Des crimes de droit international, parmi lesquels des viols et des meurtres, continuent d'être commis par l'armée congolaise et les groupes armés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), indique mercredi Amnesty International. Dans un rapport publié à Paris, l'organisation demande que le système judiciaire du pays soit réformé pour combattre l'impunité qui alimente un cycle de violence et d'atteintes aux droits humains depuis des décennies dans ce pays. "La population de la RDC a subi des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité - notamment la torture, la violence sexuelle et l'utilisation d'enfants soldats - à très grande échelle mais seuls quelques responsables présumés ont été conduits devant la justice", explique Véronique Aubert. Selon la directrice adjointe du programme Afrique d'Amnesty International, tous les auteurs présumés de ces crimes de droit international "doivent être poursuivis conformément aux normes internationales d'équité des procès, sans recours à la peine de mort." "À l'approche des élections présidentielles et législatives qui doivent avoir lieu en RDC en novembre 2011, le fait de traduire en justice les responsables présumés de crimes de droit international et de garantir réparation aux victimes ne doit pas être juste une priorité électorale. Il faut que cela se traduise par des mesures concrètes", dit-elle. Les Nations unies ont publié l'an dernier un rapport relevant les plus graves violations et atteintes aux droits humains commises en RDC entre 1993 et 2003 pour lesquelles la justice n'a presque jamais été rendue.
Ce document faisait observer que l'appareil judiciaire congolais était trop faible et manquait de moyens pour rendre justice pour les crimes de droit international, souligne Amnesty international. En réponse à ce rapport, le gouvernement de RDC a proposé la création d'une cour spécialisée qui aurait compétence à juger ces crimes. Le projet de loi relatif à sa création pourrait être adopté par le Parlement dans les semaines à venir. "Cette initiative constitue une grande avancée dans la lutte contre l'impunité, mais il en faut beaucoup plus pour permettre aux tribunaux ordinaires de compléter ce nouveau mécanisme", a souligné Véronique Aubert.