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En effet, on ne saurait visiter le sud marocain sans venir à Agadir, et là, on ne saurait résister à la curiosité de voir ce que cache hermétiquement, tel un bijou, cette imposante muraille ocre aux allures d'une kasbah, que l'on appelle Souk Al Had, le plus grand souk urbain d'Afrique qui, le long du mois de Ramadan, s'offre un nouveau lifting.
La visite de cet immense marché, la veille du mois sacré, se présente comme une plongée presque onirique dans une ruche bourdonnante de criées et d'apostrophes, qui vantant des beghrir, msamen et autres briouates, qui proposant des sacs en plastique (mika darham, mika darham), qui poussant avec une parfaite maîtrise, le long des allées exigües, de petites charrettes aux appels récurrents de "balak, balak".
"Au-delà de son aspect sobre, cette enceinte génère un chiffre d'affaires de plus d'un million de dirhams par jour", explique d'emblée, dans une déclaration à la MAP, Ahmed Tazad, responsable de l'administration du Complexe commercial Souk Al Had.
En cette fin de journée pré-ramadanesque, le visiteur n'a qu'à se laisser bercer par le flot humain qui, telle une lame de fond, déferle sur ce marché, au gré d'odeurs de café moulu et d'épices où cumin, coriandre (graines de qozbor), carvi et cannelle se disputent la vedette aux senteurs de l'anis, du safran, du gingembre, graines de sésame et autres paprika.
Première destination d'attraction des touristes nationaux en particulier, avec une affluence de plus en plus croissante de visiteurs étrangers, ce marché, un des plus populaires du Maroc et d'Afrique, s'étale sur une superficie couverte de neuf hectares, reprend M. Tazad.
Le souk compte plus de 2.000 locaux commerciaux et près de 1.200 carreaux, alors que le nombre des visiteurs oscille entre 30.000 et 40.000 par jour, pour plafonner à plus de 80.000 personnes durant les week-ends et les jours de fêtes religieuses, y compris les longues journées du Ramadan.
Aux sonorités variées, qui s'apparentent à une véritable tour de Babel, s'ajoutent une profusion de couleurs et de spectacles agrémentés, tantôt par la vue des bols de miel de toutes sortes ou des huiles d'argan et d'olives, tantôt par la dextérité et l'habileté avec lesquelles des femmes s'appliquent à confectionner, sur place, l'incontournable Amlou (une pâte à tartiner typiquement soussie, faite à base d'huile d'argan et d'amandes).
De tous les espaces que couvre ce marché, les étals des fruits et légumes semblent être les plus prisés tant par l'amabilité des marchands que par la disposition, la qualité et la fraîcheur des produits qui, pour l'essentiel, proviennent directement des fermes de Biougra, Houara, Massa ou encore Khmiss Aït Amira. Grande ruée également chez les vendeurs de fruits secs où des échoppes, vraisemblablement exigües, font étalage d'impressionnantes quantités de raisins, abricots, amandes, noix et pruneaux, sans parler des emballages de dattes qui s'amollissent à vue d'œil, ou encore chez les poissonniers, bouchers et vendeurs de céréales et légumineuses. Et ce n'est pas tout. Voici Brahim, un couturier d'habits traditionnels, qui assure que son carnet de commandes est déjà bouclé depuis plus d'un mois déjà et devrait l'être jusqu'après Aid Al Adha (fin septembre), alors que son voisin, un passementier, se dit "vraiment dépassé par les commandes, même en faisant appel aux services de deux autres mâallem".
Hamid, un jeune fonctionnaire de son état, assure qu'il aime se rendre quotidiennement au souk, non pas pour faire du shopping, une mission qu'il laisse à la charge de son épouse, mais juste pour le plaisir de déambuler le long de ses allées ombragées, histoire de "tuer le temps en attendant la rupture du jeûne".
"Et puis, sait-on jamais ? Des fois on peut très bien tomber sur des occasions particulièrement intéressantes chez des vendeurs ambulants: une montre, des lunettes, un portable, un Ipad ou autres gadgets", précise-t-il, en appuyant son propos d'un clin d'œil, qui en dit long sur le type d'"occasions" qu'il cherche à saisir.
Pour Hajja Fatima, une sexagénaire qui trimballe derrière elle deux enfants en bas âge, le matin est la meilleure période de faire des courses à Souk Al Had durant le mois de Ramadan: "Les marchands sont disponibles, les étals bien achalandés en produits frais et surtout il n'y a pas grand monde".
"Il faut faire attention, certains vous proposent des produits qui ne sont pas vraiment beldis au prix fort, comme le cas des grains de sésame importés d'Egypte ou du Pakistan", dira-t-elle, avant d'enchaîner sur d'autres conseils pratiques en matière de choix et de conservation des aliments ou de confection de mets et autres chhiwates pour ce mois béni.
"Au départ, Souk Al Had se trouvait au quartier Talborjt avant le tremblement de 1960. Il a été ensuite transféré à l'actuel quartier industriel avant de s'installer, ici, au début des années 90 sous forme de marché hebdomadaire, d'où son nom d'ailleurs", rappelle de son côté Haj Ahmed, un commerçant septuagénaire de la place.
Durant ses différentes pérégrinations, ce marché, qui a subi au moins sept incendies depuis 1990, dont le dernier remonte à juillet 2003, s'est offert un lifting permanent à la faveur de travaux d'extension ayant porté sa superficie totale à près de 13 ha.
Doté de treize entrées principales et de deux sorties de secours, le souk est doté d'un service des impôts, une annexe de l'autorité locale (khalifa), un service de poste et un poste de police, comportant une unité de la police touristique, sans omettre la mise en place éventuellement d'une antenne du Croissant Rouge marocain et d'une représentation de la Protection civile.
Côté hygiène, nombre de commerçants ont émis l'espoir de voir cette structure dotée d'une unité de contrôle, alors qu'auprès du Conseil communal on assure qu'une décharge pour les déchets est déjà mise en place, sachant que le souk est fermé durant toute la journée du lundi pour le nettoyage de cette surface commerciale.
En quittant le Souk, le visiteur n'a pas vraiment à se soucier d'avoir oublié quelque chose à ses emplettes, dès lors que, le long des allées, des montagnes de chebbakias s'offrent à son regard, et des files de vendeurs lui rappelleront les briouates, baghrir, msamen, razet al qadi et autres crêpes à base de semoule, sans parler des teneurs de carrioles qui proposent, pêle-mêle, fromages frais, gâteaux du jour, jus de toutes sortes, ou encore des pois-chiches trempés dans l'eau (ingrédient indispensable pour la Harira, maîtresse incontestée de la table du Ramadan) au cas où des retardataires auraient oublié de le faire.
"Durant tout ce mois béni, personne ne chôme sauf qui veuille. Ici, c'est une abeille permanente et à longueur de journée , il y a la baraka", dira en toute confiance Rachid, un jeune gardien de parking entre deux coups de sifflet destinés à son collègue, de l'autre bout, pour accourir récupérer son dû auprès d'un automobiliste à la sortie.