Cinq décennies d’histoire militante où se sont mêlées ferveur idéologique, fidélité aux valeurs socialistes et audace dans l’action.
Cinq décennies durant lesquelles des générations successives de jeunes ont porté haut la flamme du progrès, de la liberté et de la justice sociale.
Cette célébration n’est pas un simple retour sur le passé, mais une invitation à repenser le rôle de la jeunesse ittihadie dans la construction du Maroc de demain — un Maroc social, démocratique et solidaire.
I. Quand la jeunesse devient la question centrale de l’Etat social
Ce n’est pas un hasard si la conscience ittihadie demeure clairvoyante dans un monde traversé par la perte des repères. Car l’idée ittihadie, lorsqu’elle s’enracine dans la conscience collective, cesse d’être un simple slogan politique : elle devient un acte de foi citoyen, un souffle moral et intellectuel au service de la patrie.
La Jeunesse Ittihadie, garante de la pérennité des idéaux socialistes, n’est pas un prolongement administratif du parti ni un souvenir glorieux dans la mémoire militante. Loin s'en faut. Elle constitue une force vive, une école de valeurs et un laboratoire d’idées, où s’élaborent le sens du devoir et la conviction que la politique n’a de sens que lorsqu’elle place l'humain au cœur de son intérêt.
La jeunesse marocaine, quant à elle, n’est plus une donnée démographique: elle incarne le cœur battant de la question nationale, là où se rejoignent emploi, éducation, dignité et citoyenneté. Lorsque l’espérance s’effrite, c’est tout le contrat social qui s’effondre. D’où l’urgence de rebâtir un lien sincère entre l’Etat et sa jeunesse, entre la promesse de l’Etat social et sa concrétisation quotidienne.
II. Une génération en quête de sens face aux fractures du modèle national
La jeunesse marocaine se trouve à la croisée de mutations économiques, sociales et culturelles. Le chômage, la précarité et la dévalorisation du savoir minent les espoirs d’une génération souvent plus éduquée, mais moins reconnue.
L’école, autrefois vecteur d’émancipation, tend aujourd’hui à reproduire les inégalités territoriales et sociales, creusant davantage la fracture entre le Maroc utile et le Maroc oublié.
Cette situation nourrit un désenchantement civique : l’abstention politique n’est plus un signe d’indifférence, mais une expression de rupture avec un système perçu comme déconnecté des réalités.
Le numérique, censé libérer la parole, a souvent brouillé la vérité. Pourtant, au cœur de cette confusion, une jeunesse lucide s’élève : elle cherche du sens avant la posture, de la justice avant les promesses, du dialogue avant les dogmes.
III. La Jeunesse Ittihadie : du creuset des valeurs à l’avant-garde du changement
Depuis sa fondation, la Jeunesse Ittihadie fut la conscience critique et morale du mouvement ittihadi. Ecole de lucidité, de courage et d’humanisme, elle a toujours réaffirmé que le socialisme marocain est un projet de civilisation avant d’être un programme politique. Sa fidélité à l’esprit du progrès ne réside pas dans la répétition, mais dans l’innovation.
Elle allie la réflexion à l’action, le débat à l’initiative, la théorie à la proximité sociale. Dans un monde où la politique tend à se vider de son sens, elle continue de former des citoyennes et citoyens porteurs d’une conviction simple : changer, c’est servir.
IV. De la critique à la proposition : une force de transformation sociale
La Jeunesse Ittihadie ne se contente pas de contempler le changement, elle le façonne.
A l’intérieur du parti, elle impulse la modernisation des structures et la démocratisation des pratiques. A l’extérieur, elle s’engage dans les combats sociaux, écologiques et culturels, propageant les valeurs de la gauche moderne.
Véritable école du réel, elle traduit la pensée ittihadie en actions : projets éducatifs dans les zones rurales, promotion de l’économie sociale, campagnes d’alphabétisation et de citoyenneté. Elle n’est pas une aile du parti : elle en est la conscience vivante.
V. Le numérique comme terrain d’action et de reconquête de la confiance
Le militant du XXIᵉ siècle évolue dans un espace numérique saturé d’images, où la vitesse supplante souvent la réflexion. La Jeunesse Ittihadie a choisi de faire du digital un outil d’émancipation intellectuelle : plateforme de débat, espace de formation, relais d’action solidaire.
Mais elle sait aussi que le virtuel n’a de sens que s’il s’enracine dans le réel : les quartiers, les écoles, les universités, les villages. C’est dans ces lieux que la confiance renaît, non par les promesses, mais par les preuves : un projet abouti, une école rénovée, un jeune encouragé à croire à nouveau en son pays.
VI. Mémoire d’un combat, promesse d’un avenir collectif
Cinquante ans d’histoire n’ont pas figé la Jeunesse Ittihadie dans la nostalgie ; ils l’ont préparée à un avenir exigeant. Son parcours prouve que le socialisme marocain n’a jamais été une imitation : il est né d’un effort national pour concilier justice et liberté.
La Jeunesse ittihadie est consciente que, quoique l'histoire du parti incite à s'en réjouir, il ne faut pas s'y attarder trop. Il faut capitaliser dessus pour construire une vision de l'avenir.
L’heure est grave. Continuer de porter des idées progressistes n'est pas chose aisée, dans un monde où les valeurs néolibérales cherchent à s'imposer par tous les moyens. Tout en restant fidèle aux idées qui ont animé son action jusqu'à présent, la Jeunesse Ittihadie doit innover dans ses démarches, dans sa manière de concevoir et de faire la politique.
La Jeunesse Ittihadie doit continuer d’être le cœur battant et le cerveau prospectif de l’Union socialiste des forces populaires — un espace où se réinvente la politique au service du Maroc de demain.
Car la politique, au fond, n’est pas une profession : c’est une promesse tenue envers la patrie. Et la citoyenneté n’est pas un statut, mais un acte quotidien de fidélité et de responsabilité. Ainsi, la voix ittihadie continuera de se régénérer, génération après génération, comme une flamme qui éclaire, sans jamais se consumer.
Par Mohamed Assouali







