Alger en flagrants délit et délire


​Mehdi Ouassat
Mercredi 10 Novembre 2021

La diplomatie par les fake news, une spécialité désormais algérienne

Alger en flagrants délit et délire
Décidément, les fiascos diplomatiques du régime algérien se suivent et se ressemblent rivalisant en absurdité et en stupidité. Si les échecs retentissants et successifs de la diplomatie algérienne expliquent parfaitement la campagne de diabolisation et de désinformation menée par Alger à l'encontre du Maroc, ils dépeignent également, de manière explicite et formelle, la nature du régime militaro- politique algérien, fondé sur la propagande mensongère et trompeuse.
La dernière bourde diplomatique du ministère algérien des Affaires étrangères remonte au 6 novembre courant. A l’issue d’un entretien entre Ramtan Lamamra, ministre des Affaires étrangères d’Algérie et son homologue italien Luigi Di Maio qui accompagnait le président de la République italienne, Sergio Mattarella dans sa visite d’Etat à Alger, la diplomatie algérienne s’est aussitôt empressée de s‘exprimer sur le sujet, dans un tweet sur son compte officiel, relayant de nouveau de fausses informations. «Dans le cadre de la visite d’Etat qu’effectue le président de la République d’Italie en Algérie, le ministre des Affaires étrangères Ramtan Lamamra s’est entretenu avec son homologue italien», lit-on dans ledit tweet du ministère algérien. «Ils ont notamment abordé les perspectives de renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays et les derniers développements dans la région du Sahel et du Sahara, ainsi que la situation en Libye et au Sahara occidental», précise le département Lamamra. (Voir capture d’écran N1).
Quelques heures seulement après cette énième tentative de fuite en avant du régime algérien et de sa diplomatie de pacotille, le ministère italien des Affaires étrangères a tenu à remettre les pendules à l’heure en publiant, lui aussi, un tweet dans lequel il met en lumière les sujets débattus lors de ce fameux entretien entre Luigi Di Maio et Lamamra, sans faire état d’une quelconque discussion à propos du dossier du Sahara marocain. «Le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a rencontré son homologue algérien Ramtan Lamamra, dans le cadre de la visite du président italien en Algérie», affirme-t-on sur twitter. «Ils ont notamment échangé sur leurs relations bilatérales et sur le commerce entre les deux pays, avant d’aborder les principaux dossiers régionaux, dont ceux relatifs à la Libye et au Sahel», a tenu à souligner la diplomatie italienne.(Voir capture d’écran N2)
Si le département de Ramtan Lamamra s’est limité à un tweet sans avoir tout de même poussé le culot jusqu’à rendre publique «la chose», à travers un communiqué officiel et encore moins via un communiqué conjoint avec le ministère italien des Affaires étrangères, c’est parce qu’il ne pouvait de toute évidence pas assumer la position italienne au sujet du dossier du Sahara qui, bien entendu, n’est pas du goût du régime algérien et ne va nullement dans le sens de ses prétentions et ses divagations.
Il s’agit, en effet, d’une position claire et sans équivoque, comme le réitère un communiqué conjoint entre les ministères des Affaires étrangères marocain et italien, publié mardi, à l’issue d’un entretien téléphonique entre Nacer Bourita et son homologue Luigi Di Maio, et dans lequel la partie italienne «salue» les efforts «sérieux et crédibles» menés par le Maroc dans le cadre des Nations unies en vue du règlement du dossier du Sahara. Rome encourage également «toutes les parties à poursuivre leur engagement dans un esprit de réalisme et de compromis», explique le communiqué.
Selon la même source, la position italienne n’a subi aucun changement et reste fidèle à celle «exprimée dans la Déclaration sur le partenariat stratégique multidimensionnel, signée le 1er novembre 2019 à Rabat». Lors de cet entretien, M. Di Maio a «réaffirmé le plein soutien italien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU pour poursuivre le processus politique, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment la Résolution 2602 du 29 octobre 2021», précise le communiqué.
Les deux pays ont également «convenu d’accélérer la mise en œuvre de leur partenariat stratégique multidimensionnel». «Les deux ministres ont aussi réaffirmé leur grand intérêt au maintien et au renforcement du cadre juridique qui lie le Maroc à l’Union européenne, qui est essentiel pour garantir la poursuite et la stabilité de leur partenariat stratégique», précise le communiqué.
Selon le journaliste algérien Oualid Kebir, «il s’agit là d’une énième gifle magistrale infligée par un pays européen à la diplomatie algérienne». «Elle accentue considérablement l’isolement de l’Algérie aussi bien sur la scène régionale qu'internationale», explique-t-il sur sa célèbre chaîne YouTube, avant d’affirmer que le contenu du communiqué conjoint du département de Nacer Bourita et celui de Luigi Di Maio «représente une autre brillante victoire de la diplomatie marocaine, puisque l’Italie y a réaffirmé son appui à la Résolution 2602 du 29 octobre 2021». Le journaliste algérien a également tenu à rappeler que «la diplomatie d’Alger ne pouvait évidemment pas publier de communiqué conjoint avec le ministère italien des Affaires étrangères», car ce dernier allait évidemment faire «la lumière sur son soutien à la poursuite du processus politique, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», conclut-il.

