Notre ligne est celle de la responsabilité et du patriotisme, jamais de la surenchère

Driss Lachguar dans un entretien accordé à Maroc Hebdo


​Adam Ali
Dimanche 26 Octobre 2025

Les Marocains veulent le retour de l’USFP

Dans un long entretien accordé à nos confrères de Maroc Hebdo, Driss Lachguar, fraîchement réélu à la tête de l’Union socialiste des forces populaires pour un quatrième mandat, livre une parole empreinte de lucidité, de sérénité et de fidélité à la ligne historique de la gauche marocaine.

Treize années après avoir pris les rênes du parti, l’homme conserve cette même ferveur militante, cette même passion réfléchie pour l’action politique et ce sens aigu de la responsabilité. A travers ses propos, transparaît l’assurance tranquille d’un dirigeant qui ne cherche ni la gloire personnelle ni la rupture, mais qui s’inscrit dans la continuité d’un projet politique mûri par le temps et sanctifié par l’expérience.

«C’est un sentiment de joie et de profonde reconnaissance, mais aussi teinté d’une lourde conscience de la responsabilité qu’impose cette confiance renouvelée en ma personne. Les militantes et militants ittihadis m’ont, une fois encore, accordé leur confiance pour diriger notre parti et poursuivre ensemble le vaste projet politique mené par notre formation», confie-t-il à Maroc Hebdo.

Pour Lachguar, cette confiance renouvelée n’est pas un simple geste symbolique : elle marque la maturité politique d’une base militante qui, après des années de luttes, a su réaffirmer son attachement à la ligne socialiste démocratique. «Une confiance justement placée, que je m’engage à honorer avec détermination et fidélité aux valeurs qui nous unissent», ajoute-t-il, conscient que cette mission dépasse sa propre personne.

Le Premier secrétaire insiste sur la nature collective de cette dynamique : «L’expression de notre base militante, aussi soudée soit-elle, explique clairement la maturité politique des Ittihadis, qui ont choisi de réaffirmer leur attachement à une ligne de conduite cohérente, fondée sur la justice sociale, la solidarité, l’éthique de responsabilité et l’engagement citoyen.» L’USFP, sous sa conduite, n’a jamais cherché la facilité. Son chemin est celui du devoir, de la constance et de la fidélité à l’idéal de gauche, celui qui place la dignité humaine au centre de toute action publique.

La nouveauté de ce quatrième mandat se cristallise autour d’un document clé : le pacte socialiste. Pour Lachguar, il ne s’agit pas d’un simple texte de congrès, mais d’un engagement moral, d’une boussole stratégique et d’une feuille de route collective. «Ce projet est le contrat moral qui unit la direction du parti à sa base militante, puisqu’il oriente chaque action de modernisation et de renforcement au sein de l’USFP», explique-t-il. Dans cette phrase, tout est dit : la direction n’impose pas, elle fédère. Elle ne gouverne pas du haut, elle agit depuis le cœur du parti. «Assumer la responsabilité, c’est servir la cause ittihadie dans toute sa portée humaine et nationale, avec la même rigueur et la même abnégation que celles dont nos militantes et militants font preuve chaque jour», souligne encore Lachguar, rappelant la nature profondément morale de l’engagement socialiste. Pour lui, la politique n’est pas une conquête du pouvoir, mais une mission de service et de transmission. «Ce travail ne se réduit pas à une simple dynamique de conquête du pouvoir. Il s’agit d’un effort collectif, né d’un long vécu, renforcé par l’expérience, et mis au service d’un Maroc moderne, social et démocratique», affirme-t-il, avant d’ajouter, comme pour résumer toute sa philosophie : «Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais d’agir avec lucidité et ambition, en restant fidèle à nos principes, et en apportant nos réponses aux défis d’aujourd’hui.»
Dans cet entretien, le Premier secrétaire évoque également les tensions récentes avec le Parti de la justice et du développement (PJD), après des propos jugés déplacés du secrétaire général de ce dernier. Sa réponse est mesurée, ferme et exemplaire : «Ce n’est pas la première fois que le secrétaire général du PJD se distingue par un langage grossier et vulgaire indigne du débat politique. » Mais Lachguar refuse d’entrer dans la logique de confrontation stérile : «L’USFP n’a jamais pratiqué la polémique ni le dénigrement ; nous faisons de la politique, pas du populisme.» Ce refus du vacarme politicien exprime la stature d’un homme d’État pour qui la politique doit rester un art noble. «Sa réaction n’avait rien de politique, ni d’intellectuel, ni même de moral», soutient-il, avant de rappeler le fond de ses propres déclarations : «Mes propos, lors du congrès, portaient sur la dérive autoritaire d’un régime et sur la nécessité, pour les forces progressistes, de défendre la liberté, la démocratie et la dignité humaine ; des valeurs universelles qui dépassent d’ailleurs les frontières et les appartenances partisanes.» C’est dans cette fidélité aux principes que l’USFP se distingue : par la constance dans l’éthique, la résistance au populisme et la primauté de la raison sur la démagogie.

