Sur cette «Fontaine en feu », son premier recueil de poésie : M’Hamed Hamrouch réussit l’heureuse jonction entre poésie et pensée


Aziz Baha
Jeudi 18 Mars 2010

Sur cette «Fontaine en feu », son premier recueil de poésie : M’Hamed Hamrouch réussit l’heureuse jonction entre poésie et pensée
Une abondante et intarissable «Fontaine» que celle offerte par l’écrivain et néanmoins confrère M’Hamed Hamrouch. En publiant son premier recueil de poésie (centaine de pages/format moyen), il a ouvert la voie à un interminable souci : se livrer à l’autre. Il était temps d’ailleurs, pour ainsi laisser de l’espace aux autres créations futures.
Il s’agit d’une gerbe ponctuée de joutes fluides et limpides. Une grappe de délicieux verbes qui puisent dans une large culture poétique et littéraire en général. Ce premier travail ne fera pas dans la quantité, ni dans l’abondance et redondance, mais simplement dans le méticuleux, le concis et le précis. Chaque mot a dès lors un sens et une essence. Chaque joute revêt un sémantisme pluriel et une vision profonde. Le tout fait montre d’un passage imprenable entre poésie et pensée, entre imaginaire et raison. Les vrais poètes n’étaient-ils pas des penseurs aussi?
Ce n’est donc point un simple ciseleur de mots confiné dans un terroir, dans une identité, dans une langue, dans une culture, dans une communauté, dans un Etat-nation, ou même un continent, mais un réel être universel qui fait appel à toute l’histoire, mais qui choisit également le timing propice pour opérer un penchant sur cette identité qui n’est pas close et qui est la trace du temps, dirait Abdelkébir Khatibi. De ce voyage aux dédales de mots et de pensées profondes de l’être, Hamrouch sort subitement pour signer une présence dans le temps, dans l’espace, dans la culture et dans le moi collectif. «C’est aujourd’hui que se tendent les cordes de ma harpe ... Oh ! Que s’élève l’hallali ! », laisse-t-il glisser en guise de retour à la vie de «poète maudit ». Et ce n’est absolument pas le journaliste/intellectuel qui a accompagné près de vingt ans les scènes politiques et culturelles marocaines qui pouvait s’en passer ni s’en écarter. M’Hamed Hamrouch est trop présent, il s’extériorise via un verbe à peine voilé : «Je suis l’artisan d’une nouvelle religion. Je prépare de nouveaux miracles», mais aussi une lutte poétique inlassable contre l’ingratitude de tous genres, contre l’hypocrisie.  «Cessez, vagues, de vous abattre sur le rocher de l’ingratitude. Venez apprendre le roucoulement amoureux de la frondaison nubile». Il ne se contente pas de ces vers assez significatifs, mais passe lui-même en exemple dans «Fontaine en feu», lorsqu’il clôt son recueil sur des «hommages»  à ceux qui meublent ses espaces culturel, intime, familial, intellectuel… le poète Hassan Nejmi, le comédien Abdelkebir Regagna, les romanciers regrettés Mohamed Choukri et Mohamed Zefzaf, le journaliste Mohamed El Gahs, l’acteur Mohamed Bastaoui, le chanteur Abdelouhab Doukkali… tous ont eu droit à une pensée de gratitude et de reconnaissance.
Tout au long des cinq chapitres : «Eloge de Mira», «Pèlerinage», «Le Repos du guerrier», «Petites pensées» et «Hommages», le lecteur se retrouvera dans un verbe, un vers, une joute, un poème, une pensée, ou peut-être dans cette manière de penser à voix haute. Dès lors, nous ne pouvons qu’inciter M’Hamed Hamrouch à poursuivre ce beau sentier imprévisible, mais prometteur. Surtout, ne «silence» pas M’Hamed. 


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