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Les touristes occidentaux délaissent depuis des années ces cimes enneigées de l'Himalaya situées au nord du Pakistan, coincées entre l'Inde et la Chine, dans une région réputée être un camp d'entraînement pour les islamistes armés.
Le Cachemire est en outre disputé entre les deux géants nucléaires, l'Inde et le Pakistan, qui se sont livré deux guerres pour son contrôle.
Et l'assassinat le mois dernier par un groupe armé islamiste de dix alpinistes étrangers - un Américano-Chinois, trois Ukrainiens, deux Slovaques, deux Chinois, un Lituanien et un Népalais - à seulement 114 kilomètres à l'ouest, dans la région voisine de Gilgit-Baltistan, n'a fait qu'accentuer ces craintes.
Mais grâce à la construction d'une nouvelle route par les Chinois, et un cessez-le-feu qui semble durer, des centaines de milliers de Pakistanais découvrent les lacs à l'eau claire, cristalline, et les glaciers de la vallée de Neelum, au Cachemire.
Les touristes locaux affluent, injectant des deniers précieux dans une des régions les plus pauvres du pays.
"Il y a des craintes mineures, mais dans l'ensemble nous apprécions notre séjour et allons rester ici comme prévu", lance Mohammad Amir, un avocat pakistanais en vacances dans la vallée de Neelum avec sa famille.
"Cette attaque (contre les alpinistes étrangers) a été menée par des ennemis du Pakistan. Notre famille nous a contactés tout de suite après ces violences mais nous sommes en sécurité et passons du bon temps ici", renchérit Munazza Tariq, un étudiant de Karachi, mégapole du sud du pays.
Baptisée par la population locale "Paradis sur terre", la vallée de Neelum avait connu l'enfer en 2005 lorsqu'un violent séisme avait secoué le nord du Pakistan pour faucher plus de 70.000 vies.
"La nature est splendide"
600.000 personnes ont visité l'an dernier la vallée de Neelum, contre 130.000 en 2010, avant la construction par les Chinois de la nouvelle route reliant ce site enchanteur à la capitale de la portion du Cachemire administrée par le Pakistan, Muzaffarabad, selon Shehla Waqar, fonctionnaire au ministère local du tourisme.
"Ce boom est dû à cette superbe route reliant la vallée de Neelum à Muzaffarabad. La situation est aussi calme du côté de la Ligne de contrôle (séparant les Cachemires pakistanais et indien)... La région est magnifique et il n'y a pas de craintes liées au terrorisme", dit-elle à l'AFP.
Des échanges de tirs de part et d'autre de la frontière indo-pakistanaise ont tué six soldats en début d'année. Mais les deux rivaux historiques ont aussitôt calmé le jeu. Le nouveau Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a par ailleurs fait de l'amélioration des relations avec l'Inde voisine l'une de ses priorités.
Aujourd'hui, 115 gîtes et hôtels sont enregistrés dans la seule vallée de Neelum, contre zéro en 2010, chiffre le commissaire local Mohammad Farid. Depuis l'attaque contre les alpinistes, la pire contre des étrangers en une décennie au Pakistan, les autorités y ont renforcé les mesures de sécurité, incluant l'imposition d'un couvre-feu à 22H00. Mais les autorités ne prévoient pas que ces violences se propagent jusqu'au Cachemire.
"Il n'y a aucun doute que cet incident a affecté l'image du Pakistan chez les touristes à l'étranger, mais cela n'affectera pas le tourisme au Cachemire car les visiteurs ici sont principalement des Pakistanais", estime Abdul Salam Butt, ministre du Tourisme du Cachemire pakistanais. Les hôtels et restaurants dans la vallée de Neelum ne désemplissent pas. Mohamad Awais, quadragénaire, gère un restaurant, un chapelet de gîtes et organise des visites guidées dans la vallée de Neelum. "Les gens peuvent faire du trekking, du canot, de la marche et pêcher. La nature est splendide. Une fois que les voyageurs entrent dans la vallée, ils ne veulent plus en sortir", s'extasie-t-il.
Ce boom est plus que bienvenu dans cette région pauvre où, traditionnellement, les hommes abandonnent leur famille pour trouver du travail dans les grandes villes du pays. Les agriculteurs vendent cerises, abricots et prunes aux touristes et des postes de cuisiniers, chauffeurs et guides se multiplient.
Mais l'absence de routes dans certaines portions du Cachemire empêche même les touristes locaux de goûter tous les charmes de la région. "Il reste encore des endroits superbes dans notre région auxquels les touristes n'ont pas accès", regrette Khawaja Abdul Samad qui rêve d'ouvrir son propre hôtel.