"Pas une marchandise" : Le personnel de l'ONU manifeste contre les coupes budgétaires


Libé
Samedi 3 Mai 2025

Plusieurs centaines d'employés de l'ONU se sont réunis jeudi à Genève sur l'emblématique place des Nations face au siège européen de l'organisation, pour protester contre coupes budgétaires drastiques et licenciements massifs.

La manifestation, à l'appel des syndicats et associations du personnel des Nations unies a rassemblé des employés des diverses agences basées à Genève, ainsi que leurs familles et sympathisants, sous un soleil de plomb.

Sur les pancartes, de nombreux slogans : "Le personnel de l'ONU n'est pas une marchandise", "Nous défendons l'humanité", "Arrêtez de licencier le personnel de l'ONU" et "Protégeons les protecteurs".
"Nous sommes censés défendre les droits des travailleurs, c'est donc très difficile", a déclaré à l'AFP Lena, employée de l'Organisation internationale du Travail (OIT), refusant de donner son nom de famille.

"On se sent impuissant", confie-t-elle, debout aux côtés de sa fille profondément endormie dans une poussette, sur laquelle est posée une pancarte proclamant "Nous défendons de meilleurs emplois dans le monde".

Les organisations humanitaires du monde entier sont sous le choc depuis le retour au pouvoir du président américain Donald Trump en janvier. Il a mis en oeuvre un programme anti-réfugiés et anti-migrants et a immédiatement gelé la majeure partie de l'aide étrangère américaine et démantelé USAID, l'agence fédérale chargée du développement.

Les États-Unis étaient traditionnellement, et de très loin, le principal donateur de nombreuses agences et organisations humanitaires. Du jour au lendemain ou presque, elles se sont retrouvées avec un gros trou dans leur budget et peu de solutions pour le combler.

Plusieurs agences ont déjà signalé les conséquences désastreuses de la mise en place de mesures d'austérité dans l'ensemble du système des Nations Unies.
Selon les syndicats du personnel des Nations unies, le Haut-Commissariat aux réfugiés s'apprête à réduire drastiquement ses effectifs - jusqu'à 30% dans le monde – de même que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé qu'elle devra licencier plus de 6.000 personnes, soit plus d'un tiers de ses effectifs.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) s'apprête, quant à lui, à réduire de 25 à 30% ses effectifs mondiaux.
Des milliers d'emplois sont également supprimés à l'agence chargée de coordonner l'aide d'urgence (OCHA), l'Organisation mondiale de la Santé et l'Onusida, et de nombreux autres sont en jeu, ont indiqué les syndicats du personnel.

Près d'un emploi sur dix doit être supprimé à l'OIT, et l'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance, devra encaisser une réduction budgétaire de 20%.
Le tout dans un contexte de graves crises humanitaires qui demanderaient plus de moyens, en Birmanie, au Soudan, à Gaza ou encore en Ukraine.

"Tant de personnes ont peur de perdre leur emploi", raconte Élodie Sabau, qui travaille au siège de l'ONU à Genève.
"On demande souvent aux personnes qui travaillent pour l'ONU de faire des sacrifices extrêmes. Il est scandaleux de voir comment elles sont traitées", s'insurge t-elle.

Ian Richards, responsable syndical du personnel du siège de l'ONU à Genève, a souligné dans un communiqué que "nos collègues ont travaillé dans des endroits parmi les plus dangereux, les plus difficiles et les plus isolés du monde.

"Ils n'ont pu choisir ni quand ni où ils allaient déménager. Ils ont sacrifié leur vie personnelle et familiale, et dans certains cas ont payé le prix ultime pour aider ceux qui en avaient besoin", écrit-il, déplorant qu'aujourd'hui "beaucoup soient licenciés sans aucun soutien social ou financier de la part de leur employeur".

Lena souligne que le personnel international des Nations unies ne bénéficie pas d'allocations chômage dans les pays où il travaille et que son permis de séjour expire un mois après la perte d'emploi.
"Maintenant, il ne nous reste plus qu'à dire à ceux avec qui nous travaillons depuis des années : +désolés+".
 


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