"C'est ma maison. Comme vous pouvez le voir il n'y a qu'une seule pièce qui n'a pas encore été touchée par la mer", se lamente Mme Kwessi, un bébé sur son dos. Elle montre au journaliste de l'AFP cette unique pièce restante où elle dort avec ses trois enfants.
Les marées montantes ont emporté les trois-quart de la maison de briques au sol cimenté et au toit en tôles.
"Je ne sais vraiment pas quoi faire maintenant. C'était le seul abri que j'avais et j'y dors avec mes enfants parce que je n'ai pas le choix", affirme cette mère de famille désemparée.
Dans quelques semaines, au mieux quelques mois, ce qui reste de sa maison va, comme d'autres, finir englouti dans l'Atlantique.
L'érosion des côtes au Liberia a entraîné la disparition de plages et mis en danger les communautés qui ont construit trop près du bord.
Selon le gouvernement, environ 250 personnes ont perdu leurs maisons ces dernières années à Buchanan et dix mètres de plage ont disparu sous l'effet de marées de plus en plus hautes et de vagues de plus en plus fortes.
"Vous voyez des gens construire très près de la plage. Nous leur avons dit de ne pas le faire, en vain", affirme à l'AFP le maire de la ville, Mickel Mayongar.
Joseph Garveson, homme d'affaires de la région, souligne qu'auparavant, la montée de la mer était surtout notable en saison des pluies, mais que désormais ce phénomène se produit aussi en saison sèche, de novembre à juin.
L'érosion marine est également devenue un cauchemar pour les habitants de plusieurs quartiers de la capitale Monrovia, encerclée par la mer.
A Congo Town, à l'est de Monrovia, et à New Kru Town, à l'ouest, la mer avale au moins trois mètres de terre chaque année, selon l'Agence nationale de protection de l'environnement (EPA).
En février 2009, une tempête a provoqué une montée de la mer et des centaines de personnes de ces deux quartiers se sont retrouvées à la rue.
Dans la nuit, "nous avons entendu un énorme bruit sourd venant de la plage", se souvient Daniel Falakpakah, un résident de Congo Town.
Quand il est allé voir ce qui se passait avec d'autres habitants du quartier, "l'eau avait déjà recouvert la plage entière et les vagues arrivaient en force, à intervalles très rapprochés, sous une forte tempête". "Nous avons dû courir pour ne pas mourir", dit-il.
A Virginia, banlieue ouest située à 25 km de Monrovia, l'Hôtel Africa, seul hôtel cinq étoiles encore debout au Liberia - l'autre ayant été détruit pendant la guerre civile (1989-2003) a dû fermer à cause de l'avancée de la mer.
Cet établissement d'Etat, qui avait accueilli des conférences de l'Union africaine (UA), a arrêté son activité quand la moitié de ses infrastructures - dont le restaurant et la piscine - ont été emportées par les vagues.
A quatre kilomètres de là, un autre complexe de loisirs est en train d'être reconstruit après avoir été détruit par la mer.
Jerome Nyankan, directeur adjoint de l'EPA met cet assaut des vagues et des marées sur le compte de la montée des eaux dans le monde, et de l'utilisation du bois des mangroves - barrière naturelle contre les tempêtes - et du sable des plages pour le bâtiment et les travaux publics.
Pour faire face, le gouvernement du Liberia, un des pays les plus pauvres au monde, reconnaît qu'il manque de moyens.
"Nous avons une stratégie à court terme consistant à au moins protéger les infrastructures" en installant "de gros blocs de pierre et autres matériaux", dit à l'AFP Samuel Kofi Woods, ministre des Travaux publics.
"Je comprends la crainte" des gens "mais nous avançons aussi vite que nous le pouvons", affirme-t-il.