Que de listes! Le gouvernement Benkirane nous en gave. La dernière en date est à mettre à l’actif de Mohamed Louafa, ministre de l’Education nationale qui semble raffoler de ce procédé qui n’a d’effet que d’être un instrument de création de «buzz» médiatiques. Une nouveauté néanmoins: la nouvelle liste de Louafa concernant les logements de fonction n’est rien d’autre qu’une liste rectificative dont l’encre de la première mouture n’a pas encore séché. Qu’en conclure? Sinon que le ministre en question fait montre de précipitation et d’une méconnaissance de ce qui se passe réellement au sein de son département. La première liste portant sur le sujet a été, en effet, publiée le 22 octobre 2012; elle n’aura finalement vécu que ce que vivent les roses. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Louafa s’est finalement trouvé obligé de rectifier le tir. Dans son communiqué, le ministère de l’Education nationale impute la rectification de celle-ci au souci de dévoiler à l’opinion publique les nouveautés au sujet de ce dossier. Le communiqué ministériel explique qu’il y a des logements squattés qu’il vient de recenser alors que d’autres ont été restitués volontairement ou à travers la justice. Le communiqué exhorte les «squatteurs» à libérer ces logements volontairement sans que le ministère ait recours à la justice. Mais que de listes pour rien sinon pour les rectifier après. Il y a quelques jours, Louafa publiait la liste de ses fonctionnaires fantômes qui a déclenché une polémique, car certaines personnes dont les noms figuraient sur la fameuse liste occupaient paisiblement leurs postes mais furent surprises de subir cette humiliation qui mérite des excuses de la part du ministère. Les syndicats sont montés au créneau pour condamner ce procédé qui n’est que dénigrement envers les concernés. Et on est à se demander si le MEN n’a pas les moyens de recenser son personnel et connaître ses fantômes. La réponse est affirmative. Mais le gouvernement Benkirane semble se consacrer aux pratiques politiciennes avec cette mode de publication de listes. Agréments, logements de fonction, carrières et fantômes ont fait l’objet de listes qui n’ont servi à rien, car la publication n’est pas suivie ni accompagnée de décisions ou résolutions pour changer une réalité pourrie. On a l’impression que le gouvernement Benkirane est venu pour publier des listes plutôt que de gérer le pays. Pendant que la crise bat son plein et que les contestations et les revendications se font entendre presque partout, les ministres de Benkirane s’attèlent à leur sport favori: publier des listes.