IAM : On veut être indépendants mais en France on éprouve des difficultés à nous produire

Vendredi 6 Juin 2014

IAM : On veut être indépendants mais en France  on éprouve des difficultés à nous produire
IAM est un groupe de rap français créé en 1989 
et composé d’Akhenaton, Shurik´nn, Kheops, Imhotep et Kephren. Le groupe 
a marqué les débuts du rap des années 90 et remporte deux récompenses avec 
l’album «L’école du micro d’argent» aux Victoires 
de la musique et devient disque d’or en deux jours. 
7 albums plus tard, IAM 
annonce le 1er octobre 2013 la sortie du nouvel opus 
intitulé «...I AM» et annonce que ce sera le dernier album du groupe. Les rappeurs 
se produisent pour 
la première fois sur la scène marocaine et ont accepté 
de répondre à nos questions.
 
Libé : Est-ce réellement la fin?
 
IAM : Ce qui a été annoncé est plus une question contractuelle, car nous avons un parcours avec le même contrat depuis les années 90 jusqu’au milieu des années 2010. Nous sommes dans une situation où on joue beaucoup mais pour l’instant, nous n’avons pas renouvelé de contrat. On veut être indépendants et en France, on éprouve des difficultés à nous produire. 
Nous aimerions reprendre avec une maison de disque et cela est en cours. De toute façon, si nous ne renouvelons pas de contrat, on continuera à faire des livres et à jouer notre musique. Comme on dit toujours, la musique n’est pas comme le sport, nous n’avons pas besoin de nous arrêter, car nous ne sommes pas dépassés.
 
Quelle chanson compte le plus pour vous?
 
Le morceau qui a vraiment fait le tour est «Demain c’est loin », car c’est une sorte de photographie de la fin des années 90: de nos vies, de nos quartiers, de notre culture et de notre évolution. Il y a le côté performance sur scène qui est très intéressant, car nous arrivons toujours à jouer cette chanson de manière différente.
 
Comment vivez-vous vos carrières solos respectives?
 
Dans nos têtes, il n’a jamais été question de carrière. Ce sont des projets personnels mis à terme mais nous n’avons jamais voulu de carrière solo. C’était au feeling en fonction de l’humeur. Le groupe a toujours été plus important, le reste était du bonus, car il nous servait à réintégrer IAM avec plus d’expérience. On n’a jamais pensé en termes de carrière, c’étaient des pauses qui permettaient de prendre du recul sur le travail du groupe.
 
Qu’en est-il du public marocain?
 
Il y a beaucoup de nos fans marocains qui nous demandaient quand nous allions venir au Maroc. Ainsi donc, il y a une forme de trac et de pression. En même temps, un grand plaisir, car on est très contents de venir.
 
Quel regard avez-vous sur le rap français actuel?
 
Nous n’avons pas le recul nécessaire, mais il y a suffisamment de diversités pour faire son choix. On a les outils pour ne pas subir la musique et faire nos propres choix. On fait ce que devraient faire beaucoup de médias, on parle de ce qui est positif : on préfère parler du verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Actuellement, il y a des jeunes de 17 et 18 ans qui produisent un rap très  intéressant.  Il faut se tourner vers ces jeunes qui écrivent des choses intéressantes. On ne pense pas que le rap était mieux avant, mais on estime qu’il sera mieux demain. On a envie de croire que les jeunes générations vont continuer et porter le flambeau.
 
Une remarque sur la montée du FN en France?
 
En France, on a besoin de  plus d’ouverture d’esprit et de plus d’implication de la part des artistes qui sont devenus, depuis une quinzaine d’année, très frileux. Ces artistes veulent ratisser large et plaire à tout le monde. Quand on voit la montée du FN en France on réagit en tant que parents. Savoir que nos enfants vont grandir dans un pays avec 25% de FN, ça nous donne envie de voter avec les pieds, c’est-à-dire de déménager. Ce qui est vraiment triste, c’est de voir que les gens justifient ce vote comme contestataire alors que l’obsession est bien l’immigration. Les gens qui votent pour l’extrême droite savent pertinemment pour qui ils votent. C’est pour cela qu’on a besoin d’artistes engagés pour faire contrepoids. Les chaînes diffusent en boucle tous les soirs des reportages sur l’insécurité et la violence et en font leur actualité principale. Les gens finissent, à cause de ce genre de reportages, par avoir peur. 

Propos recueillis par Danaé Pol

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