
La ville a été prise après une vaste offensive éclair lancée par "l'Armée de la Conquête (Jaich al-Fatah)", une coalition formée du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et de groupes rebelles islamistes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le régime de Bachar al-Assad ne contrôle plus dans cette province (nord-ouest), proche de la Turquie, que deux villages chiites, quelques postes militaires et l'aéroport militaire d'Aboul Douhour.
"Le Front Al-Nosra et ses alliés ont pris le contrôle d’Ariha, la dernière ville dans la province d'Idleb, après une offensive éclair", a déclaré le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
La ville à majorité sunnite est tombée "après le retrait d'importantes forces du régime et des combattants du Hezbollah (libanais). Des dizaines de véhicules de l'armée ont été vus se retirant de la ville", selon l'ONG qui dispose d'un large réseau de militants et de sources médicales à travers le pays.
L'offensive qui a conduit à la chute de la ville n'aura duré que quelques heures malgré le grand nombre de forces (pro-régime) qui s'y trouvaient.
Plusieurs milliers de soldats étaient positionnés à Ariha, qui comptait 40.000 habitants avant le début de la guerre civile. Selon M. Abdel Rahmane, des militaires iraniens s'y trouvaient également pour épauler l'armée.
Cette coalition a remporté ces dernières semaines une série de victoires dans la province en prenant sa capitale provinciale, la ville de Jisr al-Choughour et le camp militaire d'al-Mastouma.
Le régime Assad avait déjà subi il y a une semaine une défaite face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui ont conquis la cité antique de Palmyre, l'OSDH affirmant ensuite que l'EI contrôlait désormais la moitié du pays.
Depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, déclenché par la répression d'une contestation populaire avant d'être complexifié par l'intervention d'Al-Qaïda puis de l'EI, le territoire aux mains du régime s'est réduit comme peau de chagrin.
Ce dernier ne contrôlerait plus que 22% du territoire, selon l'OSDH, mais c'est là que vit la majorité de la population.
Selon le géographe français Fabrice Balanche, 10 à 15% de la population vit sur les territoires contrôlés par l'EI, 20 à 25% sur ceux aux mains du Front Al-Nosra et ses alliés, 5 à 10% sous l'autorité des kurdes et 50 à 60% dans des régions gérées par le régime.
Le nord, l'est et le sud du pays sont aux mains des rebelles et des jihadistes. L'armée est partout sur la défensive, à l'exception de Qalamoun, à la frontière avec le Liban, mais ce sont les combattants du Hezbollah qui sont à l'avant-garde.