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Les autorités veulent leur faire quitter les lieux : Les pensionnaires de l'orphelinat de Ain-Chock en sit-in


Hassan Bentaleb
Lundi 5 Octobre 2009

Les autorités veulent leur faire quitter les lieux : Les pensionnaires de l'orphelinat de Ain-Chock en sit-in
Depuis le jeudi 24 septembre, les pensionnaires de la Maison de bienfaisance d'Ain-Chock (Al Khaïriya) à Casablanca ont entamé un sit-in illimitée devant le portail de l'orphelinat, suite à la décision des autorités de faire évacuer le lieu dans un délai ne dépassant pas deux mois.
Pour les participants au sit-in, cette décision est injustifiée et inacceptable, car elle a été prise sans qu'ils en soient  informés, et sans leur consentement et le pire, selon eux, qu'elle est tombée de nulle part. De son côté, l'administration de l'orphelinat rejette toute implication dans la prise de cette décision intervenue le 23 septembre vers 14h00 « de haut lieu ».  Selon Saïd El Bachiri, directeur de la maison des enfants, l'explication de cette décision se trouve dans le rapport établi par la préfecture de Ain-Chock : « L'orphelinat a été créé il ya maintenant 82 ans. Il menace ruine et, du coup, la préfecture a chargé un expert de faire un rapport sur l'état des lieux, qui a conclu que l'orphelinat devait être évacué par ses pensionnaires ».
Pourtant les spéculations vont bon train sur les sources de cette décision : si certains parlent d'un lobby immobilier, d'autres évoquent des ordres supérieurs.  Pour Hicham Mountassir, un pensionnaire et responsable du mouvement de grève: « Les choses sont simples; cette décision n'est que  l'arbre qui cache la forêt. C'est la preuve ultime de l'échec de l'équipe qui dirige  l'Association; laquelle veut cacher la réalité en orchestrant une fuite en avant ». Hicham Mountassir affirme que les origines de cette décision  remontent à 2005.   Suite de la première
En fait, en cette année, S.M. le Roi Mohammed IV  avait effectué une visite-surprise aux locaux de l'orphelinat et constaté l'existence de plusieurs irrégularités. Le Souverain a immédiatement ordonné l'ouverture d'une enquête, la réalisation d'un audit et la restructuration de l'administration de cette Association. Et depuis rien n'a changé, l'ancienne équipe est restée en place, le rapport de l'audit enterré. Seuls deux dirigeants ont été inculpés. Et dès lors, ajoute Hicham Mountassir, l'intention de faire évacuer le lieu a germé dans les esprits. La preuve, depuis cette date, aucune nouvelle inscription à l'orphelinat n'a été enregistrée, et on est passé de 700 pensionnaires à 280 actuellement. Quant à l'état de  l'orphelinat, il n'a cessé de se détériorer.
Malgré la visite de Mme Fouzia Imansar, gouverneur d'Ain-Chock en 2007 et de Nezha Skalli ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, en 2008, la situation n’a pas changé. En dépit des plaintes des pensionnaires, les deux responsables de l'institution n'ont pas bougé le petit doigt.
Dès le début de la grève, l'administration a fermé ses portes pendant trois jours, et demandé aux pensionnaires de voir avec le caïd et le pacha, qui sont devenus leurs seuls interlocuteurs dans cette crise.  Les autorités ont proposé de les transférer vers d'autres orphelinats et maisons de bienfaisance à Casablanca. Jusqu'à maintenant, elles ont réussi à transférer 148 enfants au centre de Hay El Hassani Sid-El Khadir par la force et sans leur consentement, selon les témoignages concordants de certains pensionnaires.  Il reste encore 132 personnes à l'orphelinat de Ain-Chock. Ils refusent tout transfert pour la simple raison que leur avenir ne serait plus assuré s'ils allaient vers  de nouveaux établissements d'accueil.  Selon Hicham Mountassir, l'administration a accentué la pression sur les pensionnaires et fait tout son possible pour les évacuer des lieux, allant jusqu'à les menacer de privation de fournitures scolaires, et même de nourriture et de sommeil.  Pour sa part, Saber Abdelmoumen, directeur de l'orphelinat, nie en bloc toutes ces accusations, et maintient le fait que s'il y a conflit, c'est entre les pensionnaires et les autorités, ajoutant que ces dernières font de leur mieux, afin de mettre fin à ce problème dans les meilleures conditions.
Depuis 11 jours de Sit-in, chaque partie campe sur ses positions. Les pensionnaires demandent une application pure et simple des directives Royales de 2005. Quant à l'administration de l'orphelinat, elle observe le silence et suit de loin ce qui se passe sans intervenir. Les autorités, de leur part, font de leur mieux pour qu'une issue convenable soit trouvée à cette crise où sont impliqués non seulement des enfants mineurs, mais aussi des pensionnaires adultes qui ont quitté les bancs de l'école depuis fort longtemps. Qui va céder le premier ? Wait and see.


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