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A Tabriquet, Jamal Rhmani en campagne : «Ould derb» se bat contre le béton


Reportage réalisé par Narjis Rerhaye
Mercredi 10 Juin 2009

A Tabriquet, Jamal Rhmani en campagne : «Ould derb» se bat contre le béton
Jamal Rhmani a (presque) perdu la voix mais pas le sourire. Depuis l’ouverture de la campagne électorale, tête de liste USFP à Tabriquet, tient réunion, matin, après-midi et soir, chez  l’habitant, pour parler, et surtout et écouter les citoyens. Le rythme est soutenu, et tient du marathon. Ici 14 listes sont en lice pour le scrutin du 12 juin et la circonscription compte plus de 100.000 électeurs.
A Hay Rahma, ce quartier oublié de tous, les échos de la rencontre de ce candidat n’en finissent pas.  La rencontre a duré jusque tard dans la nuit. Les citoyens  voulaient savoir, comprendre, déverser leurs doléances. Le candidat Rhmani a répondu, sans jamais esquiver, occulter. Une grande rencontre d’explication, de la communication directe, efficace, sans entourloupes. « Jamal ne veut absolument pas entendre parler de cortèges tonitruants à travers les rues de Tabriquet et encore moins de marches de candidats où des slogans creux, toujours les mêmes d’un parti à l’autre, sont scandés sous le regard médusé des citoyens », relève un militant croisé au QG de campagne de Jamal Rhmani.
Ce lundi 8 juillet, celui qui est ministre de l’Emploi, est à Hay Al Mouahiddine.
Ici, Jamal Rhmani n’est pas un inconnu. Fils de Tabriquet, il a toujours, malgré le maroquin ministériel et les lambris du pouvoir, gardé cette culture d’appartenance, propre aux quartiers populaires. « Ould derb », plus qu’une simple appellation, est une marque de fabrique. « Je suis un gars du Hay, ce sont des choses impossibles à comprendre ailleurs dès que le quartier devient plus chic, plus urbain », explique dans un immense sourire le fils de Tabriquet devenu ministre.
A Salé, et plus précisément à Tabriquet, cet ittihadi n’est donc pas un inconnu. Aujourd’hui encore, on parle de sa victoire confisquée aux législatives de 1998. « Parce qu’il avait osé se dresser contre l’autorité, dénoncer la spéculation, les ventes illicites de terrains de la ville. Jamal dérangeait, on ne pouvait pas le laisser franchir les portes du Parlement », se souvient ce vieil habitant de Hay Mouahidine
Dans une minuscule petite maison perchée au deuxième étage, une femme sans âge interpelle le ministre-candidat. « Les candidats sont ainsi. Pendant les élections, ils sont tout sucre tout miel, nous accordent du temps. Une fois élus, ils nous oublient. Ils ne nous reçoivent même pas et ne veulent pas entendre parler de nos problèmes. Alors, les promesses de candidat… »
La réponse du candidat usfpéiste ne se fait pas attendre. « Je ne promets rien, sinon ce qui est possible, permis, légal. Les élus de l’USFP ont derrière eux un parti qui contrôle. Vous, citoyens, vous êtes là pour nous contrôler. Je ne suis pas un promoteur immobilier comme la plupart des candidats en lice à Tabriquet et qui se battent pour un 4ème ou 5ème étage en plus. Vous pouvez vous demander pourquoi un ministre se présente aux communales. J’ai choisi de me présenter parce que je veux me battre contre le béton, ces immeubles véritables bidonvilles en hauteur, qui se dressent partout, ces boîtes d’allumettes de 40m2 qui servent de logement, contre les souks vendus à 50 DH le mètre carré par la commune. Salé est une ville-dortoir, toute parcelle est exploitée pour ériger encore plus d’immeubles. Je veux me battre pour que nos enfants, vos enfants aient droit à des espaces verts, des centres de loisirs, des maisons de jeunes. Je veux que les jeunes de Tabriquet ne soient plus condamnés au chômage et à tenir le mur, sans autre horizon, parfois, que la prison de Salé ».
« Votez pour ne pas laisser les chevillards décider à votre place »
Les femmes applaudissent, les jeunes hochent de la tête. « Les jeunes n’ont pas d’espoir. Ils ont des diplômes mais ne trouvent pas de travail », chuchote un jeune homme au fond de la salle. Alors forcément, la drogue est une manière d’oublier, de supporter tous ces jours qui passent, se ressemblent, se ressemblent. Puis il y a ceux qui dérapent, de plus en plus nombreux. Salé, capitale de l’insécurité?
Le ministre candidat explique, encore et encore. Pédagogique et convaincant. « Pour créer de l’emploi, il faut attirer les investissements. Et pour que les investissements choisissent Salé, il faut que la ville soit attractive et sûre. Mais n’oubliez pas qu’un seul quartier industriel existe ici. La commune dirigée par le MP, le PJD et le RNI a préféré faire bâtir des immeubles et faire gagner de l’argent aux promoteurs immobiliers. Ils ont préféré construire des cafés plutôt que des usines. Est-ce que les jeunes slaouis n’ont pas d’autre issue que le café ? ».
A Hay Al Boustane, une autre rencontre chez l’habitant attend la tête de liste ittihadi. Beaucoup de femmes, des femmes qui portent toutes les attentes de leurs gosses, une jeunesse sans repères, sans emploi. «Nos enfants ont des diplômes mais ne travaillent pas. Qu’allez-vous faire pour eux?». Dans toutes les maisons, la question est récurrente. Et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle y est confronté tous les jours depuis sa nomination au gouvernement de Abbas Al Fassi. « Les diplômes, c’est bien mais ce n’est pas suffisant aujourd’hui. Il faut des formations pour s’adapter au marché de l’emploi. Une nouvelle société d’autobus répondant aux normes internationales va bientôt s’installer. Elle est à la recherche d’une centaine de chauffeurs qualifiés qu’elle n’arrive pas à trouver ».
La journée est loin d’être finie. Des rencontres sont encore programmées dans la soirée. Dans la rue, des jeunes viennent saluer Rhmani, Ould derb. Le groupe s’élargit. Des femmes se joignent à la discussion. Une nouvelle rencontre est improvisée. « Peu importe pour qui vous votez, mais l’essentiel c’est de le faire et, surtout en connaissance de cause. En désertant les urnes, en manifestant votre ras-le-bol par la désaffection, dites-vous bien que les chevillards auront toutes les chances de siéger et de décider à votre place. Et là, nous n’aurez plus voix au chapitre, parce que précisément vous n’avez pas voté ». 


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