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"La gauche n'a pas gagné d'élection présidentielle cette année" dans la région, relève Guillaume Long, expert du Centre d'études économiques et politiques (CEPR), interrogé par l'AFP.
José Antonio Kast, ultraconservateur de 59 ans, a été élu dimanche au Chili sur un score sans appel : 58% contre 42% à sa rivale Jeannette Jara, candidate d'une vaste coalition de gauche. Il succédera en mars au président de gauche Gabriel Boric et deviendra le premier dirigeant d'extrême droite à accéder au pouvoir au Chili depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990.
Au Honduras, où le décompte des votes est bloqué, le conservateur Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, possède une légère avance sur un autre candidat de droite, Salvador Nasralla. La présidente sortante de gauche Xiomara Castro a dénoncé la "falsification" du résultat de la présidentielle et l'"ingérence" américaine.
La Bolivie s'est, elle, choisie en octobre un président de centre droit, Rodrigo Paz, mettant fin à 20 ans de gouvernements socialistes.
Et au Pérou, après la destitution de Dina Boluarte, le conservateur José Jeri a pris les rênes du pays avec un discours anti-criminalité et un style rappelant à certains égards ceux du président salvadorien Nayib Bukele.
Avant 2025, plusieurs gouvernements d'une droite décomplexée avaient déjà émergé en Amérique latine, avec notamment l'ultralibéral Javier Milei en Argentine fin 2023, Daniel Noboa en Equateur la même année et avant eux Jair Bolsonaro au Brésil (2019-2022).
"Désenchantement"
Moins flamboyant que Milei ou Bolsonaro, M. Kast va "faire partie de cette nouvelle vague de droite en Amérique latine", note M. Long.
Pour Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington, cette poussée reflète "le désenchantement à l'égard de l'ensemble des formations politiques traditionnelles".
Carolina Urrego-Sandoval, experte en relations internationales à l'Université des Andes de Bogota, estime également que la popularité de M. Kast s'inscrit dans un mouvement plus large de succès des discours sur la sécurité et des "ennemis de l'intérieur".
José Antonio Kast a centré sa campagne sur la promesse de lutter contre l'insécurité et l'immigration illégale, en promettant de restaurer l'ordre contre le "chaos", dans l'un des pays les plus sûrs de la région.
Effet Bukele
Le président salvadorien Bukele, célèbre pour sa politique ultra-répressive contre les gangs, est devenu un "référent pour le reste de l'Amérique latine", poursuit l'expert.
Très populaire dans la région pour avoir fait chuter le taux d'homicides dans un pays gangréné par la violence, malgré les critiques des défenseurs des droits humains qui dénoncent des abus, Bukele est montré en exemple par de nombreux politiciens.
Le Chilien Kast ne fait pas exception. Il s'est rendu au Salvador en 2024 pour visiter la prison de haute sécurité Cecot et s'est récemment entretenu avec le ministre de la Sécurité salvadorien.
"Plus qu'un virage idéologique, nous observons un schéma de rejet des gouvernements qui ne produisent pas de résultats", explique Michael Shifter. "Les gens sont plus disposés à voir si des politiques plus radicales et plus extrémistes peuvent fonctionner".
La présidente de gauche du Mexique, Claudia Sheinbaum, a estimé lundi que l'élection chilienne devait conduire les mouvements de gauche en Amérique latine à mener une réflexion d'ampleur.
Alliances ?
Sur le plan géopolitique, l'extrême droite au Chili pourrait renforcer le retour de l'interventionnisme américain en Amérique latine, selon Guillaume Long. Notamment sur les questions de diplomatie et de sécurité.
Mais les perspectives de collaboration sont plus limitées "sur ce qui compte le plus pour Trump, essayer de pousser les pays à s'éloigner de la Chine notamment dans leurs relations d'investissement et commerciales". Le président chilien élu ne voudra pas "aller à l'encontre des souhaits et des intérêts des grandes élites chiliennes", estime l'analyste.
Il va sans doute "se concentrer sur l'agenda intérieur, tout en s'intégrant à des réseaux" avec lesquels il a des affinités, dans les Amériques et en Europe.
Sa première visite post-électorale à l'étranger conduira M. Kast en Argentine, où il sera reçu par Javier Milei.











