Quoi que l’on puisse penser de la fiabilité des sondages et autres enquêtes d’opinion menés en terre marocaine, les résultats de ce « Baromètre du civisme » méritent d’être étudiés avec la plus grande attention, tellement ils vont à l’encontre des idées reçues.
66,32% des enquêtés pensent, en effet, que l’incivisme progresse de manière importante, 72% que la dégradation de l’environnement suit la même courbe ascendante, 53% que l’intolérance et le fanatisme progressent à la vitesse grand V et 61% que l’insécurité croit de la même manière.
La prise de conscience est donc patente. Peut-il en être autrement ? La dénonciation des actes d’incivisme est, depuis plusieurs années, un sport national auquel tout le monde s’adonne avec délectation et persévérance. La répréhension se pratique à la télévision, à la radio, dans les journaux, au foyer, au café, dans la rue, dans l'administration…
Il existe même des lois réprimant certains actes inciviques. Ce qui n’empêche ceux-ci de continuer à proliférer. Donc ce n'est pas les lois qui manquent, mais c'est plutôt la volonté. Apparemment, il n'y a pas d'espoir, puisque cela fait des années qu'on en parle, qu'on exprime ce souhait, mais la situation demeure inchangeable. Nos lamentations seront certes lues une fois encore. Elles risquent, néanmoins, d’être vite classées. On ne sera pas tout à fait perdant, puisqu'en parler aura, au moins, un effet thérapeutique dans l’attente de voir mise sur pied une stratégie à même de pouvoir remettre le civisme, la bienséance et les notions de service public et de solidarité sociale à leur véritable place.