La diversion, principal instrument d’une diplomatie à la traîne
Si l’actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, connu pour ses multiples ratages et ses trop petites prestations et autres malheureuses sorties diplomatiques, avait déjà été expulsé de ce poste en 2017 après avoir été acculé à ses tristes défaillances par les succès répétés de la diplomatie marocaine, notamment en ce qui concerne le dossier du retour du Maroc au sein de l'Union africaine, il a fini par retrouver son poste en juillet dernier, après que ses successeurs Abdelkader Messahel et Sabri Boukadoum avaient fait preuve d’une grave déficience et n’avaient réussi à mener aucune action diplomatique convaincante. Pis, ils ont été responsables de plusieurs désastres politiques ayant notamment participé au profond isolement diplomatique d’Alger et ont précipité la fuite en avant de ce régime considérablement prerturbé et déstabilisé par la situation politique et sociale intérieure. Un régime qui n’échappe pas à la tentation classique en pareille circonstance : la diversion, comme l’affirme sans ambages le magazine hebdomadaire français, «Le Point» dans un éditorial sous le titre évocateur : «L’Algérie sur un volcan». «La faillite du régime militaro-politique d'Alger le pousse à chercher querelle à son voisin marocain», lit-on dans ledit édito. «Pour un régime en perdition qui cherche à resserrer les rangs de la population, rien de tel qu’un ennemi identifié pour jouer le rôle de bouc émissaire», écrit le magazine français.
Selon l’éditorialiste Luc de Barochez, «les espoirs de libéralisation nés en 2019 lors du départ du président Abdelaziz Bouteflika (… ) ont fait long feu», et «le divorce entre le peuple et ses dirigeants a été illustré par la participation indigente au référendum constitutionnel il y a un an». A cela, s’ajoute «la pandémie qui a aggravé les vulnérabilités de l’économie, qui s’est contractée de près de 5% l’an dernier». «Les déficits des comptes publics se creusent, l’inflation galope, le chômage affecte un jeune sur quatre et la dépendance absolue au pétrole et au gaz (qui fournissent plus de 90 % des recettes d’exportation) rend nécessaire une reconversion profonde de l’économie que le pouvoir semble incapable d’engager», énumère Luc de Barochez. Sans oublier une jeunesse qui « vote avec ses pieds : au moins 10.000 Algériens ont rejoint l’Espagne clandestinement depuis le début de l’année, à bord d’embarcations de fortune affrétées par des réseaux mafieux».
Sur cet arrière-plan désastreux de crise politique, économique et sociale, souligne Le Point, «le pouvoir cherche son salut dans le durcissement extérieur». «Avec Paris, il a engagé un bras de fer sans issue sur l’épineuse question mémorielle. Et surtout, il a coupé les liens avec le Maroc, avec qui la relation était déjà déplorable», note l'éditorialiste.

 


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