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La désobéissance civile s'accentue en Irak


Mardi 5 Novembre 2019

Quatre manifestants ont été tués par balles près du consulat iranien à Kerbala, dans le sud de l'Irak, où les manifestants renforçaient lundi la désobéissance civile en réponse à l'appel du Premier ministre Adel Abdel Mahdi à "retourner à la vie normale".
Dans la nuit, des manifestants ont tenté d'incendier la représentation diplomatique de l'Iran, pays voisin et grand parrain de la politique irakienne, à Kerbala, ville sainte chiite visitée chaque année par des millions de pèlerins iraniens.
Ils ont déployé des drapeaux irakiens sur le mur d'enceinte du consulat, où ils ont écrit "Kerbala libre, Iran dehors".
Les forces de l'ordre ont répliqué avec des rafales de balles réelles, qui ont fait quatre morts, selon des cadres de la médecine légale de la ville à 100 kilomètres au sud de Bagdad.
"Ils veulent nous tuer, pas nous disperser, ils ne tirent pas en l'air", a affirmé un jeune manifestant à l'AFP.
Les forces de l'ordre "protègent le consulat d'un pays étranger alors que nous, on veut seulement que notre pays soit libre sans qu'aucun autre pays ne le dirige", a-t-il ajouté, alors que les manifestants accusent Téhéran d'être l'architecte du système politique irakien qu'ils jugent corrompu et incompétent.
Depuis quelques jours, la colère des protestataires qui réclament "la chute du régime" se concentre sur l'Iran, l'une des deux puissances agissantes en Irak avec les Etats-Unis. Ces derniers sont absents des slogans des manifestants, et n'ont pas non plus fortement réagi à la crise qui secoue l'Irak.
A l'opposé, durant le mois de contestation qui s'est écoulé, le général Qassem Soleimani, commandant des opérations extérieures de l'armée idéologique iranienne, a multiplié les visites en Irak. Et les commentaires du guide suprême iranien Ali Khamenei qui dénonce un "complot" américain et israélien n'ont fait qu'exacerber l'ire des Irakiens.
A Bagdad et dans le sud du pays, la plupart des écoles publiques n'ouvrent plus leurs portes, tandis qu'à Diwaniya, à 200 kilomètres au sud de la capitale, des cortèges de manifestants ont accroché d'immenses banderoles "Fermé au nom du peuple" sur l'ensemble des bâtiments publics de la ville.
Dans l'autre ville sainte chiite du pays, Najaf, une banderole similaire barrait l'entrée du Conseil provincial, ont constaté des correspondants de l'AFP.
Née le 1er octobre, la contestation a été marquée par des violences meurtrières qui ont fait, officiellement, au moins 257 morts. Depuis sa reprise le 24 octobre, elle est désormais organisée par étudiants et syndicats, et les manifestants occupent des places devenues d'immenses camps autogérés, parfois dans une atmosphère festive.
Ailleurs dans le pays, les actions de désobéissance civile se multiplient, tandis que plusieurs syndicats ont déclaré la grève générale.
La route menant au port d'Oum Qasr (sud), vital notamment pour les importations alimentaires de l'Irak, est désormais coupée par des blocs de béton sur lesquels est inscrit "Fermé sur ordre du peuple".
Dans le port même, des dizaines de bateaux ont repris la route sans avoir pu décharger leurs cargaisons, a indiqué à l'AFP une source portuaire.
A Amara (sud), les manifestants bloquaient deux champs pétroliers exploités par des compagnies chinoises: Halfaya, l'un des plus grands champs du pays, deuxième producteur de l'Opep, et Buzurgan. La production n'a pas été interrompue mais des employés ont affirmé à l'AFP ne pas avoir pu accéder à leurs installations.
A Samawa, les routes principales et les ponts étaient coupés, tandis qu'à al-Hilla et Nassiriya (sud), la quasi-totalité des institutions publiques étaient fermées, ont rapporté des correspondants de l'AFP.
Jusqu'ici, les manifestants ont répondu à toutes les déclarations des autorités par une contestation accrue. En décrétant un couvre-feu nocturne à Bagdad, elles ont multiplié le nombre de manifestants sur la place Tahrir la nuit et des cortèges de voitures, musiques et klaxons hurlants, sortent désormais chaque nuit au moment où débute le couvre-feu.
En sortant dimanche soir de son silence pour réclamer "un retour à la vie normale" et en décrétant que "de nombreuses revendications ont déjà été satisfaites", M. Abdel Mahdi semble avoir de nouveau un peu plus durci le bras de fer.
Car les promesses d'élections anticipées, de réformes du système des embauches et des retraites, n'apaisent pas la colère des dizaines de milliers de manifestants qui tiennent leurs piquets de grève et autres rassemblements.


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