L’ensemble espagnol, Curro Piñana, le chanteur de musique soufie et arabo-andalouse, Nouredine Tahiri et la jeune chanteuse marocaine Nouaila El Kalai ont uni leurs talents, leurs cultures et leurs instruments pour offrir au public un moment d’exception. Leur performance a plongé l’assistance dans un voyage musical envoûtant, ponctué de rythmes andalous et de textes mystiques.
L’alliance de ces trois voix singulières, accompagnées par leurs ensembles respectifs, a suscité l’enthousiasme du public. En mettant en musique les vers du grand maître soufi Ibn Arabi, ils ont révélé le pouvoir de la musique comme voie de guérison et de transcendance.
Artiste majeur du flamenco contemporain, Curro Piñana (né à Carthagène en 1974) a marqué la soirée par son style vocal intense et habité. Inspiré par l’Interprète des désirs d’Ibn Arabi - lui-même originaire de Murcie -, son premier album "De lo humano y lo divino" illustre parfaitement cette rencontre entre le sacré et l’émotion.
Dans ce concert, créé spécialement pour l’ouverture de cette édition du Festival de Fès et réunissant Pablo Barrionuevo (guitare flamenca), Rocío Pinar (violoncelle) et Alejandro Solano (percussions), Pinana promeut une idée simple et essentielle: sentir et transmettre, par la musique, le langage universel des émotions et des sens.
Formé dès l’enfance par son grand père Antonio Piñana, Curro Piñana s’est imposé sur les scènes espagnoles et internationales, couronné notamment par la prestigieuse "Lámpara Minera" (La Unión, 1998), mais aussi le Melón de Oro (1992), le Sol de Oro (1994) et la Copa Teatro Pavón (1997).
Sa discographie, de Misa Flamenca à l’Antología del Cante Minero - distinguée meilleur enregistrement du Festival Cante de las Minas (2011) et meilleur album flamenco aux Independent Music Awards (2012) - témoigne d’une recherche artistique exigeante, nourrie par l’histoire autant que par l’émotion. Il a également prêté sa voix aux bandes originales d’El infi erno prometido et Bocamina.
Le chanteur de musique soufie et arabo-andalouse, Nouredinne Tahiri, s'est illustré par sa voix puissante et rythmée lors de ce concert célébrant le dialogue des cultures. Tahiri s’est initié depuis son bas âge à la lecture du Coran auprès du cheikh Mekki Benkirane, avant de s’orienter vers le madih et le samaâ dans les grandes zaouïas de la ville. Il y rencontre d’éminents maîtres tels que Moulay Larbi Amraoui, Al Attar ou encore Abdellatif Benmansour.
Sa passion pour ces chants le conduit à fonder en 1994 l’Association Al Bousaïri de madih à Fès, puis en 1999 l’Association Naqchabandiyya, toutes deux dédiées à la sauvegarde et à la transmission de ce patrimoine. Parallèlement, il se perfectionne dans la musique arabo-andalouse en intégrant l’ensemble al-Brihi sous la direction du maître haj Abdelkrim Raïs, puis l’ensemble haj Abdelkrim Raïs dirigé par Mohamed Briouel, avec lequel il se produit lors de concerts mémorables.
Ce concert a été sublimé aussi par la voix douce et limpide à la fois de Nouhaila El Kalai, la jeune révélation de la scène musicale marocaine. Remarquée pour la première fois par le grand public lors de son passage à une émission arabe de découverte de jeunes talents, elle s’est rapidement imposée comme l’une des voix les plus jeunes artistes marocaines pour sa sensibilité, la fraîcheur de son timbre et son aisance scénique.
Dans une déclaration à la presse, Curro Piñana a mis l'accent sur l'importance du Festival de la culture soufie de Fès, un rendez-vous incontournable qui promeut le dialogue interculturel et le partage entre les civilisations, se félicitant de sa participation à l'ouverture de cette 17ème édition.
De son côté, l'artiste Nouhaila El Kalai s'est déclarée "très honorée" de prendre part à l'ouverture du Festival de Fès de la culture soufie aux côtés de grands noms comme Curro Piñana et Nourredine Tahiri, ajoutant que le festival est une vitrine pour promouvoir le patrimoine marocain en l'ouvrant sur les autres cultures.
Initiée par l’Association du Festival de Fès de la culture soufie, cette 17ème édition vise à faire découvrir, ou redécouvrir, au public marocain, la richesse artistique, intellectuelle et spirituelle du soufisme, tout en offrant un espace de dialogue et de rencontre entre les traditions du monde.
Côté artistique, figure une série de concerts et de rituels spirituels mettant en valeur la diversité des traditions soufies à travers le monde, dont une soirée d’ouverture avec le concert "Présence – Hadra" porté par Noureddine Tahiri et Curro Piñana (Maroc/Espagne). Le 20 octobre, le public découvrira Senny Camara (Sénégal).
Chaque soirée offrira ensuite une immersion dans une tradition soufie distincte : Qawwali indien avec Anwar Sabri (19 octobre), Tariqa Qadiriya (20 octobre), Tariqa Charaqawiya (21 octobre), Tariqa Sqaliya (23 octobre), ainsi qu’un hommage aux maîtres andalous avec Mohammed Briouel, Marouane Hajji et Noureddine Tahiri (22 octobre).
Le Parc Jnan Sbil accueillera, le 22 octobre, le concert "Cappella de Ministreres" avec Françoise Atlan et Carles Magraner, suivi du concert "Fès, patrimoine universel : Les grands maîtres de la musique andalouse". Le 23 octobre, un concert dédié à Niccolò Paganini, sous la direction artistique et au violon de Federico Guglielmo, sera présenté en partenariat avec la Fondation Ducci.
Le 24 octobre, le public assistera à la comédie musicale “Boudour Wa Joussour : La huppe et les douze oiseaux”, avant une soirée de clôture le 25 octobre consacrée à une création originale intitulée “La passion d’El Harraq”, en hommage à l’un des grands poètes mystiques du soufisme.
Le programme de cette édition prévoit également plusieurs soirées poétiques et rencontres intellectuelles abordant les liens entre la culture soufie et les enjeux du monde contemporain, tels que l’écologie, la paix intérieure et la coexistence.