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Le baril de Brent s'échange désormais sous les 65 dollars, bien loin du niveau atteint en 2022 après l'invasion russe de l'Ukraine, quand il avait largement dépassé les 100 dollars, s'affichant même parfois au-delà des 120 dollars. Eclairage sur les répercussions.
La chute des cours du pétrole contribue au ralentissement de l'inflation, ainsi qu'à la croissance des pays importateurs d'or noir, comme les Etats européens.
"Les consommateurs vont être les gagnants" de cette baisse, affirme Pushpin Singh, économiste au Cebr, un cabinet britannique de conseil et d'analyse économique.
L'an passé à la même période, le baril de Brent s'échangeait entre 75 et 80 dollars. La perte de plus de dix dollars joue ainsi sur les calculs d'inflation qui comprennent les dépenses en énergie, très dépendantes de l'or noir au niveau mondial, notamment avec l'usage des carburants et d'autres produits dérivés directement du pétrole.
En avril, l'indice des prix à la consommation (CPI) a par exemple légèrement ralenti aux Etats-Unis grâce à la diminution des prix des carburants (-11,8% depuis avril 2024).
Concrètement, un pétrole moins cher "augmente le niveau de revenu disponible que les consommateurs peuvent dépenser pour des articles" comme la nourriture, les vêtements, les loisirs ou le tourisme, poursuit l'économiste, c'est-à-dire leur pouvoir d'achat.
Le recul des coûts d'acheminement et de production des biens de consommation peut aussi, à moyen terme, agir sur les prix des produits finis. "Nous verrons probablement une certaine pression à la baisse sur les ventes de détail à l'avenir en raison des coûts des intrants" moins élevés, précise M. Singh.
La baisse des cours de l'or noir noir étant en partie une conséquence de la politique commerciale du président Trump, le résultat net sur l'inflation reste cependant difficile à prévoir, tempère l'économiste, car la guerre douanière "représente intrinsèquement un énorme coût additionnel" sur les importations.
Les producteurs d'énergie sont les perdants incontestables de l'affaissement des cours du brut, "surtout les producteurs à coûts élevés qui, aux prix actuels et inférieurs, sont forcés de réduire la voilure dans les mois à venir", explique Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.
"Un prix du pétrole en dessous, ou plus proche, des 60 dollars ne sera évidemment pas idéal pour les producteurs de schiste", confirme Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy.
Certaines entreprises de schiste ont déjà annoncé réduire leurs investissements dans le Permien, situé entre le Texas et le Nouveau-Mexique.
"Un pétrole moins cher rend aussi les sources d'énergie renouvelables moins compétitives et peut potentiellement ralentir les investissements dans les technologies vertes", alerte Pushpin Singh.
Pour les pays de l'Opep+, qui ouvrent les vannes depuis le mois d'avril et font chuter les cours du pétrole, la tolérance aux prix bas est très variable.
L'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont des réserves monétaires et peuvent s'endetter facilement pour financer leurs projets de développement et de diversification économique, selon M. Leon.
Ces pays seront même "gagnants à long terme" car ils "récupèrent des parts de marché perdues depuis 2022 lorsqu'ils ont commencé à réduire volontairement leur production", estime Ole Hansen.
Samedi, Ryad, Moscou et six autres membres de l'Opep+ ont ainsi encore décidé d'accroître de 411.000 barils par jour leur production en juillet.
La situation semble en revanche plus délicate pour des pays comme l'Iran et le Venezuela, dont les économies peu diversifiées dépendent très largement de la rente pétrolière, ou comme le Nigeria, dont la capacité d'endettement est moindre.
La croissance du PIB par habitant du Guyana qui a bondi ces dernières années grâce à la découverte d'importantes réserves de pétrole pourrait aussi ralentir fortement.
"Avoir des prix du pétrole plus bas sera un préjudice pour leur développement", confirme M. Singh.