Fidèle à cette vision, Lachguar réaffirme que la priorité du parti demeure la lutte contre l’injustice sociale. «Pas seulement durant ce mandat, mais depuis que je suis premier secrétaire de ce parti, nous avons fait de la lutte contre l’injustice sociale une priorité», confie-t-il. Ce combat, il le décrit comme un devoir moral et non comme une stratégie électorale. «Avec ce nouveau projet politique, qui prend en compte les défis actuels, notre engagement se renforce davantage», poursuit-il, en insistant sur la nécessité de replacer l’action publique au service de la cohésion nationale. Pour lui, la justice sociale ne se résume pas à une question technique : «La justice sociale n’est pas, pour nous, une mécanique administrative. C’est une conviction profonde, une culture politique portée avec constance au service de toutes les couches de la société.» Dans un Maroc en pleine mutation, où les fractures territoriales et sociales demeurent, cette phrase sonne comme une boussole morale. Et Lachguar de préciser : «Notre approche est donc claire : repenser les politiques publiques en misant sur la participation citoyenne, l’équité territoriale, la modernisation des filets sociaux et la défense des droits fondamentaux.»

Le leader du parti de la Rose n’est pas un théoricien éloigné du terrain. Depuis deux ans, il sillonne le pays, rencontrant militants, citoyens et acteurs locaux. «Partout, de Tanger à Lagouira, nous avons senti un élan national qui dépasse la simple préparation électorale», affirme-t-il avec fierté. Cette tournée nationale, qui l’a conduit dans 72 provinces du Royaume, a mobilisé plus de 80.000 citoyens et citoyennes autour du projet socialiste.

«Absolument. Nous avons mené, en tant que direction nationale, une tournée historique à travers les 72 provinces du Royaume, qui a mobilisé plus de 80.000 citoyens et citoyennes désireux de s’ouvrir au projet du parti», dit-il, avant d’ajouter : «C’est un climat de joie, de respect et de confiance réciproque, et je le dis avec fierté, c’est une dynamique de reconquête du terrain par les valeurs du progrès et de la raison.»

A l’horizon des prochaines élections législatives, l’ambition est claire et assumée. «Notre objectif pour 2026 est de retrouver la place naturelle de l’USFP au premier plan, comme force de gauche crédible, démocratique et patriotique, capable de gouverner avec compétence et intégrité», déclare le Premier secrétaire. Dans ses mots, aucun triomphalisme, mais une conviction calme : celle que l’histoire donne toujours raison aux forces de la raison, du progrès et de la justice. Et de conclure, dans une phrase qui résonne comme un manifeste : «Les Marocains veulent le retour de l’USFP.»

Cette phrase, simple et forte, résume tout un sentiment national. Elle sonne comme un écho du passé et un appel vers l’avenir. Car si l’USFP a connu des épreuves, c’est qu’il a toujours marché en avant, au cœur de la société, là où se forgent les destins collectifs. Et dans les mots de Driss Lachguar, se lit une vérité claire : le Maroc d’aujourd’hui, confronté à des défis immenses, a plus que jamais besoin de la gauche socialiste, de sa rigueur, de son humanisme et de sa fidélité aux valeurs de justice et d’égalité. Ce retour n’est pas une nostalgie, c’est une nécessité. Et si les Marocains le réclament, c’est parce qu’ils savent qu’avec l’USFP, le Maroc se regarde à nouveau dans le miroir de sa dignité.

Adam Ali


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