
Présidée par le chef de la diplomatie française Laurent Fabius et le ministre saoudien de la Défense Mohamed Ben Salmane, la première réunion de la "Commission conjointe franco-saoudienne" se tient dans le sillage d'un voyage en grande pompe début mai dans le Golfe du président François Hollande.
Lors de ce déplacement, la France, qui se targue désormais d'être un "partenaire majeur" de la région, avait signé la vente de 24 avions de combat Rafale avec le Qatar, pour 6,3 milliards d'euros, et annoncé la perspective de dizaines de milliards d'euros de contrats avec l'Arabie Saoudite.
"Il y aura des annonces qui pourront être confirmées" en juin, avait promis M. Hollande, et, même si la discrétion reste de mise à Paris comme à Ryad, ces projets touchent tant le domaine civil que militaire.
Laurent Fabius avait précisé en mai que les discussions entre les deux pays portaient sur "20 projets représentant plusieurs dizaines de milliards d'euros s'ils sont menés intégralement à bien". Ils concernent notamment le secteur de l'armement, l'énergie dans les domaines solaire et nucléaire, la santé, l'aéronautique civile et les transports, avait-il précisé.
Ainsi, Aéroports de Paris (ADP) fait partie des candidats présélectionnés pour la concession de l'aéroport de Jeddah, a récemment annoncé un responsable saoudien lors du salon du Bourget au cours duquel la compagnie aérienne Saudi Arabian a commandé 50 Airbus A330 et A320 pour un montant catalogue d'environ 7 milliards d'euros.
En matière d'armements, la France, qui pousse spectaculairement ses pions dans la région (vente de Rafale au Qatar, à l'Egypte, de 24 hélicoptères Caracal au Koweït), pourrait vendre des patrouilleurs et des hélicoptères de type Puma à Ryad, selon des informations de presse.
Paris et Ryad ont par ailleurs conclu l'année dernière, après des mois de tractations, un contrat portant sur une vente d'armes françaises au Liban, financée par un don saoudien de 3 milliards de dollars. Les premières livraisons ont commencé en avril.
Le rapprochement franco-saoudien, initié avec l'arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012, a été favorisé par les tensions entre Ryad et son grand allié américain au sujet du régime syrien de Bachar al-Assad, que Washington a renoncé à frapper en 2013, et surtout à propos de l'Iran, avec qui les Etats-Unis veulent conclure un accord sur le nucléaire d'ici la fin du mois.
Dans la négociation internationale sur ce dossier, Paris s'en tient à une ligne dure qui plaît aux monarchies sunnites, effrayées par l'influence grandissante de l'Iran chiite.
Et la France assume sans complexe ce "partenariat stratégique" avec les monarchies du Golfe, et singulièrement avec l'Arabie Saoudite, malgré les critiques des ONG et les interrogations de certains sur les risques d'une alliance avec un régime wahabbite prônant un islam ultra rigoriste.