La tension entre Rabat et Madrid va crescendo

Bruxelles se mêle à la danse


T.M
Mercredi 19 Mai 2021

Le gouvernement espagnol n 'en finit pas de s'entortiller dans ses contradictions

La tension s’exacerbe de plus belle entre Rabat et Madrid. En effet, la crise entre les deux pays a pris un nouveau tournant après que les autorités marocaines ont décidé, avant-hier, de rappeler leur ambassadrice en Espagne pour consultation, suite au «mécontentement» exprimé par Madrid face à «l'entrée massive de migrants» au préside occupé de Sebta. Selon l’agence espagnole EFE, «ce rappel de l’ambassadrice pour consultation intervient alors le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, se trouve dans la ville de Sebta, où il est arrivé cet après-midi (de mardi) en hélicoptère». Et de rappeler : «Le dernier rappel pour consultation d'un ambassadeur du Maroc à Rabat a eu lieu en 2007, lorsque Rabat a rappelé son ambassadeur Omar Azziman pour protester contre l'annonce de la visite des rois d'Espagne à Sebat et Mellilia». Il y a lieu de signaler qu’avant ce rappel pour consultation, l’ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, avait été convoquée mardi, en urgence, par la ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha Gonzales Laya. Celle-ci a déclaré à l’issue de cette entrevue : "Je lui ai rappelé que le contrôle des frontières a été et doit rester de la responsabilité partagée de l'Espagne et du Maroc ». De son côté, Karima Benyaich a qualifié d’inhabituelle la rapidité avec laquelle sa convocation est intervenue. Elle a souligné dans une déclaration à la presse que dans les relations entre pays, il y a des actes qui ont des conséquences, «et il faut les assumer», faisant allusion à la trop inappropriée décision du gouvernement espagnol d’accueillir sur son sol en catimini et sous fausse identité, le chef des séparatistes, Brahim Ghali, arguant de raisons «humanitaires», ce qui a suscité l’ire du Maroc qui a considéré ce fait comme un coup d’épée dans le dos. Karima Benyaich a également précisé qu’il y a «des attitudes qui ne peuvent êtres acceptées», tout en ajoutant que «les relations entre pays voisins et amis doivent être fondées sur une confiance mutuelle qui doit être travaillée et entretenue». Pour sa part, le gouvernement espagnol a nié tout lien direct entre la crise migratoire et la décision de Madrid d’accueillir le chef des séparatistes, Brahim Ghali. Par ailleurs, l’agence espagnole Europa Press a souligné que les responsables espagnols espèrent que l'ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, puisse «revenir bientôt » à son poste, et que «la relation avec le Maroc sera reconstruite, étant donné que c'est un pays ami et un voisin important». Il y a lieu de signaler que près de 10.000 migrants sont arrivés entre lundi matin et mardi au préside occupé de Sebta et que 4.000 d’entre eux ont été renvoyés vers le Maroc, selon les chiffres publiés mardi par le ministère espagnol de l'Intérieur. Celui-ci a, par ailleurs, annoncé l'envoi de nouveaux renforts des forces de l'ordre sur place pour faire face à l'afflux massif et soudain de milliers de migrants en provenance du Maroc. Quant à Bruxelles, elle s’est empressée d’exprimer sa solidarité avec l’Espagne et d’appeler le Maroc, par la voix de la commissaire européenne Ylva Johansson, à empêcher les «départs irréguliers» depuis son territoire. «L'Europe ne se laissera intimider par personne», a ajouté mercredi matin Margaritis Schinas, le vice-président de la Commission européenne en soutien à l'Espagne. Il a aussi affirmé, au sujet du Maroc, que l'Europe ne serait «pas victime de ces tactiques». A signaler également que Federico Trillo qui occupait le portefeuille de ministre de la Défense lors de la crise de l’Ile de Leila en 2002 a affirmé hier que la crise migratoire de Sebta est «plus grave» que ce conflit et prétendu, sur un ton purement colonialiste dans un entretien avec la radio espagnole Cope, que «la souveraineté et l'unité nationales espagnoles ont été offensées parce que Sebta est un territoire espagnol». Il a en outre souligné que ces évènements qu’il a faussement qualifiés d’«agression illégitime» doivent provoquer des réponses adéquates «dans le cadre de la légalité internationale» et «des réactions politiques et militaires de l'UE, des Nations unies et de l'OTAN».

​La justice espagnole rouvre le dossier Brahim Ghali

Le chef du Polisario est poursuivi pour torture et crime contre l’humanité
La justice espagnole a rouvert un dossier pour crime contre l'humanité visant le chef du Polisario. Brahim Ghali est hospitalisé depuis avril dans un établissement de Logroño après avoir contracté la Covid-19, selon ses compagnons. Déjà cité à comparaître le 1er juin devant la justice espagnole pour répondre d'une plainte pour "tortures" présentée par un dissident naturalisé espagnol, il devra également comparaître pour une autre affaire. Il s'agit d'une plainte déposée il y a des années par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'Homme, pour des faits présumés de crime contre l'humanité (génocide, torture, assassinats et disparitions), ont indiqué à l'AFP des sources judiciaires. Ces crimes ont visé, selon cette association, des dissidents sahraouis réfugiés à Tindouf, dans l'ouest de l'Algérie. Le dossier, traité par l'Audience nationale, un haut tribunal basé à Madrid, a été rouvert en raison de la présence sur le sol espagnol de Brahim Ghali, la police ayant pu formellement l'identifier après son hospitalisation. La prochaine étape devrait en toute logique être sa convocation devant le tribunal.


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