptées pour éradiquer ce fléau. Ces chiffres, bien qu’élevés, restent encore en-deçà de la réalité, notamment dans les zones de conflit et de guerre où les féminicides ne sont pas comptabilisés, ainsi qu’en raison de la diversité des définitions et des critères utilisés par les États pour qualifier un homicide de féminicide, c’est-à-dire un meurtre commis parce que la victime est une femme.
Ainsi, la violence contre les femmes demeure l’une des crises de droits humains les plus graves, face à laquelle on observe une absence persistante de protection juridique efficace, ainsi que des systèmes judiciaires parfois injustes, voire complices de l’impunité.
Ce qui accentue la gravité de la violence à l’égard des femmes, c’est qu’elle se produit quotidiennement, engendrant des dommages physiques, économiques et psychologiques à court et à long termes, compromettant leur participation pleine et égale à la vie sociale, économique et politique, tout en rendant difficile la mesure précise de son impact réel.
Au Maroc, selon le bilan du ministère public concernant les crimes et délits commis contre les femmes en 2023, 31.552 crimes et délits ont été enregistrés. Le mari est le premier auteur de violences, avec 14.774 affaires, soit 46,83% de l’ensemble des auteurs. Il s’agit presque exclusivement de violences liées à la vie conjugale, dominées par l’abandon de famille avec 5.323 cas, tous commis par le mari, l’expulsion du domicile conjugal avec 2.003 cas, tous commis par le mari, des violences entraînant une incapacité inférieure à 20 jours avec 3.318 cas, tous perpétrés par le mari.
Sur le plan socioéconomique, les chiffres montrent que les principales victimes sont les femmes sans emploi (20.353 victimes), suivies par les femmes non scolarisées (14.965 victimes), confirmant ainsi le lien entre précarité et exposition à la violence.
Ces données ne reflètent toutefois pas entièrement la réalité des violences, en raison des multiples obstacles qui entravent le signalement, notamment la peur de représailles, la lenteur des procédures d’accès à la justice, l’absence de dispositifs garantissant confidentialité et protection des victimes, l’insuffisante mise en œuvre des mesures de protection des témoins et des victimes, ainsi que les contraintes socio-culturelles poussant les femmes au silence ou au retrait des plaintes. L’impunité perdure également du fait des obstacles légaux, procéduraux et pratiques qui empêchent les survivantes d’accéder à la réparation, en plus des lacunes législatives dans la criminalisation de certaines formes de violence et du manque d’harmonisation de la législation nationale avec les normes internationales.
Si la violence contre les femmes touche toutes les sociétés, les femmes vivant dans des zones de conflit, de guerre ou confrontées aux effets du changement climatique extrême demeurent les plus exposées à toutes les formes de violence. Dans ce contexte, et dans le cadre du débat mondial sur la violence systémique contre les femmes dans les zones de conflit, l’Internationale socialiste, réunie cette semaine à Malte avec la participation d’une délégation de l’Union socialiste des forces populaires, a adopté le thème :
«Briser l’impunité et garantir la protection : un agenda d’action pour les femmes victimes de violences en temps de guerre».
Ce choix reflète son engagement continu contre les violences sexuelles, physiques et psychologiques subies par les femmes dans les conflits armés, ainsi que la nécessité de mettre en œuvre les législations nationales et internationales, d’assurer l’accès des femmes à la justice et de mettre fin à l’impunité.
Les discussions représenteront aussi une chance pour démontrer que les femmes ne sont pas seulement des victimes de guerre, mais aussi des actrices clés de la construction de la paix, de la restauration de la sécurité dans leurs communautés et de la défense des valeurs d’égalité et de justice.
Par Fadoua Rajouani










