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Province de Zouagha-Moulay Yacoub : Des douars à la merci de la soif et de la marginalisation


Abdelali Khallad
Lundi 8 Août 2011

Province de Zouagha-Moulay Yacoub : Des douars à la merci de la soif et de la marginalisation
Parfois on ne peut être que perplexe devant la politique des deux poids deux mesures de l’Etat vis-à-vis du fléau de l’exode rural d’une part, et de la stérilité des stratégies et programmes nationaux due essentiellement à la médiocrité des procédés de mise en œuvre au niveau local d’autre part. Dans la région de Fès, il est encore des douars qui demandent le minimum vital pour leur survie : de l’eau potable pour leurs enfants et leurs têtes de bétail, des accès et des routes convenables, et des services qui respectent leur citoyenneté.
Dans la province de Zouagha-Moulay Yacoub, la commune rurale de Sebaa Rouadi plus précisément dans six de ses douars (Tamrat Laadam, Guerzin, Laasama, Ouled Yaaguoub, Ouled Ali et Bib Errih), 200 ménages, des milliers de têtes de bétail  souffrent, depuis trois ans, d’une constante pénurie des ressources hydriques faute d’approvisionnement régulier par l’ONEP.
 Dans une région riche en ressources hydriques, cinq douars ne s’approvisionnent en eau potable que d’un seul robinet ! Pourtant, les douars des alentours  ont déjà bénéficié d’une opération de branchement à domicile, tandis que les demeures et les projets privés avoisinants sont généreusement alimentés.
Une fontaine avec un seul robinet réalisée au début des années 80 assure encore l’approvisionnement en eau potable des lieux, faisant ainsi subir, au quotidien, à plusieurs centaines de citoyens, rentrant fréquemment bredouilles chez eux de pénibles heures d’attente et d’humiliation.
«Je me déplace quotidiennement loin du douar pour travailler, je ne peux pas demander à ma femme, par respect, de sortir chercher de l’eau, et je ne veux pas du tout obliger mon fils à quitter l’école pour passer la journée à la recherche d’une goutte d’eau : pouvez-vous me trouver une solution s’il vous plait ? Nous avons tous voté oui pour la nouvelle Constitution qui garantit le droit d’accès à l’eau, alors, où est cette eau ? », nous a déclaré un citoyen scandalisé par une fréquente et longue coupure de l’eau potable non sans mettre à l’index le conseil élu et l’Office national de l’eau potable.
Ce dernier affirme déployer des efforts pour assurer l’approvisionnement desdits douars, tout en signalant l’existence d’un projet de branchement des ménages au réseau public toujours en instance faute de financement. D’autre part, les responsables de l’ONEP  ainsi que les autorités locales insistent sur la priorité de créer des associations locales qui se chargeront par la suite de la gestion des projets de distribution de l’eau potable à domicile.
A l’heure où nous mettions sous presse, le fameux robinet manque toujours d’eau, obligeant ainsi le gérant de la fontaine à de longues heures de chômage. Ce dernier, désigné par le président de la commune il y a 15 ans, assure le fonctionnement quotidien de la fontaine et se charge de l’encaissement des droits contre un pourcentage des recettes  trimestrielles. Il est toujours là, sous le soleil, attendant que l’eau coule du fameux robinet, car le pain de ses enfants dépend essentiellement de l’eau censée couler régulièrement.
Certains responsables évoquent des contraintes géographiques qui se dressent devant le projet de branchement des ménages au réseau public, tandis que les citoyens ne comprennent toujours pas pourquoi des douars plus retirés, par rapport à la source Oum Lakhnafer, ont déjà bénéficié du service à domicile. Les protestations vont bon train, l’eau revient et reprend la clé des champs, et le spectre d’une nouvelle marche pacifique à dos d’âne vers le siège de la province pointe le nez.
D’ailleurs, l’eau potable n’est pas le seul souci des habitants des douars Tamrat Laadam, Guerzin , Laasama, Ouled Yaaguoub, Ouled Ali et Bib Errih. Leurs problèmes quotidiens concernent également routes, enseignement, services de santé, services administratifs, entre autres.
« Nous ressentons une sorte de «Hogra» depuis que nos douars ont été annexés à la commune de Sebaa Rouadi suite à la construction du barrage de Sidi Chahed, nos douars sont exclus des programmes et priorités du conseil élu dont le président n’a pas mis le pied chez nous depuis son élection», nous a déclaré un citoyen non sans amertume.
Pourtant, les douars abritent une importante population, les ménages sont groupés, ce qui devrait encourager les responsables à capitaliser ce facteur pour faciliter aux citoyens l’accès aux services de base. Malheureusement, les habitants se plaignent de la faiblesse des structures d’accueil, de l’école qui manque, de l’absence  de blocs sanitaires, du mauvais approvisionnement en eau potable…
«Nous sommes tous conscients de l’intérêt de l’enseignement ; de ce fait nous sommes engagés dans la lutte contre la déperdition scolaire, mais les efforts déployés par le ministère au niveau de nos douars sont toujours en deçà des attentes. Les filles ont besoin de blocs sanitaires pour continuer à fréquenter l’école qui doit être protégée par une muraille et un gardien», nous a confié un parent d’élève.
Quant aux services de santé, ils reflètent un constat entaché par le déficit en ressources matérielles et humaines, absence de médicaments à tel point que les citoyens achètent des seringues chez l’épicier avoisinant le dispensaire où les gens sont mal accueillis et maltraités. De ce fait, ils préfèrent désormais se déplacer vers le centre sanitaire de Sebaa Rouadi où ils sont mieux servis et traités sans être obligés de montrer patte blanche…
Les habitants desdits douars se plaignent également du blocage de leurs permis de construire ainsi que des plans types gratuits, plusieurs dizaines ont soumis des demandes à ce sujet mais sans recevoir de réponse de la part des services compétents. De ce fait, on remarque facilement la propagation de constructions anarchiques,  la dégradation de plusieurs dizaines d’habitations, et l’extension mal organisée des douars. 


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