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Hommage posthume à un résistant, un militant et un grand homme d’Etat : Ahmed Ben Bella et l’union des pays du Maghreb en toile de fond


Nezha Mounir
Lundi 9 Juillet 2012

Hommage posthume à un résistant, un militant et un grand homme d’Etat : Ahmed Ben Bella et l’union des pays du Maghreb en toile de fond
Quand l’unité du Maghreb prend tout son sens : elle le doit à l’hommage posthume organisé à la mémoire de feu Ahmed Ben Bella. Elle le doit à ceux qui en ont eu l’idée, Abderrahmane Youssoufi en tête, et à l’apport d’autres militants, d’autres résistants, d’autres Maghrébins convaincus, d’où la collaboration bienvenue  et inspirée du Haut commissariat aux anciens résistants marocains et anciens membres de l’Armée de libération marocaine.
Vendredi dernier, au Théâtre Mohammed V, aux côtés des membres de la famille du militant maghrébin et de l’homme d’Etat algérien qu’était Ben Bella, il y avait des dirigeants des partis politiques et syndicats marocains, des parlementaires ainsi que des représentants d’ambassades accréditées à Rabat. 
Coïncidant également avec la commémoration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, cette manifestation est avant tout un appel à la concrétisation d’un rêve cher au regretté et à tous les nationalistes, celui de l’unité du grand Maghreb. 
Certes, la lutte pour l’indépendance a été douloureuse et s’est faite au prix de sacrifices, de larmes  et de sang. Mais elle aurait enregistré la cohésion des pays du Maghreb qui se sont unanimement dressés  contre les forces d’occupation. « Les Marocains considéraient la cause algérienne comme la leur et s’y étaient  investis à fond », n’a pas manqué de rappeler, à cet effet, Fathallah Oualalou, Premier secrétaire adjoint de l’USFP. Et d’ajouter que  cette rencontre est là pour nous renvoyer vers  un passé chargé de valeurs. L’occasion de jeter les jalons d’une réconciliation des peuples maghrébins et d’œuvrer pour la construction d’un avenir meilleur. Cette nostalgie a filtré à travers les propos de tous les intervenants qui  nourrissent  l’espoir de voir le grand projet du Maghreb arabe renaître de ses cendres. Aberrahmane Youssoufi, a, pour sa part, affirmé clairement souhaiter que l’initiative entreprise par le président tunisien visant l’organisation d’un sommet maghrébin l’automne prochain, puisse réussir. Un après-midi durant, des leaders politiques se sont relayés à la tribune pour rendre hommage au grand nationaliste algérien et évoquer les principales étapes de son parcours de militant. « Une icône », « un personnage charismatique hors du commun », « un combattant hors pair », des qualités qui lui ont valu de figurer parmi les grands militants qui ont marqué l’histoire du tiers-monde tels que Mohammed V, Abdelkrim El Khattabi, Jamal Abdel Nasser, voire Nelson Mandela ou Ghandi. 
Qui d’autre est mieux placé que Abderrahmane Youssoufi pour parler d’Ahmed Ben Bella ? Deux hommes de la même trempe. Une grande amitié les a liés et Youssoufi avait même assuré la défense de  Ben Bella et de ses compagnons après le détournement de l’avion qui les transportait vers Tunis en 1956.              C’est dire la profondeur de leurs liens. Jeune,  rappelle Youssoufi, le regretté  faisait   montre d’une grande maturité et d’une  force de caractère sans égales.  C’est ce qui l’a poussé à se dresser contre un enseignant français qui a eu un comportement discriminatoire. Les graines de la fibre nationaliste étaient bien plantées déjà. Par la suite, il s’est fait remarquer au sein de l’armée française où beaucoup de médailles lui ont été décernées. Mais un événement tragique a marqué un tournant décisif dans sa vie. Il s’agit, comme l’a évoqué Abderrahmane Youssoufi, de la tuerie du 8 mai 1945 qui a fait 40.000 victimes algériennes. Il s’est senti alors obligé d’agir pour son pays. C’était une sorte de déclic. Le début d’une vie mouvementée  où le maître mot était la lutte pour l’indépendance de son pays voire du Maghreb. Et pour cause, le mouvement nationaliste faisait fi des frontières. « Quand un incident se produisait dans un pays, les populations des autres pays se soulevaient  et les manifestations répétées déstabilisaient les colons», a indiqué à cet effet, Youssoufi. Ben Bella était persuadé alors que seule la lutte armée pouvait chasser les occupants. Tous les moyens étaient bons pour renforcer le mouvement nationaliste.  