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Dans un contexte où l’exécutif ferme les yeux sur les excès et normalise les privilèges, la question n’est plus seulement qui protège le citoyen ? mais qui protège la médiation elle-même ? Une médiation forte suppose un Etat sérieux. Or cette majorité a préféré s’abriter derrière les logiques fallacieuses de l’administration plutôt que de l’encadrer, transformant un outil constitutionnel d’équité en simple alibi démocratique.
De l’esprit réformateur de 1999 à l’immobilisme de 2025
Le contraste est brutal. En 1999, SM le Roi Mohammed VI inaugurait une nouvelle ère : moralisation du service public, transparence, proximité et responsabilité. Vingt-cinq ans plus tard l’élan fondateur a été détourné. Les orientations Royales sont répétées, mais non appliquées de manière rigoureuse. L’administration continue d’étouffer sous la lenteur, la complexité et l’opacité.
Les chiffres parlent: 80 rang mondial en efficacité administrative, 58% des citoyens la jugent injuste, 31% estiment que le favoritisme est devenu indispensable, et 75% des plaintes adressées au Médiateur concernent la violation du droit ou le non respect des délais
La situation est si grave qu’un ancien ministre du RNI a fini par admettre publiquement que «ce ne sont pas les élus qui gouvernent les territoires, mais l’administration». Ce que l’USFP dénonce depuis des années devient désormais un constat national partagé
La Journée nationale de la médiation : un rappel Royal, un échec gouvernemental
La décision Royale d’instaurer le 9 décembre comme Journée nationale de la médiation administrative n’est pas un simple geste symbolique. Elle réactive un projet institutionnel qui a commencé avec Diwan Al-Madalim en 2001 et s’est consolidé par la constitutionnalisation du Médiateur en 2011.
Mais que vaut une journée nationale dans un Etat où les recommandations du Médiateur sont ignorées? Où les jugements administratifs ne sont pas exécutés? Où l’exécutif protège plus les abus que les victimes? Le gouvernement applaudit la médiation… pour mieux contourner ce qu’elle exige : discipline, transparence et responsabilité.
Un service public capturé : domination administrative, lobbies et inégalités
Sous cette majorité, le ménagement du pouvoir administratif a laissé place à un environnement où les lobbies et les réseaux concurrencent l’Etat lui-même. Dans la santé, 32.000 professionnels manquent à l’appel, 17 médecins pour 10.000 habitants, 54% des dépenses de soins supportées par les ménages. Dans l’éducation, les classes atteignent 44 élèves, l’abandon scolaire dépasse 300.000 jeunes chaque année. Dans les marchés publics, près d’un quart souffrent d’absence de concurrence ou de conflits d’intérêts.
Sur le plan territorial, 78% des présidents de communes dénoncent la domination administrative, et moins de 30% des compétences régionales ont réellement été transférées vers les régions. La conclusion est implacable : la majorité a laissé l’administration gouverner, les réseaux prospérer et les inégalités se creuser.
La médiation : outil de réforme ou miroir d’un État en dérive ?
Le Maroc a besoin d’une médiation forte, mais celle-ci a besoin, avant tout, d’un gouvernement qui n’entrave pas son action.
Le 9 décembre doit devenir un miroir national, une évaluation annuelle de la manière dont l’Etat traite ses citoyens. Mais cette journée restera vidée de sens tant que la bureaucratie demeure incontrôlée, tant que la justice administrative n’est pas exécutée, tant que les institutions élues restent marginalisées.
La génération du digital l’a compris avant les partis : par ses vidéos virales et son exigence de transparence, elle a révélé l’effondrement du service public et l’incapacité du gouvernement à convaincre. Son indignation n’est pas passagère: elle est un avertissement.
Si la médiation administrative veut redevenir un levier d’équité, elle doit s’accompagner d’une volonté politique ferme: réduire l’arbitraire, renforcer la justice administrative, restaurer la confiance et replacer le citoyen au centre de l’action publique.
Sans cela, la médiation restera un principe noble prisonnier d’un système qui protège l’abus plutôt que le droit.
Par Mohamed Assouali










