Les Etats-Unis veulent mettre fin à "l'influence néfaste" de l'Iran

Un responsable américain a appelé lundi les autorités libanaises à "mettre fin à l'influence néfaste de l'Iran via le Hezbollah", assurant que son pays était déterminé à interrompre le financement par Téhéran de la formation hostile à Israël.

Washington cherche à assécher les sources de financement du Hezbollah, tout en exigeant du pouvoir libanais de désarmer le mouvement chiite, affaibli il y a près d'un an par une guerre avec Israël.

"Nous pensons que la clé pour que le peuple libanais récupère son pays est de mettre fin à l'influence néfaste de l'Iran via le Hezbollah", a déclaré le secrétaire adjoint au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, John Hurley.

L'administration américaine est "très sérieuse" dans sa détermination "à couper le financement de l'Iran" au Hezbollah, a-t-il ajouté lors d'un entretien avec trois journalistes, dont l'AFP, au siège de l'ambassade américaine au nord de Beyrouth.
"Si nous pouvions éliminer l'influence malveillante de l'Iran au Liban, rassurer Israël que le Liban ne constitue pas une menace (..), je pense que la région irait mieux (..)", a-t-il estimé.

Le responsable faisait partie d'une délégation dirigée par Sebastian Gorka, le chef de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, qui a rencontré depuis dimanche les dirigeants libanais.
"Nous avons été très francs avec le président, le Premier ministre et les autres hauts responsables", a dit M. Hurley. "Il y a une fenêtre d'opportunité en ce moment, notamment la période entre maintenant et les élections" prévues en mai 2026, pour agir.
Selon le Trésor américain, l'Iran a transféré depuis janvier 2025 plus d'un milliard de dollars au Hezbollah au Liban, notamment via des bureaux de change.

Cryptomonnaie

Le responsable a souligné que le Hezbollah était financé par "beaucoup d'argent liquide, beaucoup d'or, et une partie en cryptomonnaie".

Il a indiqué s'être rendu aux Emirats arabes unis et en Turquie pour "discuter avec eux des stratégies que nous pouvons poursuivre ensemble pour essayer de stopper" les transferts de fonds par les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran, au Hezbollah.
"Nous avons observé des flux significatifs venant de ces deux pays" destinés au Hezbollah au Liban, a-t-il expliqué.

Jeudi, les Etats-Unis ont imposé des sanctions à des membres du Hezbollah accusés d'avoir facilité le transfert de fonds depuis l'Iran, via des bureaux de change, utilisés par le groupe pour reconstruire son infrastructure militaire selon eux.

M. Hurley a reconnu que les autorités libanaises avaient enregistré "un certain succès" en stoppant des transferts d'argent liquide et d'or à l'aéroport international de Beyrouth. "Nous souhaiterions voir cela s'étendre aux ports (..) et à toutes les frontières", a-t-il dit.

Un responsable libanais qui a requis l'anonymat a indiqué à l'AFP que la délégation avait délivré un message "ferme et clair" aux autorités libanaises, leur demandant "des actions concrètes" pour assécher les sources de financement du Hezbollah.

Elle a exigé de l'Etat qu'il "lutte contre le blanchiment d'argent, la +cash economy+ (transactions en liquide, NDLR) et qu'il ferme Al-Qard al-Hassan", a précisé ce responsable. Cette société financière liée au Hezbollah et sanctionnée par les Etats-Unis accorde des prêts en dollars contre des dépôts en or.

Sans confirmer, le responsable américain a estimé qu'il "devrait y avoir des poursuites contre les personnes (..) qui utilisent cette entité pour financer le Hezbollah".
L'armée israélienne a affirmé lundi avoir "éliminé" depuis début novembre au Liban 15 membres du Hezbollah, qu'elle accuse de chercher à se réarmer. Elle a aussi mené une série de frappes lundi sur le sud et l'est du Liban, affirmant viser des sites du mouvement pro-iranien.