Au-delà de la logistique,  Ben Bella adoptait également des stratégies afin d’approvisionner les combattants en armes, en médicaments, en  nourriture….Il multipliait à cet effet, les rencontres avec tous les leaders de la région. Au prix d’une lutte sans merci, l’indépendance de l’Algérie a été arrachée mais Ben Bella a raté de peu la commémoration de son cinquantième anniversaire. Et Youssoufi a rappelé par ailleurs toute l’estime et  le respect de Ben Bella pour le Roi Mohammed V qui avait promis que les frontières marocaines demeureraient ouvertes au transit des hommes et des armes. 
 Abdelouahed Radi, Premier secrétaire de l’USFP, s’est dit, pour sa part, très fier de participer à cet hommage rendu  au patrimoine militant de l’un des leaders de la résistance maghrébine et le symbole de l’action nationale partagée des peuples marocain et algérien.  « Que représentait pour moi Ahmed Ben Bella lors de cette phase de jeunesse où je faisais mes premiers pas dans l’action nationale ?, s’est interrogé M. Radi. « C’était un mythe, une référence, un exemple de sacrifice et de résistance qui a toujours forcé le respect », a-t-il indiqué. Continuant sur sa lancée, M. Radi a indiqué que si Ben Bella était le symbole de la révolution algérienne, Mohammed V était le symbole de la lutte du peuple marocain contre l’occupant. Un rapprochement fait d’ailleurs par d’autres intervenants. L’occasion pour Abdelouahed Radi de rappeler les liens forts qui ont cimenté les relations entre les mouvements nationalistes des deux pays.  Le meilleur exemple pour illustrer cet état de fait, se traduit par les grandes manifestations organisées par les Marocains suite au détournement de l’avion qui conduisait Ben Bella et ses compagnons au Sommet de Tunis en octobre 1956. A noter aussi qu’après sa libération, le militant algérien a été accueilli au Maroc comme un héros. Néanmoins et suite au  coup d’Etat de 1965 contre Ben Bella, les relations entre les deux pays se sont sensiblement détériorées jusqu’à la rupture, a regretté amèrement M. Radi. 
Mostafa El Ktiri, Haut commissaire aux résistants et anciens membres de l’Armée de libération, est revenu, lui aussi, sur les principaux événements qui ont marqué la vie d’Ahmed Ben Bella. Et de préciser que toutes les études et les recherches faites sur le mouvement nationaliste maghrébin s’accordent à dire qu’il représentait l’un des plus grands cerveaux de la résistance. Cette qualité lui a valu de faire l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat dont il a échappé miraculeusement, n’a pas manqué de préciser  M. El Ktiri. Un parcours mouvementé passant de la  prison à la résidence forcée et  l’asile avant le retour au pays. Ben Bella considérait le Maroc comme son second pays.
Said Abadou, secrétaire général de l’Organisation nationale des moujahidines, a exprimé, à son tour, au nom du peuple algérien, toute sa reconnaissance d’avoir été invité à cette manifestation. Une personnalité historique, qui demeurera à jamais vivante dans nos esprits, a indiqué M. Abadou. Et d’ajouter : « Les générations à venir gagneraient à mieux le connaître. Il n’a pas manqué par ailleurs de saluer les prises de position du Maroc qui se sont traduites par un soutien incommensurable à la cause de la résistance algérienne face à la colonisation. »
Les témoignages se sont poursuivis plus élogieux les uns que les autres. Sauf que cette rencontre ne devrait pas s’arrêter à ce niveau et demeurer stérile. Elle devrait plutôt  marquer un élan orienté vers un meilleur avenir afin de relever les multiples défis à même de favoriser  l’édification du Maghreb.



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