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Les réfugiés demandeurs d’asile se mobilisent contre la précarité


Montassir SAKHI
Samedi 27 Juin 2009

Les réfugiés demandeurs d’asile se mobilisent contre la précarité
Entre le 20 et le 22 Juin 2009, la Fondation Orient-Occident, en partenariat avec le Haut Commissariat pour les réfugiés, a organisé la troisième édition du Festival Rabat-Africa au Centre culturel Yaacoub El Mansour à Rabat. Ce Festival qui s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale du réfugié (20 Juin de chaque année) rend hommage à la chanteuse sud-africaine engagée Miriam Makeba qui est décédée le 9 novembre de l’année dernière. Il s’agit d’une figure qui symbolise la lutte contre l’apartheid qui a existé en Afrique du Sud durant des décennies.
Selon les organisateurs, ce Festival a pour objectif de participer à l’intégration des minorités composées de migrants sub-sahariens, et plus précisément les migrants clandestins en transit au Maroc, dans la vie sociale marocaine. Le programme était varié et enrichissant. Il comprend des ateliers artistiques, des tables rondes, des soirées artistiques… Pendant trois jours, plusieurs migrants subsahariens, mais aussi les habitants, surtout les jeunes de Yaacoub El Mansour avaient rendez-vous avec différentes activités. Signalons que ce quartier abrite un grand nombre de migrants subsahariens qui vivent dans des conditions précaires.
Vrai drame, vrais besoins
La table ronde organisée le 20 juin par la Fondation Orient-Occident dans le cadre du Festival Rabat-Africa a porté sur la question des réfugiés au Maroc. Plusieurs organisations et institutions actives dans le domaine de l’immigration et la protection des droits humains étaient présentes, entre autres, l’Organisation marocaine des droits de l’Homme, Amnesty International, le Haut Commissariat pour les réfugiés (Organisme de l’ONU) et le Réseau Euromed des droits de l’Homme.
Lors de son intervention, la représentante d’Amnesty International a indiqué que le rôle de la société civile est celui d’alerter les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif dès qu’il y a des violations des droits des immigrants clandestins et réfugiés au Maroc. Elle a affirmé que la mise en place d’une plateforme qui permettrait d’initier une collaboration entre les ONG œuvrant dans le domaine de l’immigration serait une  idée intéressante et donnerait lieu à des projets et actions communes entre les associations dans le secteur. Cette collaboration devrait se renforcer par la création d’un portail électronique et d’un forum de discussions qui faciliteront la mise en place d’une base de données relative aux migrants en transit au Maroc et réfugiés demandeurs d’asile politique. La même intervenante a souligné que Amnesty international a déjà appelé à la  création d’un réseau d’avocats spécialisés dans le domaine des réfugiés. Ces avocats sont devraient être mobilisables dès qu’il y a atteinte aux droits des migrants.
De son côté, le Réseau Euromed des  droits de l’Homme représenté par Chadi Sidhom, a indiqué que les réfugiés et les migrants rencontrent plusieurs difficultés relatives à l’accès au travail et aux soins de santé.
Il a démontré que les ONG de terrain ont une connaissance réelle des difficultés des demandeurs d’asile, ce qui leur permet de porter les revendications de cette catégorie défavorisée et défendre ses droits. Il a affirmé que l’Etat marocain est appelé à mettre en place un calendrier  pour reconnaître le statut du réfugié. Il a ajouté qu’il ne faut pas se limiter aux lois, mais que l’Etat doit réfléchir au cadre administratif, c’est-à-dire prévoir de nouvelles instances, des interprètes et autres organismes facilitant le traitement de cette question.
Il a insisté sur le fait de lier la question de l’accès au travail à la reconnaissance du statut de l’étranger, tout en affirmant que la loi marocaine 02-03 est en contradiction avec la loi du travail marocaine puisqu’elle interdit l’accès au travail des migrants clandestins et en transit au Maroc, chose qui n’est pas interdite par le Code du travail. Pour faire face à cette contradiction, le Réseau Euromed des droits de l’Homme propose de prévoir un contrat-type de travail pour les réfugiés.
Il a indiqué qu’au Maroc, il y a moins de 800 réfugiés; ce nombre ne bouleversera en aucun cas l’équilibre du marché de travail. Donc, la loi doit leur permettre l’accès au travail. Il conclut que la société civile doit s’activer davantage pour mettre la pression sur les responsables pour qu’ils mettent en place un cadre juridique veillant à la protection des droits des réfugiés.
En clôture de cette table ronde, les intervenants ont souligné que cette activité au Centre Yaacoub El Mansour de Rabat, s’est caractérisée par l’absence des réfugiés. D’ailleurs, le représentant légal et historique des réfugiés, à savoir le Rassemblement pour tous les réfugiés au Maroc (RTRM) avait boycotté cette table ronde, en mobilisant lors de cette réunion, des dizaines de réfugiés pour un sit-in pacifique devant les locaux du HCR à Rabat. Il s’agit du sixième jour du sit-in. « Le RTRM et une large partie des réfugiés demandeurs d’asile politique, à travers cette action, dénoncent le travail que fait le HCR, les festivals et toutes les activités qui se font au nom des réfugiés », indique une source fiable (membre actif du RTRM).
Cette même source indique que la seule et unique solution pour cette catégorie reste la réinstallation dans un autre pays, puisque le Maroc avait affirmé qu’il n’accorderait jamais le statut de réfugié. Le président du HCR, en réponse à notre question, affirme que cette solution dépend des autres pays d’accueil. «Ces derniers, exigent des conditions strictes », a-t-il ajouté.
Devant cette impasse, on se demande : Quel est le rôle du Haut Commissariat aux Réfugiés, un organisme onusien? En quoi représente-t-il des réfugiés qui protestent devant ses locaux et dénoncent sa politique ? L’Etat va-t-il mettre fin à la situation précaire de ces réfugiés qui demandent la protection contre la guerre, la misère et les conflits dans leurs pays d’origine.



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