Première leçon, il faut savoir saluer le retour des autorités compétentes. Ce sont elles qui ont interdit l’exploitation en salles de « Much loved », de Nabil Ayouche. On ne sait pas qui sont ces autorités compétentes. Ce que l’on sait par contre, c’est qu’elles existent et veillent sur la chasteté de nos oreilles et de notre vue. Que veut le peuple ?
Ensuite, ces mêmes autorités compétentes –les mauvaises langues peuvent n’y voir que de l’incompétence, mais ça ce sont les mauvaises langues- n’attendent pas une demande d’autorisation pour interdire. Elles le font avant et cela s’appelle la célérité dans la prise de décision d’une administration que les mauvaises langues, les mêmes que celles citées plus haut, accusent de lenteur.
La décision a été prise à Cannes où les autorités compétentes se sont rendues pour voir le film en première mondiale. On imagine toute la difficulté de la mission. Assister aux projections de l’un des meilleurs festivals au monde et décider, entre deux tours sur La Croisette, de censurer un long métrage marocain. Ça sent l’abnégation, l’amour de la patrie, le culte pour l’art halal des autorités compétentes.
Autre grand enseignement, on peut écrire sur les prostituées au Maroc et la clientèle des pays du Golfe, faire un reportage sur le sujet, peut-être une chanson -quoique après Fine saki bach n’maki…- mais pas de film. Les mauvaises langues de tout à l’heure peuvent toujours arguer que les autorités compétentes ne font rien pour empêcher la prostitution au Maroc et s’empressent d’interdire un film qui en parle. Mais ça, ce sont les mauvaises langues.
Dernière leçon pour la route. Les autorités compétentes décident en lieu et place du Centre cinématographique marocain. Plus besoin de CCM ni de son directeur, Sarim Fassi Fihri. Cela va faire des économies aux contribuables. Merci qui ?