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Le chef du gouvernement, un exécutif enfermé dans ses promesses et coupé de son environnement : tel est aujourd’hui le constat amer d’une gouvernance qui peine à transformer ses slogans en résultats concrets. Derrière les discours télévisés de cohésion et de réussite, la réalité demeure implacable : un système de santé à bout de souffle malgré la généralisation de la couverture médicale, un marché de l’emploi en crise malgré les programmes annoncés, et une reconstruction du Haouz qui avance plus vite sur les plateaux TV que sur le terrain.
A ces échecs sociaux s’ajoute une méthode de gouvernance autoritaire, fermée au dialogue avec l’opposition, les syndicats et la société civile, incapable de bâtir des compromis démocratiques durables. Plus grave encore, les fractures territoriales s’aggravent : le fossé se creuse entre le Maroc des métropoles et celui des campagnes, entre les grands projets d’infrastructures et les régions laissées pour compte.
Devant ces faits, une question essentielle s’impose : comment les partis socialistes et progressistes, et à leur tête l’Union socialiste des forces populaires (USFP), peuvent-ils incarner le changement attendu, corriger ces dérives et remettre la barre dans le sens de la justice sociale et de l’équité territoriale ? Car l’enjeu dépasse le simple bilan d’une majorité : il touche à l’avenir de la démocratie marocaine, à la confiance entre citoyens et institutions, et à la capacité du pays à renouer avec une trajectoire de progrès partagé.
Un échec flagrant dans la gestion du social
Avant toute chose, il faut examiner le cœur de la promesse gouvernementale : la dimension sociale. C’est sur ce terrain que le décalage entre discours et réalité apparaît le plus brutal.
La couverture médicale universelle, vantée comme une révolution, reste une illusion. Derrière les 31 millions de bénéficiaires annoncés, le pays souffre d’un déficit de 32.000 médecins et 65.000 infirmiers. Le Maroc compte seulement 7 médecins pour 10.000 habitants, loin des 23 recommandés par l’OMS. Près d’un Marocain sur deux renonce aux soins faute de moyens ou d’accès (HCP, 2023).
Sur le front de l’emploi, la promesse d’un chômage inférieur à 9% s’est transformée en désillusion : 13,1% au niveau national, 35,8% chez les jeunes et 19,9% chez les femmes. En 2023, le pays a perdu 157.000 postes. Les programmes sociaux lancés par le gouvernement, censés dynamiser le marché du travail, se réduisent à des contrats précaires sans lendemain.
Quant à la reconstruction du Haouz, elle est devenue un symbole criant de l’écart entre chiffres et terrain : 51.000 maisons et 300 écoles annoncées, mais des milliers de familles vivent encore sous des tentes.
Une gouvernance fermée au dialogue
Si l’échec social est flagrant, la méthode de gouvernance l’est tout autant. L’absence de dialogue est devenue une constante, accentuant la crise de confiance entre citoyens et institutions.
Le chef du gouvernement agit comme si la majorité parlementaire suffisait à légitimer toutes ses décisions. L’opposition, pourtant force constitutionnelle de proposition et de contrôle, est réduite au silence. Les débats parlementaires se limitent à des réponses convenues, répétitives, sans engagement réel.
Le dialogue social, promis comme une priorité, est aujourd’hui dans l’impasse. Les enseignants mobilisés depuis plus de deux ans, les médecins dénonçant la précarité, et les syndicats réclamant l’application des accords signés témoignent tous d’un pouvoir sourd aux revendications. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a d’ailleurs mis en garde contre l’absence de concertation, qui fragilise toute réforme structurelle.
Des fractures territoriales qui s’aggravent
L’isolement du chef du gouvernement ne se limite pas à son rapport avec les institutions et les syndicats : il se traduit aussi par une incapacité à répondre aux fractures territoriales.
Selon le HCP, la pauvreté monétaire touche près de 20% des zones rurales, et dépasse 25% dans certaines régions montagneuses. Le développement reste concentré dans les grandes villes et les corridors littoraux, laissant à l’écart des provinces entières. Cette inégalité territoriale nourrit un sentiment d’abandon et met en péril la cohésion nationale.
Alors que le discours officiel parle d’«équité» et de «cohésion sociale», la réalité est tout autre : les infrastructures modernes se multiplient dans les métropoles, tandis que les zones rurales manquent encore de routes praticables, de dispensaires équipés et d’écoles accessibles.
Pour une alternative progressiste et démocratique
La faillite du chef du gouvernement n’est pas seulement économique ou sociale: elle est politique. Elle réside dans l’incapacité à ouvrir un espace de dialogue, à reconnaître l’opposition comme acteur institutionnel, à intégrer les syndicats et la société civile dans l’élaboration des réformes. En s’isolant de son environnement, l’exécutif nourrit la défiance et creuse le fossé démocratique.
Face à cet isolement, l’avenir ne peut se construire que par l’émergence d’une alternative claire. Les partis socialistes et progressistes, et à leur tête l’USFP, portent la responsabilité historique d’incarner ce changement. Leur mission est de replacer la justice sociale et l’équité territoriale au cœur du projet national, de réhabiliter le dialogue comme méthode, et de réconcilier les citoyens avec leurs institutions.
L’histoire retiendra moins les promesses non tenues que la capacité des forces progressistes à proposer un chemin crédible vers un Maroc plus juste, plus équitable et plus démocratique.
Trois observations s’imposent enfin :
Le chef du gouvernement intègre dans son analyse des chiffres remontant à 2020, alors même que son investiture date de 2021 et que sa première loi de Finances n’a été adoptée qu’en 2022.
Ses déclarations chiffrées souffrent de discordances flagrantes, sans cohérence avec la réalité vécue, et il suffit de comparer ses propos aux données officielles de Bank Al-Maghrib pour constater les écarts.
En l’écoutant, on a moins l’impression d’entendre un chef du gouvernement rendant compte de sa mission nationale qu’un chef de parti exaltant ses propres réalisations et exploits.
Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l’USFP à Tétouan








