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Et ceux et celles de la nouvelle scène ne sont pas les seuls à applaudir. Tous ces hommes et femmes de culture dont l’art dérange car échappant aux conventions du «religieusement correct » que tentent d’imposer les conservateurs de tous poils- ne cachent pas non plus leur satisfaction après le discours Royal et la référence faite à la culture.
«La culture constitue de nos jours un levier fondamental pour la création, l’innovation ; le ressourcement spirituel et l’affirmation de la personnalité nationale. Elle est le catalyseur qui dynamise notre société, une société aussi fière de ses affluents pluriels et de sa civilisation séculaire, qu’elle est attachée à sa diversité et à son ouverture sur le monde », a affirmé le Souverain dans son discours adressé à la nation mais aussi et surtout à la jeunesse de ce pays.
Pour ce militant associatif qui travaille au plus près des jeunes dans les quartiers populaires, le message est on ne peut plus clair. «Oui au patrimoine culturel mais pas seulement. L’art et la culture sont universels et ne sont forts que dans leur rapport au monde. La modernité qui n’est pas seulement un slogan procède justement de cet esprit. Cette ouverture d’un pays aux affluents pluriels est aussi la marque de fabrique de notre pays. Les jeunes, les créateurs, le savent. D’autres feignent de ne pas le voir et s’accrochent bec et ongles à l’art propre, au patrimoine et à la culture authentique. Ailleurs, l’exception culturelle n’a jamais signifié l’enfermement, le ghetto et le niet à toute innovation et créativité. Dans son discours, le Roi l’a très clairement rappelé».
Le PJD et sa black list des artistes qui innovent et créent
Au lendemain de la victoire du PJD aux législatives, on se souvient des déclarations faites par l’islamiste et futur ministre du gouvernement Benkirane, Najib Boulif, qui s’offusquait de la pièce de théâtre autour du corps interprétée de manière magistrale par la comédienne Latifa Ahrar. «Nous encouragerons l’art propre», avait-il en effet déclaré sur les ondes d’une radio privée.
« Dans le cadre de son projet de société, le PJD a une vision bien à lui de la culture. C’est une vision étroite, étriquée. Derrière la bannière du patrimoine et de la culture authentique, le parti islamiste de M. Benkirane entend ne laisser aucune place à l’art qui innove, crée, fusionne, ne s’interdit aucune inspiration ni influence.Il ne faut pas l’oublier, à aucun moment dans la déclaration gouvernementale faite par M. Benkirane devant le Parlement, le mot modernité n’est prononcé. Si beaucoup feignent de l’oublier, des évènements et des déclarations intempestives de figures du Parti de la justice et du développement viennent le rappeler de manière cinglante. Il y a quelques mois à peine, des élus appartenant à la famille politico-religieuse de M. Boulif jetaient l’anathème sur le festival «Voix de femmes» qu’organise tous les ans à Tétouan l’ambassadrice du Maroc au Portugal Karima Benaych.
«Le parti d’Abdelilah Benkirane a sa black list d’artistes qui innovent et créent et qui ne sont pas vraiment halal à leurs yeux. D’ailleurs, ils ne se gênent pas pour leur asséner des critiques où l’intolérance et la diffamation ne sont jamais très loin», martèle ce réalisateur. Leila Marrakchi, Narjiss Nejjar, Noureddine Lokhmari, Ahmed Boulane ne sont pas vraiment en odeur de sainteté avec ces islamistes défenseurs d’un « art propre. Ils les accusent de tous les maux parce qu’ils s’élèvent sans autre forme de procès contre leur créativité et leur imaginaire. Dans son dernier discours, le Souverain a bien dit que la culture était un levier essentiel pour la création et l’innovation. J’invite tous ceux qui se dressent contre toute forme de création et d’innovation à revoir leur copie».
Un homme de gauche à la culture
C’est un homme de gauche, Amine Sbihi, qui occupe le portefeuille de la culture au sein du gouvernement Benkirane. Faut-il en faire une lecture politique «positive» sur le mode d’un PPS sauvegardant les acquis démocratiques et modernistes même si l’Exécutif a un devoir de solidarité? Ce responsable de gauche appartenant à un Exécutif conservateur saura-t-il s’inspirer de la devise de l’ancien premier ministre français, le socialiste Lionel Jospin qui affirmait dans sa déclaration de politique générale que «la culture est l’âme de la démocratie». En tout cas, le monde des arts et de la culture veut y croire et s’accroche à cet espoir comme à une bouée de sauvetage. Reste que pour l’heure, le ministre de la Culture a un parcours sans fautes.
«Rien n’est jamais irréversible en démocratie et rien n’est jamais complètement acquis non plus. Le Maroc n’a pas encore totalement franchi le gué. De nombreuses lois doivent voir le jour pour donner corps à l’esprit de la nouvelle Constitution. Et c’est justement au Parlement, haut lieu de la législation, que la bataille de la démocratie et de la modernité se jouera. Toute la question réside dans le degré de tolérance, d’ouverture et de démocratie dont font montre les forces politiques en présence. C’est la marque de fabrique de notre pays. Ces forces sont-elles capables de s’arrimer à l’universalisme, la caractéristique principale de la démocratie dont la culture est un vecteur fondamental? Voici la vraie question», conclut ce membre de l’Union des écrivains du Maroc.