
Le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a ravivé samedi de façon spectaculaire l'espoir que soit mis fin à la rébellion séparatiste kurde qui ensanglante la Turquie depuis trente ans, appelant ses troupes à prendre la décision "historique" de déposer les armes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié cet appel de "très, très important" mais s'est montré prudent, rappelant que de précédents appels au désarmement avaient échoué.
Dans un message lu devant la presse par le député du Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde) Sirri Sureyya Önder, samedi, Öcalan a appelé son mouvement à organiser au printemps un congrès sur son désarmement.
Deux ans et demi après le début des discussions entre Öcalan et le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, cette déclaration a relancé un processus de paix moribond, à trois mois des élections législatives du 7 juin.
Les deux parties sont "plus proches de la paix que jamais", a commenté devant la presse Önder.
L'annonce de samedi intervient après la visite rendue par une délégation d'élus du HDP aux chefs militaires du PKK dans leur base du mont Kandil, dans le nord de l'Irak, puis à Öcalan dans son île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, non loin d'Istanbul.
Outre son appel au désarmement du PKK, Öcalan a énuméré dans son message une série de 10 mesures à ses yeux nécessaires à une paix durable en Turquie, y compris la rédaction d'une nouvelle Constitution.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a lui aussi salué la déclaration de Öcalan, dont le mouvement est interdit et considéré comme "terroriste" par Ankara, se félicitant du fait que le langage de la violence allait "cesser d'exister".
Après un premier échec en 2010, le gouvernement islamo-conservateur a réactivé à l'automne 2012 les discussions avec le PKK pour tenter de mettre un terme à un conflit ayant fait en trente ans quelque 40.000 morts. Il a cette fois directement engagé le dialogue avec Öcalan, qui purge une peine de prison à vie. Dès mars 2013, le chef rebelle a décrété un cessez-le-feu, globalement respecté depuis, et deux mois plus tard annoncé le début du retrait vers l'Irak de ses combattants. Mais le PKK a suspendu ce mouvement peu après, accusant Ankara de ne pas tenir ses promesses.
Les discussions étaient depuis au point mort. Malgré de fortes tensions, les ponts entre les deux parties n'ont jamais été coupés et le gouvernement a fait pression en vue d'une solution avant les législatives du 7 juin.